Depuis des années, l’Etat cubain négocie avec d’autres Etats à travers le monde l’envoi de brigades médicales dans des pays où manquent des médecins et où les systèmes de santé et de soin laissent à désirer. Il n’y a évidemment rien d’humanitaire dans cette politique qui relève purement et simplement du commerce international. Il suffit de rappeler que ce commerce de médecins demeure la principale source de revenus pour l’Etat cubain, avant même le tourisme, et que Cuba est un pays dont le système de santé se révèle aujourd’hui défaillant, en particulier à cause du manque de médecins. Cela n’empêche évidemment pas les partisans du régime castriste, communistes, gauchistes imbéciles et autres ignorants se satisfaisant de slogans, de louer ce qu’ils considèrent être un exemple de la grande bonté d’un régime pourtant dictatorial et exploiteur à tout point de vue.
J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer ici même ce que cachait en réalité cette politique d’envoi de médecins cubains à l’étranger, dans un article* que m’avait inspiré une déclaration d’une rare stupidité formulée par l’intellectuel américain Noam Chomsky.
La perversion du régime castriste dans ce domaine se voit encore une fois mise en lumière à travers le cas du Mexique, que vient de révéler l’Institut national mexicain pour la transparence, l’accès à l’information et la protection des données personnelles (INAI). Le gouvernement cubain a empoché en effet 94,4% des salaires du personnel médical envoyé dans ce pays durant la pandémie.
Le texte ci-dessous a été publié sur le site en langue espagnole « Diario de Cuba » le 11 janvier 2024. Qu’en pense Noam Chomsky ?
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L’Institut national pour la transparence, l’accès à l’information et la protection des données personnelles (INAI) a accusé le gouvernement cubain d’avoir empoché 94,4 % des salaires des médecins cubains envoyés sur le territoire mexicain pendant la pandémie, a rapporté l’édition numérique de la station Radio Fórmula.
La mandatée de l’INAI Norma Julieta del Río Venegas a demandé à la Banque du Bien-Etre de faire la lumière sur les paiements des médecins cubains arrivés dans ce pays dans le cadre de la crise sanitaire du Covid-19, car l’organisme autonome confirme que le gouvernement fédéral a versé 10700 dollars (par médecin) à La Havane pour l’embauche de spécialistes de la santé, comme convenu entre les gouvernements de Miguel Díaz-Canel et d’Andrés Manuel López Obrador.
Ce chiffre avait été révélé par le site « Diario de Cuba » en juin 2020, lorsque ses journalistes ont obtenu les détails du contrat signé, avec le feu vert de l’Institut pour la santé et le bien-être (INSABI) et les autorités de la capitale mexicaine. À l’époque, un total de 6.255.792 dollars avait été payé pour le travail de 585 médecins et infirmiers cubains envoyés par La Havane pour faire face à la pandémie. Del Río Venegas a déclaré que « l’INABI s’est déclarée incompétente pour faire connaître les factures générées par ce contrat ».
La mandatée a précisé que les 10.700 dollars (181.900 pesos mexicains) pour chacun des 585 médecins et infirmiers cubains étaient accordés pour trois mois. Del Río Venegas a déclaré que, dans un rapport international sur la question, « il est seulement dit que La Havane leur a donné 600 dollars pour trois mois et que le reste serait couvert par le gouvernement mexicain ». Devant une session plénière de l’INAI, la mandatée a accusé le gouvernement cubain de « garder » 94,4 % du montant qu’il a facturé pour les services de ses médecins au Mexique.
Le régime cubain, qui dépend de plus en plus de l’exportation de professionnels pour obtenir des dollars, a reconnu fin 2023 que l’un de ses objectifs pour la nouvelle année était d’ouvrir de nouveaux marchés pour ses médecins à l’étranger. Au début de cette année, l’ONU a de nouveau épinglé le régime cubain pour les violations persistantes des droits des travailleurs exportés par La Havane, en particulier les médecins envoyés en « missions internationalistes », et a averti que les gouvernements de l’Italie, du Qatar et de l’Espagne pourraient être considérés comme complices de ces mécanismes.
Dans une lettre envoyée à la représentation de l’île au Conseil des droits de l’homme par Tomoya Obokata, rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences, ce dernier a indiqué qu’il continuait à recevoir des accusations relatives à une pratique qu’il qualifie, entre autres violations, de « travail forcé ». Selon ce document, daté du 2 novembre 2023 et diffusé par l’ONG Prisoners Defenders, « les conditions de travail auxquelles seraient soumis des travailleurs de différentes catégories professionnelles pourraient s’apparenter à du travail forcé, selon les indicateurs établis par l’Organisation internationale du travail ». L’expert faisait référence aux signalements adressés à La Havane en 2019 par sa propre équipe de rapporteurs, auxquels le régime a répondu en 2020 en niant toutes ces allégations, pourtant étayées par des centaines de plaintes de Cubains exportés et des copies d’accords et de contrats qui comprennent de nombreuses violations des droits humains fondamentaux.
Aujourd’hui, M. Obokata fait état d’« informations supplémentaires » reçues et souligne : « Je reconnais pleinement la valeur de la coopération cubaine et les contributions qui ont été apportées en termes de soins médicaux dans de nombreux pays à l’échelle internationale. Toutefois, j’ai appris que bon nombre des préoccupations soulevées dans la communication précédente persistent, et je voudrais donc réitérer mon inquiétude quant aux violations présumées des droits fondamentaux, y compris le droit à la vie privée, à la liberté, à la liberté d’expression et d’association, et à la liberté de circulation des professionnels cubains dans les programmes et missions de migration temporaire dans les pays contractants. »
Il a également averti que « les salaires du personnel cubain seraient considérés comme inadéquats, car ils ne permettent pas de mener une vie digne, et sont souvent inférieurs au salaire moyen des travailleurs dans les pays de destination. En outre, la confiscation des passeports se poursuivrait pendant la durée de la mission et le personnel médical cubain serait soumis à un système de couvre-feu dans certains pays ».
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* https://florealanar.wordpress.com/2020/04/25/le-naufrage-de-noam-chomsky/
Traduction : Floréal Melgar.
Lien d’origine : https://diariodecuba.com/cuba/1704968416_52123.html
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