Feeds:
Articles
Commentaires

Archive for the ‘07. Cuba’ Category

Le développement et le succès des sites d’opposition au régime dictatorial ainsi que l’accès des Cubains aux réseaux sociaux inquiètent le régime. Une nouvelle loi répressive va donc voir le jour, qui, sous couvert de résistance au « Grand Satan » américain, selon le catéchisme castriste, pourra condamner tout utilisateur ayant simplement « liké » une publication qui déplaît à la mafia au pouvoir. Le texte ci-dessous a été publié sur l’historique et excellent site d’opposition « 14yMedio ».

_______________

Les députés cubains ont approuvé jeudi dernier la nouvelle loi sur la communication sociale, une réglementation qui a connu jusqu’à trente-quatre versions et qui, dans sa dernière mouture, pénalise formellement la simple interaction des utilisateurs de réseaux sociaux. Au-delà de la criminalisation accrue de la presse indépendante et des journalistes qui la font vivre, tout utilisateur d’Internet se sentira davantage insécurisé lorsque la loi entrera en vigueur.
C’est le chapitre IV, qui traite de la communication sociale dans le cyberespace, qui a subi une modification majeure depuis la publication des premières versions de la loi en juillet 2022. Dans ce chapitre, l’article 51 prévoit que les personnes concernées par la loi (toutes, comme spécifié à l’article 2) devront « répondre des contenus qu’elles génèrent, sélectionnent, modifient, partagent et publient ».

Dans la pratique, il suffira de publier un commentaire ou de réagir favorablement à une publication considérée comme ayant pour objectif « de subvertir l’ordre constitutionnel » ou « d’inciter au terrorisme et à la cyberguerre » pour enfreindre la loi, bien que la peine encourue ne soit pas encore connue. Le régime des sanctions doit encore faire l’objet d’une réglementation, mais le document prévoit déjà qu’elles seront « administratives ou judiciaires », selon les cas.
À ce jour, il y a déjà eu un certain nombre de cas de personnes ayant fait l’objet d’une enquête ou appelées à rendre des comptes, voire même sanctionnées dans le cadre universitaire ou professionnel pour leurs publications sur les réseaux sociaux, mais il n’y avait pas encore de norme spécifique qui en faisait un crime ou un délit.
L’article 51 contient un alinéa non moins inquiétant, qui appelle à « mettre en œuvre et à informer les utilisateurs des procédures d’autorégulation pour éviter les publications qui violent la Constitution, la présente loi et d’autres dispositions réglementaires en la matière », d’où il découle que les citoyens seront également informés de ce qu’ils peuvent ou non partager, approuver ou déplorer sur les réseaux sociaux.
Mercredi dernier, lors du débat préalable à l’approbation de la loi, les députés ont réfléchi à l’importance de promulguer une loi sur la communication qui aille au-delà des médias traditionnels et ne concernant plus les seuls professionnels du domaine de l’information. La députée Rosa Miriam Elizalde a déclaré qu’« un changement anthropologique se produit en raison de l’émergence de nouvelles communautés, avec de nouveaux langages », d’où la nécessité d’une réglementation « qui est même une loi de sécurité nationale, car nous parlons d’une législation nationale qui doit faire face à une infrastructure transnationale ». Dans l’intervention de la députée, on devinait l’intention d’intervenir dans un cyberespace qui échappe à la législation nationale. « Lorsque vous accédez à Facebook, a souligné Mme Elizalde, vous acceptez tout parce que vous voulez communiquer avec votre oncle, avec votre cousin. Vous acceptez une réglementation qui n’est pas nationale, qui de plus n’est pas seulement transnationale, internationale, mais dont les promoteurs se trouvent physiquement quelque part. » Il apparaissait clairement dans ses propos que, ne pouvant agir sur les réseaux eux-mêmes, le nouveau texte juridique était destiné à viser ses utilisateurs.

La plupart des pays se voient contraints d’adapter leurs règles à ce qui se passe sur les réseaux sociaux, en prévoyant de punir les comportements délictueux qui violent certains droits fondamentaux. Dans le cas de Cuba, cependant, on menace de qualifier de délit la diffusion d’une information qui peut être tout à fait vraie mais que le régime considère comme portant atteinte à sa stabilité. Cela criminalisera, on peut le prévoir, la diffusion des protestations, une activité qui a déjà été désignée par la presse officielle et les tribunaux eux-mêmes comme répréhensible, car elle tente de « déstabiliser l’ordre social ». Il pourrait également être considéré comme potentiellement préjudiciable de publier ou de partager des photographies ou des messages révélant des lacunes de l’État (que le régime considère comme visant à « dénigrer la révolution »), comme cela a déjà été le cas pour les hôpitaux, les écoles et d’autres installations en mauvais état. En outre, dans le même sens, il est expressément interdit de « critiquer les hauts fonctionnaires, de diffamer, de calomnier ou d’insulter des personnes, des organes, organismes et entités de l’État, les organisations politiques de masse et sociales du pays ».
Les autorités ont également perdu le contrôle des informations considérées comme des « faits divers ». Les assassinats, meurtres, vols avec violence, féminicides… sont plus que jamais connus de la population grâce à la diffusion réalisée par les réseaux sociaux, une réalité qui a brisé l’image d’un pays modèle en termes de paix sociale, qui existait lorsque la police contenait les statistiques de la criminalité. Ce type de contenu pourra également faire partie de ceux que le régime considère comme contraires aux intérêts de l’État.
Le projet de loi interdit également d’autres comportements internationalement criminalisés, tels que le harcèlement, l’humiliation, le racisme, l’homophobie ou la promotion de discours de haine, bien que cela soit théorique et qu’il reste à voir si son application sera, une fois de plus, arbitraire et motivée par des questions idéologiques.
« C’est le seul moyen de réduire l’asymétrie profonde entre les États-nations et la puissance économique brutale de ces grandes plates-formes, principalement nord-américaines », a déclaré la députée.

____________

Traduction : Floréal Melgar.
Lien d’origine : https://www.14ymedio.com/cuba/responder-sociales-Ley-Comunicacion-Social_0_3538446126.html

Read Full Post »

Marxisme-spiritisme

Si la question « Fidel, es-tu là ? » n’a pas été lancée, conformément au rituel auquel se livrent les illuminés souhaitant entrer en contact avec les morts, on n’en fut toutefois pas loin, ce jeudi 25 mai à La Havane, lors de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire (sic).
Dès l’ouverture de cette réunion retransmise à la télévision cubaine, Esteban Lazo, président du Conseil d’Etat et en l’occurrence animateur principal d’une sorte de séance de marxisme-spiritisme saugrenu, déclarait : « Nous sentons la présence de notre Fidel Castro Ruz invaincu. » Sur l’écran, la caméra se fixa alors sur une chaise vide, censée être celle où se posèrent les fesses glorieuses du « Comandante ».
Après les applaudissements adressés au siège immobile occupé par l’esprit du « Lider Maximo », Esteban Lazo, préposé à l’idolâtrie, affirma que « jamais comme auparavant les enseignements du leader défunt n’avaient été présents comme maintenant dans la vie cubaine ». Quand on sait que l’île mendiante traverse la pire crise économique de son histoire, avec une inflation galopante et un salaire mensuel minimal équivalant au prix d’une boîte de 30 œufs, que les domaines alimentaire, médical et de l’enseignement en particulier connaissent une situation désastreuse, que sur le plan social une répression permanente perdure, il apparaît en effet que l’héritage de Castro est en de bonnes mains. D’ailleurs, nul frémissement ne fit bouger d’un millimètre la chaise sacrée du parlement cubain. Ce silence d’outre-tombe ne vaut-il pas approbation ?

Read Full Post »

Samedi 6 mai vers 19 heures, plusieurs centaines d’habitants de la petite ville de Caimanera, dans la province de Guantánamo, sont sortis dans les rues puis se sont regroupés devant le siège du Parti communiste de la cité aux cris de « Libertad ! », comme on peut l’entendre très nettement sur la vidéo ci-dessous, diffusée par le site « Diario de Cuba ». Cette manifestation avait commencé dans le but de protester contre la pénurie alimentaire qui s’éternise dans l’île et contre la désastreuse situation du système de santé
Encore une fois, la réponse du gouvernement a consisté à envoyer des membres de la Brigade spéciale nationale, connus à Cuba sous le nom de « bérets noirs », qui se sont livrés à une violente répression.
Très vite, le réseau internet avait été coupé afin que les vidéos et photos de cette protestation populaire soient diffusées le moins possible dans l’île. Le régime se souvient, en effet, que le 11 juillet 2021 les images de la manifestation partie de San Antonio de los Baños, une ville de 35.000 habitants située à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de La Havane, avaient été relayées via les réseaux sociaux, ce qui eut pour conséquence d’entraîner des protestations massives dans plus de cinquante villes cubaines.
Les sites d’opposition au régime et de nombreux citoyens qui les relaient font état jusque-là des arrestations de cinq personnes, Yandris Pelier Matos, Felipe Correa Martínez, Rodi Álvarez González, Luis Miguel Alarcón Martínez et Daniel Álvarez González. Mais les nouvelles demeurent difficiles à recueillir, la liaison internet n’étant pas complètement rétablie dans la ville de Caimanera, qui demeure depuis hier soir complètement militarisée.

Read Full Post »

Le 26 mars dernier avaient lieu les élections législatives à Cuba. Le résultat fut comme d’habitude sans surprise, le candidat unique du parti unique ayant été élu dans chaque circonscription.
Ces élections ont toutefois été marquées par une forte progression de l’abstention, ce que même les chiffres officiels – donc falsifiés – confirment.
Le texte ci-dessous, consacré précisément à l’arme essentielle que représente l’abstention, selon son auteur, a été publié le 29 mars dernier sur le blog « Ciudadano cero » (« Citoyen zéro ») par Jeovany Jimenez Vega (1).

_______________

Les chiffres les plus édulcorés fournis par le régime concernant la participation aux dernières élections législatives situent l’abstentionnisme entre 25 et 30 % du corps électoral. Au-delà de la falsification statistique certaine et des mensonges acceptés a priori, la tendance croissante et active à la non-participation au cours des dernières convocations électorales a été frappante, ce qui provoque certainement une forte tension nerveuse au sommet du castrisme.

Si le fait officiellement admis – j’en déduis personnellement que le taux d’abstention réel  tourne autour de 50 %  – qu’un électeur sur quatre refuse de se subordonner a fini par attirer l’attention sur notre évidente colère sociale, imaginez la patate chaude que nous laisserions aux technocrates du Parti communiste si, dans une future farce, nous obtenions l’image d’une majorité de bureaux de vote vides. Un tel paysage laisserait à poil les satrapes avec  leurs méprisables mantras sur la « participation massive comme preuve de la confiance inébranlable du peuple en ses dirigeants » – ce qui impliquerait une acceptation tacite de la part du gouverné de rester soumis au gouvernant alors même que ce dernier s’efforce chaque jour de le maintenir dans la plus insultante pauvreté.
Parce que c’est ce que tu fais, candide Liborio (2), chaque fois que tu assistes à cette clownerie, que tu te rends à ton bureau de vote pour cocher au crayon un bulletin de vote insipide et que, par naïveté ou par inertie, tu le déposes dans l’urne gardée par de gentils pionniers (3), tout en sachant que le décompte final sera inexorablement faussé et que tu auras consenti à participer à cette pantomime sans observateurs extérieurs mis en place par ces mêmes ruffians qui ruinent ton pays.
Maintenant, plusieurs jours après et alors que les baratineurs ont déjà martelé la « nouvelle victoire du peuple », peut-être comprendras-tu une fois pour toutes qu’avec ces gens-là il ne sert à rien de glisser un bulletin nul dans l’urne. Tu te rappelleras que cela a toujours été la même chose : quelqu’un avec un visage anodin et une gomme à la main prononçait ton nom inscrit dans le registre, que tu signais, puis tu allais griffonner – toujours au crayon (4), bien sûr – sur le bulletin de vote que tu rendais nul – tu te souviens avoir écrit « A BAS LA DICTATURE » sur toute la largeur du bulletin – et puis regarde ! voilà qu’à la fin de la journée, comme par magie, le bulletin  finissait toujours par être marqué d’un « OUI » retentissant par ce socialisme lumineux qui continue à nous faire manger des cailloux.
Non, Cubain, avec cette plaie, il n’y a pas de place pour les demi-mesures : s’abstenir complètement et ne pas faire acte de présence sous le douteux chapiteau  de leur cirque est la seule chose qui puisse leur faire du mal dans de telles circonstances ; ce serait la seule façon d’entraver, dans une mesure non négligeable, leur montage cynique. Tu dois savoir que dès que tu entres dans un bureau de vote et que tu signes le registre, tu auras voté « oui » dans les statistiques de la dictature et qu’il ne faut donc pas participer à cette farce, point final. Gonfleront-ils les chiffres de toute façon ? Oui, avec certitude. Oseront-ils falsifier la signature d’un électeur absent ? L’absence de scrupules est, pour faire ça ou même pire, loin de leur faire défaut, d’autant qu’ils agissent en toute impunité. Mais, au moins, ne leur facilitons pas la tâche : face à des centaines ou des milliers de bureaux de vote vides, ils devraient bidouiller davantage et il serait sans doute infiniment plus compliqué pour eux d’accommoder leur ragoût.


Même dans la vingtaine de pays où le vote est légalement obligatoire, il y aura toujours des gens qui préféreront payer l’amende en échange de leur abstention, mais n’oublie jamais, Liborio, qu’à Cuba le vote reste un droit et non une obligation et qu’il n’appartient donc à personne d’autre qu’à toi de l’exercer ; après tout, tu n’as pas grand-chose à perdre.
C’est précisément là que se joue la principale bataille pour la dictature, là où elle gagne ou perd, en nous-mêmes, et je ne dis pas que c’est facile, ni aussi simple qu’il y paraît à première vue. Laissons la naïveté à la catharsis motivationnelle de Facebook, à ceux qui poussent de l’extérieur sans avoir la moindre idée de ce que c’est que de vivre dans un État totalitaire. Non, personne ne dit que c’est facile, mais ce premier pas, j’espère que tu le comprendras, est le seul vraiment essentiel et nécessaire ; une fois la lumière faite, crois-moi, il n’y aura pas de retour en arrière : tu verras ton bourreau devenir de plus en plus petit, non pas parce qu’il sera devenu moins perfide ou moins nuisible, non, mais parce que c’est toi qui auras grandi, et en élevant ta dignité tu ne le contempleras plus à genoux.
Mais ce miracle ne tombe pas du ciel, mon ami, cette renaissance intérieure ne s’obtient qu’après une recherche acharnée de la vérité et une élévation intérieure constante, après une bataille titanesque livrée en toi-même, et lorsque l’éclosion aura eu lieu, lorsque les chakras seront alignés en ce qui concerne ta dignité authentique, tu te sentiras émancipé, tu regarderas la peur dans sa juste dimension émotionnelle mais sans sa capacité paralysante irrationnelle, et cela t’éloignera enfin des mensonges qui ont régi ta vie.
Lorsque tu feras le plein de courage et défieras le mouchard qui ose faire pression sur toi pour que tu votes pour quelque chose en quoi tu ne crois pas ; lorsque tu auras la hardiesse de ne pas céder à la peur que quatre fils de pute ont semée dans tes os ; lorsqu’il te deviendra moralement inacceptable d’agiter des petits drapeaux lors d’un défilé et de marmonner ensuite  tes rancœurs en solitaire, ou d’assister à une réunion où tu sais qu’un délégué te racontera des conneries pour voter en ton nom dans des parlements qui ne décident de rien ; lorsqu’il ne sera plus acceptable pour toi d’applaudir dans l’assemblée avec les mêmes mains que celles qui volent dans ton entreprise et que tu en auras assez de mendier l’aumône, lorsque cette dignité dormante en toi se réveillera et que tu crieras « basta ! Cuba a subi assez d’humiliations ! »  et que tu le feras savoir à ta famille, à ton ami, à ton voisin, ce jour-là, et pas avant, Liborio, nous abandonnerons les défilés et les bureaux de vote de la dictature et nous baiserons les oligarques qui ont tant profité de notre pauvreté. Cet historique coup de massue sera comme un nouveau 11 juillet (5) – et, espérons-le, définitif – que le peuple cubain fera exploser à la face du castrisme.

Jeovany Jimenez Vega

____________

(1) Jeovany Jimenez Vega est un médecin cubain. En 2006, avec l’un de ses collègues, il fut le représentant désigné de trois cents professionnels du secteur de la Santé pour réclamer au ministère dont ils dépendent une révision de leurs salaires. La réaction fut pour lui une interdiction d’exercer sa profession de 2006 à 2012. J’ignore quelle est sa situation actuelle.
(2) Liborio est le nom qui symbolise le peuple de Cuba.
(3) Lors des élections cubaines, des collégiens, filles et garçons en uniforme scolaire appelés pionniers, sont placés de chaque côté des urnes et font une sorte de salut militaire chaque fois qu’un électeur se présente.
(4) A Cuba, les cases à cocher sur les bulletins de vote doivent obligatoirement l’être au crayon et non au stylo-bille.
(5) Le 11 juillet 2021, pour la première fois depuis l’instauration de la dictature, d’importantes manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes cubaines, contre la misère et pour la liberté.

__________

Traduction : Floréal melgar.
Lien d’origine : https://ciudadanocerocuba.wordpress.com/2023/03/29/la-abstencion-una-temible-arma-contra-el-castrismo/

Read Full Post »

Les prisons cubaines ont pu compter huit prisonniers politiques supplémentaires au cours du mois de mars 2023, selon le rapport mensuel de l’association Prisoners Defenders, basée à Madrid et qui répertorie minutieusement les atteintes aux droits humains les plus élémentaires à Cuba.
Ces huit nouveaux prisonniers politiques sont des activistes ayant manifesté, d’une façon ou d’une autre, leur opposition au régime. A cela s’ajoute de nombreuses arrestations de personnes qui tentaient de quitter le pays et qui ont été inculpées et placées en détention provisoire sans protection judiciaire. Plusieurs centaines d’habitants de l’île sont toujours incarcérées à Cuba pour le délit de tentative de « sortie illégale » du pays.
Prisoners Defenders rappelle par ailleurs que sur le gros millier de prisonniers politiques on compte 33 mineurs, parmi lesquels 29 ont été condamnés tandis que 4 autres attendent encore de passer devant un tribunal. Ils sont théoriquement incarcérés dans des prisons pour mineurs, qui sont en réalité des centres à caractère pénitentiaire que le régime castriste nomme par euphémisme  « Ecoles de formation intégrale ».
Quatre des huit prisonniers politiques incarcérés en mars sont des femmes, ce qui porte à 120 leur nombre total.

Read Full Post »

Le cas Heberto Padilla

Depuis quelque temps, il est possible à toute personne comprenant la langue espagnole de visionner, sur la chaîne YouTube, l’enregistrement filmé de l’autocritique à laquelle le poète cubain Heberto Padilla fut contraint de se livrer dans la nuit du 27 au 28 avril 1971 à La Havane.

____________

Retour arrière
Le 16 juin 1961, après trois réunions tenues avec des intellectuels et artistes cubains, Fidel Castro prononçait un discours connu sous le nom de « Paroles aux intellectuels », à la Bibliothèque nationale de La Havane. Au cours de cette rencontre, Virgilio Piñera*, écrivain, poète, dramaturge et traducteur, prit la parole et déclara : « Une peur que nous pourrions qualifier de virtuelle parcourt tous les cercles littéraires et artistiques de La Havane », exprimant par là même l’inquiétude des intellectuels face à la politique culturelle que la révolution cubaine commençait à mettre en place. Au moment de prendre la parole, Fidel Castro sortit son revolver et le plaça, de façon visible par tous, sur la table placée devant lui. Par deux fois, avec une légère modification dans le second cas, il prononça cette phrase restée célèbre : « Dans la Révolution, tout ; contre la Révolution, rien » (puis « Dans la Révolution, tout ; contre la Révolution, aucun droit »).

Heberto Padilla

Je ne sais si Castro s’inspirait par là du célèbre dictateur de la Chine rouge, mais dix-neuf ans plus tôt, en mai 1942, Mao avait fait la même chose avec une centaine d’intellectuels chinois qui furent conviés à exposer leurs « tares » petites-bourgeoises et à dénoncer leurs petits camarades.
Inutile de préciser que l’avertissement ne fut pas lancé à la légère par Castro. Quant à savoir ce qui se situait « dans » la révolution ou « contre » elle, la tâche en fut confiée à la Sécurité d’Etat, la police politique, déjà bien en place et active. Un certain nombre d’écrivains, de poètes, non respectueux des directives castristes en matière de création intellectuelle, payèrent leur désobéissance par la prison, l’exil, la disgrâce, voyant leurs œuvres interdites disparaître des librairies et des bibliothèques. L’un des cas les plus célèbres demeure celui de l’écrivain et poète Reinaldo Arenas, qui connaîtra la prison, les camps de réhabilitation par le travail et enfin l’exil. J’ai par ailleurs déjà évoqué brièvement ici même les cas des poètes Raúl Rivero et Rafael Alcides.

La confession
Heberto Padilla avait 27 ans au moment de la prise de pouvoir de Castro à Cuba, en janvier 1959, et, comme nombre d’écrivains, de poètes et d’artistes, il manifesta son soutien à la révolution. Mais il prit par la suite ses distances et se mit à critiquer l’orientation qu’elle avait prise. Accusé par le régime castriste d’avoir produit des « écrits subversifs », notamment avec son recueil de poèmes Fuera de juego (littéralement « Hors du jeu », mais publié en français sous le titre « Hors-jeu »), il est arrêté le 20 mars 1971 par la Sécurité d’Etat et détenu dans les locaux de la police politique où il est assez aisé de deviner qu’il passa sans aucun doute de très mauvais moments.
Le 28 avril 1971, le quotidien Le Monde publiait un court article indiquant que « le poète Heberto Padilla aurait fait son autocritique en prison ». Il y était précisé que dans sa confession le poète cubain accusait l’agronome René Dumont et le journaliste maoïste K. S. Karol d’être des agents de la CIA, qualifiait les poèmes de son ouvrage Fuera de juego d’« insidieux et provocateurs », et s’accusait entre autres d’avoir « alimenté [son] égocentrisme ».

En réalité, après plus d’un mois passé entre les mains des sbires de la Sécurité d’Etat, Heberto Padilla fut amené à s’exprimer devant un parterre d’intellectuels de l’île, au siège de l’Union nationale des écrivains et artistes de Cuba (UNEAC), en pleine nuit. Fidel Castro avait ordonné que cette séance d’autocritique imposée fût filmée. Il semble que son idée était de diffuser le film auprès de certains médias sud-américains afin que le monde intellectuel de ce continent puisse constater de quoi étaient capables un écrivain ambitieux et ses complices occidentaux pour dénigrer la révolution cubaine. Mais finalement le film demeura dans les placards de la police politique.
C’est à l’occasion de la sortie, à la fin de l’année passée, d’un documentaire du réalisateur Pavel Giroud, « El caso Padilla » (« Le cas Padilla »), qui contient des extraits de la séance filmée des « aveux » du poète cubain – sans qu’on sache comment il se l’est procurée – que la quasi-totalité du film a donc été publiée sur la chaîne YouTube. Le regarder procure un indiscutable malaise. On y voit un homme, en plan fixe, s’accuser de tous les maux, se traîner lui-même dans la boue et en éclabousser certains de ses amis proches et jusqu’à sa propre épouse.

Les réactions
Cette diffusion a aussitôt entraîné, sur les réseaux sociaux et sur les sites cubains d’opposition, d’innombrables articles et commentaires. On passera rapidement sur les jugements péremptoires de ceux qui, n’ayant jamais vécu pareille situation, condamnent sans appel Heberto Padilla, un homme qui manifestement est en train de jouer sa vie à travers cette autocritique imposée. Car bien qu’affirmant s’exprimer sans contrainte, à sa demande, et allant même jusqu’à remercier les « camarades » de la Sécurité d’Etat de lui avoir ouvert les yeux sur l’étendue de ses « crimes », personne ne peut croire à ces foutaises.
Nombre de commentateurs, en revanche, qui se désolent de cet épisode répressif, mettent l’accent sur l’attitude de Padilla durant sa longue intervention. Ils notent, en effet, qu’il adopte le plus souvent la gestuelle et le ton qui étaient ceux de Fidel Castro dans ses interminables discours. Certains en concluent que Padilla**, se sachant filmé, aurait voulu par là même faire comprendre à ceux qui plus tard verraient ces images qu’il n’était pas dupe de ce qu’on lui faisait faire et qu’il allait même jusqu’à se moquer de ses tortionnaires tout en proférant des horreurs auxquelles personne ne croirait.
Ce que l’on peut dire avec certitude, en tout cas, c’est qu’un régime politique qui oblige un intellectuel, ou tout autre individu, à se livrer à une telle abominable séance est un régime détestable.

__________

*  Virgilio Piñera, qui avait manifesté son soutien à la révolution castriste, fut arrêté le 11 octobre 1961 pour délit d’homosexualité. En novembre de cette même année, le magazine culturel auquel il collaborait, Lunes de Revolución, fut interdit de parution. De 1969 jusqu’à sa mort dix ans plus tard, il lui fut interdit de publier.
**  L’affaire Padilla entraîna à l’époque quelques protestations, auprès du régime castriste, d’intellectuels qui avaient auparavant manifesté leur soutien à la révolution cubaine, comme Mario Vargas Llosa, Julio Cortazar ou Jean-Paul Sartre. Les œuvres de ces écrivains furent aussitôt retirées des librairies et bibliothèques cubaines. Après sa confession, Padilla fut assigné à résidence jusqu’en 1980, après quoi il put quitter Cuba pour s’installer aux Etats-Unis où s’étaient déjà exilés son épouse et ses enfants.

Vous trouverez ci-dessous la première partie de la confession filmée.

Read Full Post »

« Essentiellement, les gens croient ce qu’ils souhaitent croire. Ils cultivent leurs illusions par idéalisme – et aussi par cynisme. Ils suivent leurs visions parce qu’ils ont soif de religion – et aussi parce qu’ils y trouvent leur avantage (…). Ils croient parce qu’ils sont bêtes et parce qu’ils sont malins. Simplement, ils croient pour vivre. Et c’est précisément parce qu’ils veulent vivre que parfois ils étrangleraient volontiers quiconque serait assez insensible, cruel et inhumain pour les priver de ces mensonges qui soutiennent leur existence. »
(Simon Leys, « L’humeur, l’honneur, l’horreur »)

____________

En principe, un livre se lit à partir de la première page. J’inviterais bien pourtant le lecteur de Cuba… la patrie et la vie* à commencer par la page 31 où commence le chapitre « Chronique d’un déni », divisé en trois volets répartis jusqu’à la page 47. L’auteur, Francis Mateo, y reproduit ses échanges téléphoniques avec l’éditeur d’un magazine se présentant comme progressiste et œuvrant à améliorer le sort de l’humanité. Chargé d’écrire un article sur la réalité cubaine d’aujourd’hui, il se voit demander par l’éditeur, à plusieurs reprises, de modifier l’état des lieux qu’il dresse, considéré comme trop négatif. Il y a dans ces échanges tout le déni que partage la quasi-totalité des gauches française et internationale au sujet de Cuba, et ils auraient pu constituer un excellent avant-propos à l’ouvrage, pour mettre davantage en valeur le contraste énorme entre les méfaits durables de la propagande et  la réalité des faits que ce livre expose.

Soixante-quatre ans après l’instauration du régime castriste sur l’île, les mêmes clichés, le même radotage, le même catéchisme « révolutionnaire » continuent en effet d’être ânonnés par une foule de fidèles. Francis Mateo, très bon connaisseur de la vie à Cuba, où il s’est rendu à de nombreuses reprises, tord le cou aux propos hors sol tenus depuis des décennies par des militants ou des gogos, pour s’attacher uniquement au triste quotidien des Cubains, hors de toute idéologie.
Chapitre par chapitre, l’auteur évoque les maux et les tares de la société cubaine à travers des cas concrets, en suivant au plus près des habitants de l’île confrontés à des problèmes nombreux et insurmontables : les pénuries permanentes et la cherté de la vie, en premier lieu, qui entraînent nombre de Cubains vers la débrouille et le marché noir, les arnaques et même une délinquance en hausse constante ; la fuite du pays, considérée de plus en plus comme la seule solution à une survie problématique et qui a fait de l’exode cubain, ces dernières années, l’un des plus importants de la planète ; l’état lamentable de l’habitat ; la situation désastreuse des systèmes de santé et de l’enseignement, contrairement aux affirmations devenues mantras que continuent de répéter les thuriféraires du régime et les imbéciles.
Plusieurs chapitres sont consacrés à la répression particulièrement sévère exercée contre les participants – réels ou supposés – aux manifestations des 11 et 12 juillet 2021 dans toute l’île. On lit avec émotion les témoignages très précis sur les circonstances de l’assassinat du jeune chanteur Diubis Laurencio Tejeda, tué d’une balle dans le dos tirée par un policier au cours d’un rassemblement dans une banlieue populaire de La Havane, la Güinera. C’est d’ailleurs de ce quartier que sont originaires nombre de jeunes gens, parmi le gros millier de prisonniers politiques que compte Cuba, condamnés à de longues peines de prison au cours des procès expéditifs qui ont suivi ces manifestations.
Sans nier ou taire les conséquences de l’embargo américain sur l’économie cubaine, Francis Mateo parvient à nous faire comprendre combien celui-ci sert de plus en plus de cache-misère à la dictature et à faire oublier la politique désastreuse de la mafia castriste au pouvoir. Si la situation cubaine ne prête pas à rire, on s’amusera toutefois un peu, à la lecture du chapitre consacré aux visiteurs du mausolée du Che, à Santa Clara, du fait que le nom de Guevara soit désormais lié aux arnaques dont sont victimes les touristes. Cela semble en effet parfaitement résumer l’imposture qui entoure l’histoire de ce fanatique. On pourra constater encore que, dans sa folie répressive, la Sécurité d’Etat, la police politique, a pu être amenée, pour interrogatoire, à convoquer un enfant de 5 ans (!) dont les parents sont Témoins de Jéhovah.
Francis Mateo consacre également plusieurs chapitres à quelques-uns des exilés cubains, aujourd’hui éparpillés de par le monde, de ceux que la dictature a poussés à quitter leur île à force de harcèlement et qui continuent de lutter, chacun à sa façon, dans les pays où ils ont trouvé refuge. On retiendra particulièrement les pages consacrées à Iliana Hernández, cette femme remarquable qui a tenu tête aussi longtemps qu’elle l’a pu à la dictature communiste de l’île. Le livre se termine d’ailleurs par un bel hommage aux femmes cubaines, souvent à la pointe du combat pour la liberté, une liberté confisquée depuis soixante-quatre ans maintenant.
La triste réalité cubaine, qui hélas ne semble pas intéresser les médias de chez nous, continue d’être niée ou travestie par des gens qui l’ignorent ou que le fanatisme de leur idéologie met à l’abri des vérités qui dérangent. L’ouvrage de Francis Mateo est là pour combattre cette ignorance et faire barrage à la propagande et aux mensonges. Sa lecture est essentielle.

__________

* Cuba… la patrie et la vie, de Francis Mateo, VA éditions, 2022.

Read Full Post »

Ce dimanche 26 mars ont lieu des élections législatives à Cuba. Pour l’occasion, Zelandia Pérez, une opposante au régime castriste et membre de la Commission cubaine de défense électorale, a reçu la visite de la police politique, la Sécurité d’Etat, et s’est vu interdire de sortie de son domicile pour la journée. Un officier lui a clairement signifié que si elle tentait de sortir elle serait immédiatement menée au poste de police et poursuivie pour « outrage ». Il y a fort à parier que, comme elle, nombre d’opposants déclarés au régime dictatorial cubain connaîtront le même sort en ce dimanche.
Zelandia Pérez affirme néanmoins que son association exercera son droit citoyen de surveillance du bon déroulement des élections, en compagnie de membres de la plateforme Observateurs des droits électoraux et de l’organisme  Observateurs des processus électoraux.
La seule tricherie d’ores et déjà programmée portera sur le taux de participation, que la dictature a intérêt à gonfler. En dehors de cela, il n’y a pas grand-chose à surveiller, dans la mesure où tout est « ficelé et bien ficelé », comme disait Franco. Pour les 470 sièges à pourvoir, en effet, 470 candidats se présentent, un par circonscription, tous choisis par le pouvoir. C’est dire si le suspense n’est pas franchement haletant.

Read Full Post »

Du 18 au 20 mars 2003, au cours d’une vague de répression connue sous le nom de Printemps noir (« Primavera negra »), la Sécurité d’Etat cubaine, la police politique, arrêtait 75 personnes, dont 29 journalistes, des bibliothécaires, des médecins, des militants des droits de l’homme et des militants pour la démocratie.
Cette opération visait à mettre un terme au développement d’une réelle opposition au régime dictatorial cubain. Le journalisme indépendant commençait en effet à prendre une importance inquiétante pour le pouvoir, là où la seule expression admise depuis quarante ans était celle du Parti communiste. Le poète Raúl Rivero et le journaliste Ricardo González avaient créé la revue indépendante De Cuba, qui connaissait un beau succès, et le lancement à la même époque du projet Varela* avait lui aussi donné quelques sueurs froides à la mafia castriste au pouvoir.
L’arrestation de ces 75 opposants à la dictature se fondait sur la loi n°88, dite « de protection de l’indépendance nationale et de l’économie de Cuba », et qualifiée à juste titre de « loi-bâillon » par la dissidence. Pour maintenir la tradition, qui veut que tout mécontentement en pays dictatorial soit inspiré et encouragé par l’étranger, les opposants furent évidemment accusés d’être à la solde des Etats-Unis.
Les 75 furent condamnés à des peines allant de 6 (pour un seul d’entre eux) à 28 ans de prison, la moyenne se situant entre 20 et 25 ans d’incarcération. Ils seront libérés à partir de 2010, sur intervention notamment de l’Eglise catholique, les deux derniers en 2012. Les journalistes furent contraints, à leur libération, de quitter Cuba. La plupart d’entre eux se réfugièrent en Espagne.

____________

*  Le projet Varela fut une initiative lancée par un opposant au régime castriste, Oswaldo Payá, fondateur du Mouvement chrétien de libération. Ce projet se fondait sur un article de la Constitution cubaine de 1992 permettant aux citoyens de proposer de nouvelles lois à la condition que la demande ait recueilli 10000 signatures. Les promoteurs du projet Varela, prévoyant notamment le droit à la liberté d’expression et la libération des prisonniers politiques, en recueillirent 11200 en 2002, puis 14000 supplémentaires en 2004. Le régime castriste ne donna évidemment aucune suite à ce projet. Parmi les 75 personnes arrêtées lors du « Printemps noir », 25 en avaient été signataires. Son principal instigateur, Oswaldo Payá, devait quant à lui mourir dans un étrange accident de voiture, le 22 juillet 2012.

Read Full Post »

Le 9 mars 2023, on dénombrait 27 féminicides depuis le début de l’année en France, pays de 68 millions d’habitants.
C’est précisément le 9 mars que Elaidy Alonso Arbolaez, une Cubaine de 27 ans, mère d’une fillette de 7 ans et d’un bébé de quelques mois, a été assassinée dans la ville de Trinidad (province de Sancti Spíritus) par un homme qui la harcelait, profitant du séjour en prison de son mari, et qui, devant le refus de cette jeune femme de céder à ses avances, l’a poignardée de quatre coups de couteau.
Avec cet assassinat, cela porte à 18 le nombre de féminicides enregistrés à Cuba (pays de 11 millions d’habitants) depuis le début de l’année.
Sur les sites cubains où s’expriment les journalistes indépendants, le très grave problème des féminicides  fait désormais partie des thèmes régulièrement évoqués, tant leur nombre connaît une inquiétante progression.
Cela fait plusieurs années que cette presse indépendante et des organisations de la société civile mettent l’accent sur cette question, dans le même temps où le régime cubain observait jusque-là un silence quasi complet, seulement interrompu par les déclarations mensongères et triomphalistes de Mariela Castro, fille du dictateur Raúl Castro et directrice du très officiel Centre national d’éducation sexuelle (CENESEX). Cette dame affirmait sans vergogne, en novembre 2020, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence contre la femme, que Cuba était « à l’avant-garde de la lutte internationale pour la non-violence de genre ».

Cette année-là, les plateformes féminines et autres observatoires de genre de la société civile indépendante avaient répertoriés 32 victimes de la violence machiste. Mariela Castro avait déjà asséné, en 2015, cette affirmation tenant peu compte de la réalité mais relevant de la pure propagande : « Nous n’avons pas, par exemple, de féminicides. Car Cuba n’est pas un pays violent, et cela est un effet de la révolution. »
La presse étatique, seule autorisée à paraître sur l’île, a reconnu (en février dernier !) qu’il n’existe pas sur le sujet de statistiques officielles, ni de protocoles et de programmes effectifs. Seul le travail effectué par les organisations regroupant des femmes de la société civile cubaine, relayées par la presse indépendante, ont permis de savoir que 36 féminicides ont été commis en 2021 et 34 en 2022. Pour 2023, on en est à 18, en deux mois et demi, ce qui laisse craindre une forte augmentation.

Read Full Post »

Older Posts »