Mon écoute attentive de Radio-Libertaire s’est poursuivie vaillamment. L’article précédent* a fait l’objet de très nombreuses visites sur ce blog, ce qui montre que le sujet intéresse, mais il est à signaler – ô ingratitude humaine ! – que ce travail, pourtant utile, ne m’a valu aucun remerciement de la part du secrétariat radio, à qui je mâche pourtant le boulot qu’il devrait faire. Un vague secrétaire à je ne sais quoi, du côté de Lyon, s’est même permis une petite bassesse à mon endroit, mais la libre expression ne saurait être perturbée par les jappements des roquets.
Cette fois, je ne suis pas entré dans le détail comme la semaine passée, ce qui aurait conduit à nombre de répétitions. Je me suis contenté de noter le retour de certaines émissions précédemment absentes et la tenue, ou pas, de celles qui n’existent qu’en alternance sur la grille de programmation**.
Lundi 2 décembre : par rapport au lundi précédent, on note le retour de l’émission militante « C’est là que ça se passe », animée par Christophe. Sinon, les mêmes « trous » dans la grille demeurent. Ce qui donne six heures et demie de bande sans fin.
Mardi 3 décembre : La première émission en direct ne commence qu’à 14 h 30, comme le mardi précédent. Après une heure et quart d’émission, RL nous offre deux nouvelles heures de musique en continu.
De 18 h à 19 h 30 : émission « Pas de quartiers » animée par des militants du groupe parisien Louise-Michel (un mardi sur deux). L’invité est Victor Collet, auteur du livre Nanterre, du bidonville à la cité. Bonne émission.
L’émission « Ça booste sous les pavés » n’a pas eu lieu. Cela nous fait donc dix ou onze heures de bande sans fin, selon qu’on fait commencer la programmation à 8 h ou à 9 h. C’est le record pour l’instant.
Mercredi 4 décembre : une heure d’émission seulement entre 9 h 30 et 14 h avec « L’entonnoir ». Bande sans fin le reste du temps. De 14 h à 16 h a lieu « Flemmardise et rêveil mots », l’une des émissions en alternance dans ce créneau horaire. De 16 h à 17 h 30 a lieu « Le Ferré Club ». J’ignore le nom de l’animateur, mais son émission est très bien. De 17 h 30 à 18 h 30, bande sans fin.
De 18 h 30 à 20 h 30, l’émission « Femmes libres » a invité Jacques Lesage de La Haye et Nicole Fontan, pour rendre hommage à ces deux fondateurs de « Ras-les-murs », l’émission née en 1989 et consacrée à la prison, qui a jeté l’éponge récemment, après trente ans d’existence. Au passage, je les remercie d’avoir rappelé à l’antenne mon implication dans des émissions consacrées à l’enfermement entre 1981 et 1988.
Bilan de la journée : six heures trente de bande sans fin.
Jeudi 5 décembre : grande journée de grève qui n’aura eu de toute façon que peu d’impact sur la programmation, celle-ci ne débutant pas avant 12 h 30 ce jour-là, et l’après-midi comportant plusieurs « trous ». A noter que des animateurs sont venus faire le point, de 18 h à 19 h 30, sur ce qui se passait dans la manifestation parisienne. Fini le temps où RL bousculait ses programmes habituels pour proposer des reportages en direct lors de ces journées particulières de grands mouvements sociaux, ce qui est pourtant rendu plus facile avec les moyens techniques d’aujourd’hui.
Vendredi 6 décembre : la grève des transports se poursuit à Paris. Aucun impact sur la matinée de RL puisque de toute façon aucune émission n’est prévue avant 13 h. Finalement, le programme démarre à 14 h 30 avec « Les oreilles libres ». Vers 19 h commence une émission où il est question des Gilets jaunes et qui doit être celle de la Ligue des droits de l’homme, mais sans qu’aucune présentation ne soit faite. Il semble que ce soit un enregistrement.
Samedi 7 décembre : l’émission du secrétaire perpétuel n’a pas eu lieu, comme la semaine précédente. Le royaume déjà fort déserté a perdu jusqu’à son Ubu. Je commence à m’inquiéter…
J’ai écouté avec plaisir une des émissions ayant lieu en alternance entre 19 h et 21 h, « Contre-bande », consacrée au cinéma. « Les jardins d’Orphée », l’émission qu’anime Anita, l’une des plus anciennes animatrices de RL, n’a pas lieu, mais je sais, pour l’écouter régulièrement, qu’elle est de qualité.
Dimanche 8 décembre : alternance d’émissions et de bande sans fin, la grève des transports continuant d’être très suivie en région parisienne.
Quelques réflexions : l’impossibilité de se rendre au studio pour certains animateurs, compte tenu de la grève, a sans doute empêché que quelques émissions aient lieu. Néanmoins, l’auditeur n’aura perçu que peu de différence avec la « programmation » habituelle, tant celle-ci reste marquée par d’interminables heures de musique continue. On se croirait le plus souvent sur France Inter les jours de grève. Peut-être après tout ces heures de bandes sans fin ont-elles pour but de faire croire à l’auditeur que le pays est à l’arrêt, et proche la révolution…
Cette deuxième semaine d’écoute m’aura permis de découvrir quelques émissions de plus, très peu, celles qui ne sont pas hebdomadaires mais qui apparaissent en alternance dans la grille.
Au total, une vingtaine d’émissions me paraissent vraiment tenir la route. J’inclus dans ce nombre celles qui sont techniquement irréprochables et dont les thèmes de prédilection ne me passionnent pas outre mesure mais dont les animateurs semblent parfaitement maîtriser leur sujet.
Pour le reste, je ne vais pas me répéter. Je renvoie à mes réflexions de l’article précédent. Je ne peux que regretter, en conclusion, que RL soit devenue une radio essentiellement musicale, qui n’a finalement pas grand-chose à nous dire si l’on tient compte de tout le temps inutilisé.
Je remercie tous ceux qui ont envoyé des commentaires sur ce blog ou en messages privés. Si j’en ai le courage, ils feront l’objet d’un troisième article.
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* Voir « A l’écoute de Radio-Libertaire (1) ».
** Au sujet de la grille de RL, remercions Sylvie, une lectrice, qui, dans un commentaire du texte précédent, nous a fourni le lien vers celle qui correspond vraiment à la programmation actuelle, la grille figurant sur le site de RL n’étant curieusement pas du tout actualisée, ce qui témoigne, là encore, d’un évident mépris pour l’auditoire. Voici donc le bon lien : Programme Radio-Libertaire.
Il y a pas mal d’années Laurent et moi animions « Y en a pas un sur cent », avec chaque fois un invité anarchiste (organisé ou non). Du coup on recueillait pas mal de témoignages d’auditeurs : étonnant de constater combien en étaient venus aux idées et pratiques anarchistes grâce à Radio libertaire. C’est d’ailleurs mon cas, ainsi que celui de Nicolas du groupe libertaire d’Ivry.
En soi ça n’est pas un problème qu’il y ait des émissions qui ne soient pas animées par des anarchistes, pourvu bien sûr qu’ils n’aillent pas non plus à l’envers de nos idées. Dans ce cas, Radio libertaire est une interface, qui en principe pourrait permettre de faire connaissance avec un mode de fonctionnement libertaire, de constater par exemple la différence entre des chefs et des mandatés. Contrairement à un chef ou un patron, les mandatés doivent rendre des comptes à « la base », tiennent compte des individus, communiquent, coordonnent, ne profitent pas de leur « statut » pour régler des comptes personnels.
Des émissions et animateurs puants, faut pas se mentir, ce n’est pas un problème récent. Jusqu’à un animateur d’émission écolo qui racolait pour une secte. Il est vrai que les mandatés de l’époque n’attendaient pas des semaines pour les prier d’aller faire de la propagande ailleurs.
La vraie différence avec aujourd’hui, comme l’a démontré ton étude, c’était moins ces dérapages que la quasi-absence d’émissions anarchistes. Je me rappelle ces bouffes de Radio libertaire où on faisait connaissance et où ça parlait beaucoup anarchisme, y compris avec ceux qui n’étaient pas libertaires mais voulaient s’informer sur le sujet…
A propos du taux d’écoute actuel : bien sûr on voudrait avoir le plus d’auditeurs possibles, tout comme on voudrait avoir le plus de sympathisants possibles. Mais à condition que ce soit sur la base de nos idées. Si la radio avait gardé « La Pente du carmel », elle avait des chances de siphonner l’auditoire de Radio Courtoisie, et chacun sait que le RN (pour rappel, un animateur s’interrogeait à l’antenne sur la nécessité d’y adhérer « pour défendre nos vraies valeurs »…) remporte plus de succès que l’anarchisme.
Tout comme on aurait sans doute plus d’auditeurs si on passait les derniers tubes du top 50 plutôt de la chanson française de qualité.
Ce n’est pas du « sectarisme », c’est juste ne pas renoncer à ce qu’on est pour des raisons « d’audimat ».
Totalement d’accord sur ce que devrait être le rôle des mandatés pour les oeuvres de la FA ! Radio et autres…
Mais à propos de la radio, le silence de la FA démontre de toute évidence que le contraire est possible !
En tout cas on peut constater que beaucoup de membres de la FA ont réagi à la propagande raciste de « La Pente du carmel », sans attendre que leurs mandatés se décident à communiquer.
Malheureusement, contrairement à ce que prétend ce communiqué tardif, « l’ensemble de l’équipe de La Pente du carmel » n’a PAS été évincée de Radio libertaire. Pire : c’est celui qui a proféré les pires saloperies (« Chez les youp… euh, chez les Juifs », « Pour ces gens-là, du zyklon », « Dufour crématoire », « Prenez un four allemand, c’est les meilleurs, et réglez sur thermostat juif », qui continue à co-animer « Ça urge au bout de la scène » (bonne émission par ailleurs).
Plus positif, malgré la grève Laurent s’est traîné à pied (deux heures de marche…) jusqu’à Radio libertaire, pour parler encore une fois de l’agitation sociale actuelle, toujours d’un point de vue anarchiste :
https://www.anarchiste.info/radio/libertaire/podcast/
Et Christophe en a fait autant dans « C’est là que ça se passe »…
Ce soir l’émission « Ça urge au bout de la scène » (chanson française, les lundis à partir de 21 h) qui, donc, continuait à accueillir l’auteur des blagues citées dans le message précédent, a annoncé son arrêt définitif.
Motif : ils auraient reçu un mail du secrétariat de Radio libertaire leur demandant de se séparer de cet animateur, dont ils se déclarent solidaires : il ne s’agirait que d’un « dérapage », que d’ailleurs « il a reconnu », « il n’est « pas du tout raciste », etc.
Faute avouée (« UN dérapage »…) serait donc totalement pardonnée ? Sauf qu’il ne s’agit pas d’un seul dérapage, les propos racistes étaient la substance même de l’émission depuis des mois, voire des années. Evidemment, ni cet animateur (dont ils donnent le vrai nom à l’antenne !) ni ceux qui le soutiennent ne citent ces « dérapages ».
La blague sur les fours « allemand, c’est les meilleurs », « réglez sur thermostat juif » s’est d’ailleurs faite à trois voix : un autre animateur a ajouté: « ou avec du zyklon » et encore un autre « non, le zyklon c’est pour les chambres à gaz ».
Pour autant je ne pense pas que ces soutiens soient eux-mêmes antisémites. Je crois plutôt à du déni : c’est tellement incroyable que des libertaires, ou se disant proches des libertaires, des gens sympas, souriants, qu’on connaît depuis des années… se livrent régulièrement à une propagande raciste qu’on n’entend même pas sur Radio Courtoisie.
Donc pour entendre cette dernière émission, c’est sur le podcast créé par Nicolas (celui de Radio libertaire est toujours HS, ça va faire plus d’un mois…) :
https://www.anarchiste.info/radio/libertaire/podcast/