Les dirigeants de France Télévisions, craignant sans doute que je me mette soudainement à peloter les fesses et poitrines des femmes de mon quartier ou de ma voisine de palier, ont décidé de ne plus programmer de films avec Gérard Depardieu.
S’il était avéré que le comédien est bien le porc immonde dont il se plaît à donner le plus souvent une parfaite image, je ne vois pas en quoi il me faudrait subir une punition consistant à me priver d’œuvres artistiques, de constructions de l’esprit, sous prétexte que ce monsieur y joue un rôle, œuvres et rôles qui n’ont par ailleurs rien à voir avec ce qu’on lui reproche. Il y a un certain temps déjà que j’ai cessé d’être un enfant et qu’il m’est insupportable que des personnes, quelles qu’elles soient, se fondant sur un point de vue infantilisant et une morale à géométrie variable, décident pour moi ce que je dois lire, voir ou écouter. Qui sont-ils pour cela et qui peut se réclamer d’une telle hauteur intellectuelle et morale au point de régenter notre rapport au monde, même dans ce qu’il a de pire ?
Avant que n’éclate cette affaire de harcèlement sexuel à profusion, Depardieu me paraissait déjà grandement répugnant par son penchant prononcé à se faire la brosse à reluire de personnages pourtant peu reluisants, tels Castro, Kadyrov ou Poutine. Si le comportement de ce type dans sa vie privée me dégoute au point de ne plus vouloir regarder les films où il apparaît, je suis assez grand pour le décider tout seul. Comme je suis assez grand pour ne plus vouloir lire Céline ou revoir Autant en emporte le vent parce que leur propos heurte mon éthique personnelle, sans pourtant en faire une règle valable pour tous, qui plus est si elle est imposée.
En l’occurrence, la paire de ciseaux ne vaut pas mieux que la paire de couilles.
A côté de tous ces chefs d’Etat, Castro, Kadyrov, Poutine, RaÏssi, Netanyahou… ad libitum, Gégé est un homoncule dans la répugnance et la monstruosité face à tous ces chefs de guerre soutenus et adulés par leurs merdias. Plus facile de ne pas faire apparaître la tête de Depardieu sur les écrans en jouant les « effarouchées » que de ne plus montrer la sale gueule des criminels de guerre des Etats, qui violent et tuent sans discontinuer.