Devant chez moi, à Paris, il y a une grande place rectangulaire, avec quelques bancs. Un jour, sur l’un de ces bancs, le plus proche de ma fenêtre, trois jeunes gars étaient assis côte à côte, en train de discuter. Arrive un groupe de six ou sept policiers, qui se dirigent vers ce banc et se placent devant et derrière les jeunes gens. Je n’entendais pas ce qui se disait, mais manifestement les flics se livraient à un contrôle d’identité car je vis les jeunes sortir leurs papiers et les tendre aux flics. Puis ces derniers les firent se lever et leur demandèrent de vider leurs poches de vestes et de pantalons, ce que firent les trois gars avec une lenteur exceptionnelle. Manifestement, il n’y avait pas, dans tout ce qui s’étalait alors sur le banc, de quoi satisfaire l’appétit répressif des flics, qui s’en allèrent. Je vis alors les trois gars remettre les objets dans leurs poches et se rasseoir sur le banc, où ils continuèrent de discuter.
Vingt minutes plus tard, ils étaient toujours là quand les mêmes flics revinrent vers eux et les obligèrent à refaire la même chose : papiers d’identité et poches vidées. Avec toujours le même résultat. A chaque fois, les trois jeunes gars sont restés d’un calme étonnant, comme si c’était une sorte de routine. Je me demande ce qui se serait passé si l’un des jeunes s’était un peu énervé, et il y avait de quoi…
Un autre jour, quatre flics traînaient leurs carcasses dans le quartier. Ils interpellent un jeune homme et, là encore, se livrent à un contrôle d’identité. Le jeune homme leur tend ses papiers. L’un des flics ordonne alors au gars de s’asseoir par terre, à même le trottoir. Le gars refuse. Deux flics le chopent aussitôt et le mettent par terre, assis. Mais ce n’était manifestement pas suffisant pour eux. L’un des flics, un baraqué, se baisse et tire le jeune homme par sa veste jusqu’à le faire glisser, toujours en position assise, jusque dans le caniveau. Heureusement, les gens autour sont intervenus et les flics ont laissé tomber.
Dans ces deux histoires, il n’y a pas eu mort d’homme, comme on dit, mais voilà simplement comment s’autorisent à se comporter de vaillants gardiens des valeurs républicaines. Des anecdotes de ce genre, il y en a à la pelle, sans que rien ne puisse être fait contre cela. Pour déranger la police des polices, il faut que ça dérape. Le mépris et le comportement odieux ordinaire, c’est d’un banal.
+1
Hélas, il y a celles et ceux qui veulent rester ignorants et qui ne veulent pas ces humiliations quotidiennes que subissent les jeunes. Oui, il y a discrimination, rien n’a été fait dans les grandes cités ou dans les villes pour réduire ces inégalités sociales, suppression des inégalités sociales ! Les individus qui soutiennent ce racisme quotidien ne sont pas des moutons car les moutons bêlent, mais ils sont des brutes épaisses, des futurs collaborateurs à l’ ordre établi !