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Archive for the ‘05. Mon ami Jean’ Category

Les visites de Zemmour, de Marion Maréchal, puis de Marine Le Pen chez Orban ressemblent davantage à une course à l’échalote qu’à une grande communion. Mais si l’unité, ou plutôt l’unicité de pensée est certaine, le renouveau du fascisme à la française que cela révèle reste cependant très disputé entre eux.
Il est par ailleurs plutôt significatif que pour briguer la direction d’un pays qui a une armée qui intervient sur plusieurs théâtres d’opérations, qui possède l’arme nucléaire et les vecteurs nécessaires (terre, air, mer), nos trois prétendants à incarner ce fascisme français aient besoin d’aller se faire oindre par un Ubu dont la nuisance dépasse à peine son Père-imètre* local.
(* Désolé, c’était obligé !)
Jusqu’à présent, ils n’apparaissent pas autrement que comme de pitoyables histrions qui tentent de surfer sur une vague populaire qui, elle, est réelle et inquiétante. Finalement, leurs répugnantes idées sont celles qu’une partie du public pense et souhaite déjà. Eux, pour l’instant, leur courent derrière. Ce ne sont pas leurs idées qui prennent : ils soufflent sur des braises, certes nauséabondes, mais ils n’ont eu, jusqu’ici, aucune influence délétère !
Par ailleurs, il leur est fréquemment reproché l’absence de réel programme ou expérience.
Reste à voir si cette stratégie de porte-paroles des basses aspirations populaires ne finirait pas hélas par les hisser du second tour au premier.
C’est alors, ou plutôt après, que de propositions de loi en décrets, de textes réglementaires en directives administratives, d’avancées en reculades, de ballons d’essai en arbitraires, l’État fasciste se développera…

Ce qui précède est une sommaire synthèse de discussions diverses. D’aucuns y verront un plaidoyer pour un « vote utile ». La conclusion que j’en tire est plutôt l’urgence de penser en termes de résistance.

Jean Verlinde

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L’éternel Humain

Il y a quelque temps, au cours d’une amicale discussion, je faisais allusion à la guerre entre grosboutiens et petitsboutiens. Un léger désaccord survint sur la paternité de l’anecdote, les uns tenant pour Rabelais, les autres pour Swift (et un autre hésitant entre Onfray ou Corcuff ; mais c’est fini, on lui parle plus).
Par scrupule, j’ai cherché sur la Toile et trouvé, parmi de nombreux autres, un site développant toute l’histoire : Après que son fils se fut égratigné sur le bord de la coquille d’un œuf à la coque, un roi émit un décret rendant obligatoire, soucieux de la sécurité de tous, qu’on ouvrît l’œuf par un bout plutôt que par l’autre. Immédiatement une partie du peuple se révolta contre cette inacceptable atteinte à sa liberté ; ipso facto, une autre partie prit le parti inverse, et le tout dégénéra en une guerre civile entre partisans de l’entame par le gros bout et ceux de l’entame par le petit bout.
Mais je fus grandement récompensé de ma démarche par ce qui suivait : ce site avait un large espace de commentaires dédié aux débats littéraires qui, dès la toute première contribution, devint un champ de bataille enragée entre ceux qui jugent logique, juste, intelligent d’entamer par tel bout ou inversement, allant jusqu’à débattre de la « bonne » taille des mouillettes.
Cette satire est du début du XVIIIe, la même guerre sur le site littéraire a déjà plusieurs années, mais aujourd’hui j’ai bien l’impression…

Jean Verlinde

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Le Premier ministre annonce un prochain retour à la normale.
Ce type, ses collègues, ses conseillers, son entourage, son patron sont d’un aveuglement criminel : c’est quand même cette normalité-là qui nous a mis dans ce désastre écologique et sanitaire !

Jean Verlinde

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Ce que j’ai tenté de cerner et définir dans mes trois précédentes contributions a déjà bien sûr été fait par d’autres, et avec une clarté et un talent incommensurablement plus grand, plus clair, plus efficace.
J’en étais sûr, et je veux donner ici un très admiratif salut à, en particulier, une auteure.
Il s’agit de Fred Vargas* (je ne lis pas de polars mais je sais que son nom et une grande partie de son œuvre sont bien connus et appréciés).
Je me contenterai de donner le lien vers une vidéo, elle aussi très certainement déjà connue, et d’en donner une version à lire. 
(J’ajoute que Fred Vargas a développé le sujet sur 250 pages sous le titre « L’humanité en péril », sous-titré « Virons de bord, toute ! ». On y trouve toutes les informations et connaissances que j’aurais aimé partager, même si nul n’est tenu, à commencer par moi-même, de partager les présupposés, les principes et les illusions de l’auteure.)

Jean Verlinde

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* Fred Vargas, « La troisième révolution ».

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Ce monde, et j’entends bien ici celui qui fut inauguré il y a quelques siècles ; celui que l’appât du gain, l’aveugle désir de plus-value et l’opiniâtre rationalité à exploiter hommes et choses justifient, par leurs irréversibles conséquences marquant la planète, qu’on le définisse comme Capitalocène.
Si l’on ne peut guère (au moins cette fois !) reprocher à Marx un manque de clairvoyance et d’intelligence dans ses analyses et pronostics – datant de plus de 150 ans ! – il est clair aujourd’hui que ce monde est en voie d’effondrement non sous les coups de la lutte des classes et les assauts du prolétariat, mais sous les effets de l’imbécile et criminelle inconséquence du capitalisme.
Est-il dès lors économiquement et politiquement pertinent de continuer à imaginer, espérer, agir selon des modèles, des principes, des valeurs non seulement rendus caduques par les faits et effets de cette impasse devenue abîme. Mais pire ! par ce navrant constat que l’opposition, politique ou populaire, aux directives et initiatives des dirigeants au service du capital partage le même déni de réalité, le même délétère désir d’un retour à la situation antérieure !
Nous sommes incontestablement dans une situation d’urgence alarmante et il serait tentant, voire facile ou rassurant, d’imaginer, d’espérer, d’agir selon d’iréniques ou lénifiants projets. Faire face à l’urgence et aux alarmes avec des réponses ou des projets court-termistes sera vain : quelles que soient la qualité et la modernité des techniques employées, d’innovants canots de sauvetage ne suffiront pas pour ce Titanic (autant continuer de profiter de l’orchestre et du buffet !).
Ce dont il est question, ce qui est nécessaire et vital, c’est de refonder ce qui a été lentement et laborieusement élaboré depuis quasiment Jacques Cœur ! C’est l’idée même, la morale même du progrès, qui n’a de toute façon toujours été qu’une cynique escroquerie.
Il ne s’agit pas non plus d’imaginer, d’espérer, d’agir pour promouvoir (sans même parler de la caricature qu’en ont fait certains complotistes) un hypothétique « Reset ».
Pas plus que les viriles utopies survivalistes pour qui la nature est plus que jamais une ressource, ou (j’aurais presque envie de dire encore moins !) les cul-culissimes (pour ne pas répéter les iréniques ou lénifiants) insurrection des consciences, simplicité volontaire ou sobriété heureuse de Pierre Rabhi et de son colibrisme (voir Wiki).

Jean Verlinde

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À force de productivisme, d’extractivisme, de croissantisme, malgré, depuis Illich, Charbonneau, d’Eaubonne, près de 70 ans d’alerte, l’universelle règle d’or du retour sur investissement est en train prévisiblement et irréversiblement de niquer la planète. 
Déforestation, destruction de la biodiversité, élevages industriels, bouleversements climatiques, surpopulation, pollution à grande échelle de la terre, de l’air, de l’eau, ont déclenché, cette deuxième décennie du troisième millénaire, le premier grand signal d’alarme à l’échelle mondiale : incendies géants, sécheresses, inondations (!), pandémies résistantes et mutantes et durables, régions habitées jusqu’à aujourd’hui qui cessent de l’être…
Et quelles réponses les élites financières et politiques responsables de ce collapsus « en marche » ont-elles trouvé à cette alerte ?
Le retour « coûte que coûte » à « la normale », autrement dit tenter de maintenir l’activité économique, la consommation, le travail…
Égalité dans le grotesque et la perte du sens, la contestation de cette criminelle course à l’abîme se fait au nom de la liberté individuelle qui, quoique fréquemment menacée, harcelée, battue en brèche par les pouvoirs, n’a jamais jusqu’ici été cause et appel à mobilisation. Pourtant, cette fois, alors qu’elle n’a, de près comme de loin, rien à voir avec la situation mais manifeste un désir de retour à la normale aux terrasses et au spectacle, elle est tellement hors de propos qu’il lui faut, pour tenter de prouver une improbable pertinence et trouver une motivation radicale, convoquer le pire de l’Histoire, le pire de nos mémoires, le pire de l’humanité.
Ces deux approches semblent appartenir à des tentatives se faisant écho « en même temps » pour conjurer l’impuissance et l’incapacité de penser à neuf. Deux discours dépourvus de sens et de crédibilité avec lesquels il est vital de rompre.

Jean Verlinde

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Asséner l’horreur et l’immondice indépassable de l’Histoire pour avoir le dernier mot dans un débat pour lequel il ne trouve pas d’argument recevable est une tentation à laquelle aucun esprit aussi peu scrupuleux qu’inintelligent et rien moins que douteux résiste fort mal.
Il est par ailleurs fort difficile de se joindre à lui, sauf à se trouver une cause commune qui justifierait qu’on se souille à ce point.
Les mesures sanitaires prises par le gouvernement en sont-elles ? Gouvernement honni, certes (anarchiste, je n’imagine pas un gouvernement qui ne le soit pas), mais je ne vois ni pertinence ni intelligibilité à amalgamer le conseil de défense sanitaire avec la conférence de Wannsee.
Ces temps que nous traversons correspondent pourtant à une attente et une exigence fondamentales.

La question écologique est apparue publiquement en France dès après 68 (Les Amis de la Terre, La Gueule ouverte, « le journal qui annonce la fin du monde « , candidature Dumont à la présidentielle de 1974…) et ce serait injustice d’oublier Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Ivan Illich qui, plusieurs décennies plus tôt, développèrent une mise en cause rationnelle et radicale du productivisme, de l’extractionnisme et du croissantisme.
Depuis, les choses se sont très drastiquement aggravées. Et inévitablement, puisque la préoccupation des « décideurs », « responsables », « dirigeants », est demeurée le profit. Contre l’homme, contre la planète, contre la raison.


Nous ne sommes plus dans le désir et dans l’attente d’un monde meilleur, plus propre, plus juste ; nous sommes dans l’urgence vitale.
Certains, et je reconnais sans retenue en être, attendaient un choc gravissime, souhaitant qu’ainsi non seulement une prise de conscience, mais une nécessaire rupture, devienne impérative.
Nous y voilà ! Il nous faut bien comprendre que cette rupture doit être  fondamentale, aller au cœur et à la racine de toutes ces choses qui, depuis au moins la fin de la Renaissance, ont construit nôtre monde moderne et contemporain. Considérer toutes choses, régions, êtres, comme des ressources ; passer de la condamnation de la chrématistique (désolé, mais là faudra Wiki) à l’obligation du retour sur investissement ou : comment est-on passé des vertus de l’otium à celle de la nég-otium ! ; réduction de toutes choses à du machinisme…
Ces ruptures, et d’abord ces interrogations, devront aussi porter sur les fondements et applications de nos systèmes de valeurs, systèmes de représentation, système d’évaluation.

Dans un monde à refaire, c’est quoi, c’est comment être responsable, être solidaire, être libre ? C’est quoi le libre arbitre, le principe de précaution ? C’est comment être très exactement révolutionnaire  ? Y compris et d’abord dans le sens copernicien.
Pourtant certains écument les boues et les sanies de l’Histoire pour disqualifier les autres qui  redorent  des valeurs dont les effets délétères sont désormais manifestes.
Il nous faut impérativement interroger nos concepts ; préciser, voire recentrer nos pensées et nos projets ; échanger en toute fécondité…

On pourrait bien reconnaître la légitimité de s’attacher à une vision de l’avenir et l’action pour qu’elle advienne, mais le risque est désormais grand de vouloir maintenir des modèles et des références rendus obsolètes non par le « vent de l’Histoire », mais par l’effondrement d’un monde irréversiblement miné par la cupidité et le cynisme.
C’est très exactement ce que s’acharnent aussi à faire les décideurs, les responsables, les dirigeants.
Les conséquences de ce qui est mis en œuvre depuis quelques siècles en ont fait une impuissante course à l’abîme.

Jean Verlinde

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Les faisans

Toute cette question du consentement m’énerve au plus haut point.
Fort heureusement, une philosophe et psychanalyste, Clotilde Leguil, viens de publier «  Céder n’est pas consentir ».
Nécessaire remarque, indispensable même, tant il faut encore évoluer.
Et pas qu’un peu : dans consentir il y a toujours l’inévitable présence d’une inégalité irréductible entre qui propose et qui accepte (comme dans tout contrat, qu’il soit tacite ou moral).
Il manque encore une notion cependant essentielle fort différente du consentement : le partagé.
Quand l’un ET l’autre ne le souhaitent pas (dans quelque domaine que ce soit d’ailleurs), il n’y a pas à en parler, pas même à le proposer.
On est là dans ce grossier et grotesque refrain où le machisme et la misogynie tentent de se masquer du cynisme mondain : « L’homme propose et la femme dispose ».
Je me souviens avoir assisté à une « danse nuptiale » chez des faisans, et je ne peux me défaire de la certitude que l’évolution est un phénomène très lent. Très !

Jean Verlinde

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Du temps que le poète René Char était résistant et luttait armes à la main contre la barbarie nazie, il notait, pour le déplorer : « Nous vivons des temps qui font de nous des monstres de justice et d’intolérance ; nous sommes devenus des simplicateurs claquemurés… »
On nous somme en permanence de comparer ce qui est comparable (pas d’amalgame !) ; on stigmatise chaque comparaison du point Godwin.
Pourtant, soutenir que la lutte des femmes contre l’ordre barbare du mâle, ses viols, ses meurtres et son oppression quotidienne est comparable au temps qui désespérait – et mobilisait ! – René Char, est-ce si inconvenant que cela ?
Quand bien même le serait-ce, et aussi peu que ce le fût, l’inacceptable hiatus qui sépare les violences concrètes et les procès abstraits faits sur les plateaux et dans les colonnes à celles qui osent cette position finit par faire sonner faux et creux toute tentative d’analyse critique.
Aussi faux, aussi creux, aussi convenu que le spectacle des Césars, aussi faux, aussi creux, aussi convenu que la question de la (pseudo) séparation homme/artiste – alors que si question d’hypocrisie mondaine il y a, c’est celle que l’on vit triompher ce soir-là, de la distance effroyable entre l’artiste (ou l’homme, peu importe) et l’œuvre. Ces grotesques et vulgaires – j’écrirais même volontiers « criminelles » – attitudes se retrouvent quand il s’agit de choisir entre le côté Adèle Haenel ou le côté Lambert Wilson sous l’éclairage clinquant de cette « cérémonie » ou des pages des télémagazines. (Ah ! voir Lambert Wilson donner, sous les faux ors des palais télévisuels, des leçons d’élégance aux victimes qui crient leur douleur et leur indignation !) Mais ce « choix » apparaît dans tout son tragique dans la perspective d’une morgue surchargée d’un nouveau cadavre tous les trois jours, des cloisons nasales, maxillaires et arcades fracassés – par dizaines ? par centaines ? – des survivantes ; des milliers de viols et actes de violence, de vies détruites, de peur et de terreur quotidiennes.
J’ajouterai que ce sont elles les victimes, et je ne reconnais aucune légitimité à leur contester le choix de leurs axes et modes de lutte. La seule question qui vaille est « les soutenir ou non ? ».

Jean Verlinde

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J’ai reçu de mon ami Jean, avec qui nous avons animé ensemble, de 1995 à 1999, l’émission « A rebrousse-poil », sur Radio-Libertaire, cette réflexion qu’il m’a paru plus opportun de publier directement sur le blog plutôt que de le laisser en simple commentaire de mon texte précédent consacré à Radio-Libertaire.

« Où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie. » Écrit il y a quatre cents ans, ce constat ne saurait surprendre ni alors, ni aujourd’hui, ni antérieurement ; d’ailleurs les Grecs, déjà…
Qu’un triste clown épris de domination, imbu de la certitude de son irremplaçabilité et très certainement pétri d’un bon lot de frustrations, s’adonne à cette pitoyable jouissance de l’arbitraire et de l’autoritarisme est dans l’inévitable nature des choses et des humain-e-s.
Que cette navrante constante se manifeste aussi chez les anars ne devrait surprendre que les naïfs qui confondent aspirations et vertu.
Là où la chose, toute prévisible et banale qu’elle est, ne laisse de surprendre, d’indigner et de désespérer réside dans l’incapacité du milieu anar de s’en débarrasser une fois apparue en son sein !
Comment continuer de se présenter en ennemis du pouvoir, de l’injustice ; en défenseurs de l’égalité et de la liberté ? Comment vouer aux poubelles de l’Histoire la tyrannie, le racisme, le révisionnisme en les ignorant pudiquement dans ses propres rangs ?
Non seulement ce pitoyable clown, tout épaté par sa suffisance, tout enivré par cette maudite jouissance humaine est en train de réduire à un verbiage impuissant la proposition libertaire, mais jusqu’ici les anars qui l’entourent semblent y être eux-mêmes acculés.

Jean Verlinde

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