Aujourd’hui : Alexander Jesús Figueredo Izaguirre, Alexander Pupo Casas et Manuel Guerra.
L’interdiction professionnelle fait partie de l’imposant arsenal répressif cubain. Il en va ainsi, entre autres, pour les membres du personnel médical, employés de l’Etat, ce qui ne va pas sans risque quand l’envie vient à l’un d’eux de s’exprimer librement.
Le médecin Alexander Jesús Figueredo Izaguirre, de la ville de Bayamo (province de Granma), vient ainsi de se voir inhabilité à exercer sa profession après les propos critiques qu’il a tenus envers le régime. Dans la notification officielle signée par le ministre cubain de la Santé, il lui est signifié que ses propos ont causé « un dommage moral » à l’image du secteur de la santé de l’île « en évoquant des carences existantes et en montrant une attitude contraire aux principes éthiques dans ce secteur ». Le texte indique également que les affirmations du médecin peuvent constituer un délit et lui valoir des poursuites pénales.
« Je n’ai commis aucune violation du serment d’Hippocrate. Je me suis seulement déclaré anticommuniste et ennemi de toutes les injustices qui sont commises ici, non seulement dans le système de santé, mais partout, et que nous voulions un changement, a-t-il répondu à ces accusations. Mais ils ont opté pour la répression. Ils se sentent maîtres de chaque citoyen. Comme nous n’avons aucun droit d’expression, aucune liberté de pensée, nous sommes leurs esclaves, et ils nous traitent comme tels. Si un esclave se lève, alors ils optent pour les punitions. »
Face à cette situation, le jeune médecin, pour qui il est désormais impossible d’exercer son métier à Cuba, a annoncé qu’il prendrait lui aussi le chemin de l’exil.
En décembre 2020, c’est un autre médecin, Alexander Raúl Pupo Casas, qui fut contraint lui aussi de cesser son activité à l’hôpital Ernesto-Guevara de Las Tunas, pour avoir tenu des propos critiques envers le régime sur les réseaux sociaux. Averti en septembre qu’il pouvait perdre son travail, il n’en avait pas moins continué à s’exprimer. « Combien de temps allons-nous continuer à baisser la tête juste pour pouvoir partir en mission médicale ou garder notre emploi ? C’est une honte, chers collègues, c’est une honte que nous permettions ce qui nous arrive », écrivait-il en octobre 2020. Privé de travail, il avait demandé à pouvoir poursuivre ses études en neurochirurgie, mais cela lui a été refusé.
En octobre dernier, c’était au tour de Manuel Guerra, médecin à l’hôpital Nicodemus-Regalado-León de la ville de Calixto García, d’être expulsé de son poste de travail. Il était signataire de l’appel pour la marche civique pour le changement prévue à Holguín le 15 novembre et interdite par le régime.
« Il semble que la force du parti (…) ait déjà eu un effet dans le domaine de la santé publique municipale. Ils me retirent mon travail, et si je veux continuer à travailler, je suis à leur merci, à l’endroit où ils voudront m’envoyer, a-t-il déclaré. Je suis ici depuis deux ans et demi avec d’excellents résultats dans mon évaluation, comme ils peuvent en témoigner. Mais bien sûr, c’était avant que je m’exprime ouvertement contre la dictature castriste et que je m’oppose à tout ce que font ses sbires. Ce qu’ils veulent, c’est que je quitte le pays. Ils m’ont dit que je devais partir, que je n’ai plus rien à faire ici. Je suis écœuré par ces gens, je n’en peux vraiment plus. Combien de temps allons-nous supporter que ces mafieux fassent ce qu’ils veulent ? Combien de temps allons-nous supporter tant d’injustice ? »
Laisser un commentaire