A l’heure où les femmes viennent de se voir garantir la liberté de procéder à l’interruption volontaire de grossesse, inscrite désormais dans la Constitution, il est bon de rappeler cette page d’histoire qui vit, dès 1935, des libertaires œuvrer à leur manière en faveur de la contraception masculine.
Les 23 et 24 mars 1935, à la demande du groupe libertaire de Bordeaux, Norbert Bartosek*, un médecin anarchiste autrichien, pratique, au domicile du couple Andrée et André Prévotel, eux-mêmes militants libertaires, des vasectomies sur quinze hommes – dont Aristide Lapeyre et André Prévôtel – partisans de la contraception par la stérilisation masculine volontaire.
Les 30 et 31 mars, André Prévôtel est arrêté avec sa compagne Andrée, ainsi qu’Aristide Lapeyre. Louis Harel le sera le 4 avril. Tous sont inculpés de complicité avec le docteur Bartosek. Celui-ci fuit en Belgique, où il est arrêté et extradé vers la France.
Une intense campagne d’opinion est alors coordonnée par le Comité de défense sociale de Bordeaux.
Après l’audience du 30 avril, le tribunal correctionnel de Bordeaux rend son verdict le 2 mai 1936, dans ce que la presse appelle l’« affaire des stérilisés de Bordeaux » ou « affaire Bartosek » : le médecin autrichien est condamné à 3 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour pour « castrations et violences », bien que la loi de 1920 qui réprime la contraception et sa promotion ne mentionne pas la vasectomie. Le tribunal se fonde sur l’article 316 du Code pénal, qui réprime la castration, et l’article 311 qui vise les violences, coups et blessures volontaires, ce qui semble inadapté concernant une stérilisation volontaire.
La cour d’appel se saisit du dossier le 1er juillet. Dans son arrêt du 8 juillet, elle confirme les motifs de la condamnation, mais diminue les peines, ramenant notamment celle de Bartosek à un an ferme, ce qui le fait libérer immédiatement, après 15 mois de détention préventive.
Le 1er juillet 1937, la Chambre criminelle de la Cour de cassation rend un arrêt confirmant celui de la cour d’appel. La vasectomie est assimilée à des coups et blessures faits volontairement, avec préméditation, et « le fait que les victimes auraient consenti aux violences n’est pas exclusif de la préméditation ».
(Source : Wikipédia.)
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* Norbert Bartosek ou Bartozek est né le 11 septembre 1902 à Marienberg (Allemagne).
Docteur anarchiste autrichien, il est le promoteur de la vasectomie dans les milieux libertaires. Son frère, docteur et chef de clinique à Gratz (Autriche), était avec le professeur Scherz l’inventeur d’une nouvelle méthode pour pratiquer la vasectomie (stérilisation masculine).
Les deux frères vont mettre en pratique ce procédé, mais ils sont alors poursuivis par la justice pour « stérilisation non autorisée ». Norbert Bartosek fuit alors l’Autriche en 1932, et se rend en Espagne (où il aurait pratiqué des vasectomies parmi les militants de la CNT). En 1933, il arrive en France, recommandé par des camarades de Solidaridad Obrera. Il trouve refuge à Lyon chez des militants anarchistes. C’est dans ce milieu libertaire et néomalthusien qu’il va poursuivre ses opérations et sa promotion de la vasectomie. Il opère alors en toute discrétion un certain nombre de compagnons (espagnols et italiens pour la plupart), dans l’arrière-salle d’un débit de boisson appartenant à Antoine Lagrange, alors secrétaire de l’Union lyonnaise de la CGT-SR.
Après six mois passés à Lyon, il est ensuite invité par le groupe anarchiste de Bordeaux, où il poursuit son activité médicale clandestine assisté de Louis Harel et d’un ouvrier anarchiste espagnol du nom de Juan Baeza. Bartosek écope de trois ans de prison, Baeza à deux ans (par contumace) et deux de ses co-inculpés, Louis Harel et André Prévotel, de six mois, peines qui seront réduites en appel. Bartosek, libéré après 15 mois de prison, s’installera ensuite en Vendée, à La Faute-sur-Mer, où il continuera à pratiquer des opérations clandestines sur un nombre important de militants.
Il est l’auteur d’une brochure publiée à Bruxelles par Hem Day (stérilisé lui-même par Bartosek), La stérilisation sexuelle, son importance eugénique, médicale, sociale (1937).
(Source : L’Ephéméride anarchiste.)
https://www.ephemanar.net/septembre11.html#bartosek
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