Quand Radio-Libertaire est née, et durant toute la période où nous fûmes peu nombreux à l’antenne, nous avions décidé, dès la fin de l’indicatif de la station, Le Temps des cerises joué à l’orgue de Barbarie, de lire un texte de Boris Vian qui déjà en son temps combattait le monopole d’Etat en matière de radiodiffusion. C’est Gérard Caramaro qui se chargeait chaque soir de sa lecture, après quoi nous lancions invariablement la chanson dynamique Antonio el Camborio, d’après un poème de Federico García Lorca mis en musique par Mikis Theodorakis et chanté par Maria Farantouri.
Voici le texte de Boris Vian et la chanson.
____________
« Question insidieuse : Pourquoi ne pas réserver l’usage exclusif de cette invention admirable, l’imprimerie, à la confection et à la publication du Journal officiel ?
Qui ferait cette proposition en séance plénière de la Chambre des députés, outre qu’il récolterait un certain nombre de voix, serait assuré de bénéficier d’un précédent assez remarquable. Car il existe en France un organisme qui s’est approprié avec une absence de vergogne parfaitement délicieuse le monopole d’une invention dont l’importance est, au XXe siècle, plus grande encore que celle de l’imprimerie. Cet organisme, la Radiodiffusion française, est une branche annexe de ce corps vague appelé État qui revêt les apparences d’un fromage de gruyère géant dont on distribue les trous au public, et la matière aux rats censés représenter ledit public au sein du fromage en question. »
(Boris Vian, En avant la zizique)
Laisser un commentaire