Quel degré de connerie épaisse faut-il avoir atteint pour oser brandir pareille pancarte ? Et à quel abandon de toute dignité faut-il être parvenu pour accepter de côtoyer dans une manifestation des gens qui s’affichent ainsi ?
Comme l’écrit Claude Guillon dans l’un de ses textes* : « Celles et ceux qui ont choisi de ne pas se faire vacciner ne risquent pas d’être raflé·e·s, déporté·e·s et exterminé·e·s. Tout au plus risquent-ils de finir leur existence dans un service de réanimation, aux frais du contribuable, en contribuant à l’épuisement du personnel soignant. On aimerait qu’ils aient la décence d’éviter de nous pomper l’oxygène dès maintenant ! »
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* Claude Guillon, « Cessez d’utiliser le génocide commis par les Nazis pour critiquer n’importe quelle mesure autoritaire ! » (blogue « Lignes de force »).
Au bout de l’abjection
18 juillet 2021 par Floréal
Bien d’accord, Flo, ils sont odieux, c’est intolérable, y compris d’accepter de co-manifester dans ces conditions, je partage aussi entièrement le billet de Claude Guillon sur ce point. Bises. Claire.
La réductio ad hitlerum, maintenant appelée loi – ou point – de Godwin, ne démontre jamais qu’une seule chose : l’absence ABSOLUE d’arguments autres que l’imbécillité haineuse de son auteur.
J’ai ainsi entendu, dans un débat : ”La liberté d’expression c’est l’autogestion des camps de concentration. »
Il en est de même pour l’inévitable et désormais banal « Gaza est un camp de concentration à ciel ouvert”. Compte tenu de la politique extérieure d’un État réputé juif, c’est aussi la manifestation d’une malignité qui a cessé de flirter avec l’antisémitisme pour l’épouser.
Il en est de même ici, cette fois doublé de révisionnisme…
Reste toujours la même question : Pourquoi l’indigence et la paresse de la pensée mènent inévitablement à cette « quasi universelle » saloperie ?
Bien évidemment, la mise en parallèle des mesures macroniennes sur le passe sanitaire et le génocide hitlérien est largement excessive. Et l’image qui confond l’entrée d’un camp de concentration au passe sanitaire est indécent. Ceci dit, « tout ce qui est excessif est insignifiant. » comme disait Talleyrand. C’est entendu. Mais de là à refuser de « côtoyer dans une manifestation des gens qui s’affichent ainsi » il y a loin.
Tout d’abord si l’on se bat pour une cause et non pas pour se faire valoir dans le camp du bien, il faut faire des ajustements. Et je ne crois pas qu’à une certaine époque défiler avec des staliniens qui ont nié l’existence des camps de concentrations en URSS pendant des décennies soit moins gênant. Ces derniers en plus y croyaient et militaient pour un tel régime. Ne parlons pas des trotskistes (Trotsky, bourreau de Cronstadt et de bien d’autres massacres). Bref, penser névrotiquement à se préserver de toute souillure provoquée par la présence d’imbéciles dans une manifestation revient à rester dans sa tour d’ivoire, imbu de sa pureté immaculée.
Ce n’est pas un hasard si on trouve Guillon (dont j’ai cessé depuis longtemps de lire la prose tant elle a sombré) sur ces positions. Dans sa citation tout y est : écriture inclusive, ceuxetcelles, … et, au-delà de la forme, il nous sert la soupe des vaccinophiles. L’ « épuisement du personnel soignant » ? Oublie-t-il qu’il y a un nombre non négligeable de ceux-ci qui se refusent au vaccin ? Ne nous « pompe-t-il pas l’oxygène » lui-même à nous remettre sur le tapis les sempiternels « frais du contribuable » ?
Quelle indécence à rester à la maison alors que les gens se révoltent contre la politique autoritaire de la macronaille. Va-t-il attendre le temps béni de la révolte consciente quand toussétoutes seront unis sur ses positions ? Ne voit-il pas qu’ « ils ne se révolteront que lorsqu’ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu’après s’être révoltés » ( George Orwell1984 )
Il y a beaucoup trop de volupté à se sentir du coté de la « juste lutte », comme disaient les gauchistes de l’époque. Ou dans le « politiquement correct », comme disent les woke aujourd’hui.
Non, « la mise en parallèle des mesures macroniennes sur le passe sanitaire et le génocide hitlérien » n’est pas « largement excessive », elle est abjecte, dégueulasse.
Quant à la fréquentation des crétins ou canailles dans les manifestations, c’est à chacun d’en juger. Quand « la liberté guidant le peuple » est représentée par Dupont-Aignan et Florian Philippot, suivis de près par Lalanne et Bigard, on est en droit de préférer son lit douillet ou ce qu’on voudra, sans qu’il soit question de « pureté immaculée » et de « tour d’ivoire », autant de termes inappropriés ici dans la mesure où il faudrait connaître mon parcours, mais je n’ai nullement l’intention de raconter ma vie.
Quant à Claude Guillon, son recours à l’écriture inclusive – que je n’utilise jamais – le regarde. L’ayant cité, je me dois de reproduire ses écrits tels qu’ils apparaissent sur son blog. Que tu ne l’apprécies guère est évidemment ton droit, et j’ignore à quoi tu fais allusion en évoquant son « naufrage », mais pour ma part je lis certains de ses écrits avec intérêt et il me plaît de le citer quand je partage assez largement son point de vue. Par ailleurs, il est assez grand pour se défendre des reproches qu’on lui adresse, mais laisser entendre qu’il reste dans l’attente du « temps béni de la révolte consciente » pour bouger un peu est assez cocasse quand on sait précisément qu’il a salement morflé lors d’une manifestation.
J’espère que tu n’es pas trop sérieux lorsque tu écris que « les gens se révoltent contre la politique autoritaire de la macronaille ». Les raisons de protester contre les saloperies de Macron et sa bande furent légion avant cette histoire de pandémie. Il semble que parmi tous les droits menacés, celui du « droit au bistrot » soit davantage mobilisateur que les autres. Pourquoi pas ? Mais sans moi. La défense de la liberté (d’expression ou autres) me semble décidément bien malade elle aussi.
Toujours cette épuisante injonction « choisis ton camp ! ». Es-tu de droite ou de gauche ? Révolutionnaire ou réformiste ? Trotskiste ou stalinien ? Poire ou fromage ? Féministe ou violeur ? Durutte ou Guillon ?
De qui fais-tu le jeu ?
N’oublions jamais que, pas après pas, le commencement ignore tout de la fin, et que, non le prix mais la condition de la liberté, de l’honnêteté et de l’intelligence est de savoir, vouloir, annoncer que partager un chemin – ou plutôt un cheminement – exige qu’à tout moment on sache s’en détourner dans la liberté et le respect réciproques.
Et quand, dès le début, il n’y a ni respect ni réciprocité, ben c’est simple : c’est pas quel camp mais « Sans moi ! ».
Permets-moi encore quelques phrases de commentaire.
Je ne connais pas la biographie de Guillon ni la tienne. Mais… tu ne connais pas la mienne non plus.
« on est en droit de préférer son lit douillet ou ce qu’on voudra, sans qu’il soit question de « pureté immaculée » et de « tour d’ivoire » ». Pour moi, oui, c’est clair et c’est le fond du problème ! C’est la différence entre nous.
Ce qui me gênait avec les GJ, c’était d’entendre des ragots et des discours stupides. Ça ne m’a pas empêché d’aller apporter d’autres discours, critiquer et refuser certaines pratiques (quand la discussion était possible – la critique du mouvement des GJ reste à faire !), etc.
« Il semble que parmi tous les droits menacés, celui du « droit au bistrot » soit davantage mobilisateur que les autres. » dis-tu. La caricature est grosse. Et les exemples des imbécillités sont toujours les mêmes ; que ça vienne des macronistes ou d’autres cotés. En réduisant toujours un mouvement à un flot d’imbécillités bien sélectionnées on le disqualifie mais on ne fait pas face à la réalité, qui « a la tête dure », on ne fait que lui tourner le dos.
Il faut aller voir pour constater qu’il ne s’agit aucunement de « droit au bistrot » (contre lequel je n’ai rien d’ailleurs). J’ai aussi rencontré des infirmières et des aides soignantes. Allez donc savoir pourquoi elles viennent ! Et bien d’autres qui n’étaient pas des piliers de bistrot.
Ceux qui disent des conneries existent bel et bien ; on se joint à la révolte (retour à la phrase d’Orwell) ou bien on « reste au lit ». Libre à chacun …bien entendu. Faut être libéral…
Ne pas connaître la biographie de Guillon et la mienne ne t’a pas empêché de caricaturer sa position et la mienne, des types qui restent chez eux de manière générale, alors que c’est faux. Je ne connais pas la tienne non plus, c’est pourquoi je n’ai à aucun moment parlé de toi.
Si le mouvement que tu sembles soutenir à autre chose à dire que le flot d’imbécillités et de saloperies qui apparaît sur les pancartes, je veux bien, mais je n’ai rien trouvé jusque-là.
L’argument des infirmières et aides-soignantes manifestant contre « la dictature » me paraît très faible. On peut fort bien exercer ces professions et être très bête. Par ailleurs, un très grand nombre d’infirmières et d’aides-soignantes sont « vaccinophiles ».
« on se joint à la révolte ou bien on « reste au lit » ». C’est évidemment une image. J’ai passé mon samedi à essayer de joindre des amis cubains et à traduire des textes depuis ma tour d’ivoire, si tu veux tout savoir. Tu me permettras quand même de choisir ma révolte. Je te laisse volontiers celle-ci.
Cordialement. J’arrête là.
Une remarque importante quand même que tu publieras ou pas : je ne caricature pas ta position, je la CRITIQUE. Je ne te critique pas TOI, mais TES positions. Je n’ai pas dit que tu restais au lit, c’est TOI qui en as parlé, je n’ai fait que reprendre. Je n’ai jamais dit que toi ou Guillon ne faisaient rien, seulement que vous ne participez pas à ce mouvement populaire. Je critique vos positions face à ce mouvement que vous caricaturez complètement.
Macron, la gauche, la droite, les médias, tous en font autant. De quelque coté qu’on se tourne on n’entend jamais autre chose que le discours « vaccinophile » et favorable au passe sanitaire.
Par contre, quand tu dis « On peut fort bien exercer ces professions et être très bête » tu désignes des gens et pas les idées qu’ils défendent. Ce que, contrairement à ce que tu dis, je n’ai pas fait. Je ne dis pas qu’elles sont intelligentes, je dis qu’elles défendent courageusement des positions sensées.
Ceci dit, chacun fait ce qu’il veut de son temps. Comme tu le dis.
Que ces personnes soignantes réagissent de manière extrême en ne supportant plus l’injonction après avoir été traumatisées, portées aux nues par les médias et la population et aussitôt oubliées, c’est tout sauf un détail, c’est grave. Que des populistes se ruent sur cette souffrance pour en faire un discours « de bon sens », une autre ; des vaccins obligatoires dépendait aussi l’exercice de ces métiers avant le Covid, c’est ce qui est sensé, logique et éthique mais ce n’est pas une raison, pour les discours démagogiques, d’oublier des étapes et comment a été imposé, par exemple, l’astrazeneca aux soignants puis aux plus âgés quand il était jugé trop dangereux pour les jeunes, et là, pas de manifestation possible des plus âgés ou comorbides, pourquoi, on sait pas où étaient les porteurs de voix à ce moment, mystère… Pas de gloire à récupérer et manipuler la souffrance, là ? Pas de profit à tirer de l’innommable puisque pas nommé tel par les concernés qui sans voix, se taisant, seraient lâches ou bien ? Pas utile, là, l’absence de scrupule et de mémoire ?
Le courage. Médecine de guerre, oui, à ce moment de la crise. Quoi. encore de l’héroïsme, même si des solutions autres que le tri, après la panique, sont possibles maintenant ? Non ? Encore le tri, la peur ? Cynisme. Et donc, si c’est ça le discours de raison à retenir, ceux qui auraient alors peur d’aller se faire soigner ne seraient donc pas non plus à juger comme des crétins qui ne veulent pas de soins de manière irrationnelle alors qu’ils sont vaccinés, mais des personnes également sensées libres de leur temps et de leur santé puisqu’il ne faut pas juger les gens mais les idées ? Chacun fait ce qu’il veut ou peut de son temps ? D’avril 2021 à maintenant, il faut apprendre à compter jusqu’à combien pour savoir ce qui a changé, qui a des raisons ou non d’avoir peur ? C’est un concours ? Et c’est pour qui le gros lot ?
Pas compris grand chose à ce message. Ça dépasse mes capacités d’entendement.
Mais un mot sur la (médecine de) guerre. Quand on dit qu’on est en guerre (comme Macron l’a dit) il n’y a plus que deux choix possibles. On est avec lui ou sinon on est un traitre (à quoi ? à qui ?) c’est donc bien commode. Plus de débat possible. Et on le voit bien dans la TV publique. Aucune place pour autre chose que la propagande du gouvernement !
AD
Je vais ironiser un peu, mais que la télé publique soit devenue un instrument de propagande du régime en place, sur le sujet de la pandémie comme sur tous les autres, personne ne s’en était aperçu… (humour).
Fort heureusement (sic), il n’y a pas que les médias d’Etat. Et dans l’ensemble, quand même, on nous a beaucoup moins vus et entendus, toi et moi, que Lalanne, Bigard, Dupont-Aignan, Philippot et autres ennemis de la dictature dans l’ensemble desdits médias.
Évidemment tu feins de croire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. La désinformation a été pire qu’avec les GJ par exemple dont on a (mal) relayé – mais quand même relayé – les manifestations. L’idéal totalitaire progresse. Mais bon, on peut tourner la tête pour ne pas voir.
Pour ce qui est des « autres médias » tu as l’air bien renseigné. Il est tombé dans mon oreille que MÊME SUR CNEWS la totalité des intervenants se déclarent pro vaccination EN COMMENÇANT LEUR INTERVENTION (car le parti contre la vaccination est médiatiquement irrecevable quasiment PARTOUT) … même s’ils sont contre le pass sanitaire pour des raisons de libertés publiques.
Sur ce, j’éteins l’ordi pour aujourd’hui. Bonne continuation à ceux qui poursuivrons. Dommage que dans cette discussion nous n’ayons pas abordé l’essentiel. « Ce qu’il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre c’est ce qui se passe sous nos yeux. » Tocqueville
Dans mon billet d’origine, j’ai écrit : « Et à quel abandon de toute dignité faut-il être parvenu pour accepter de côtoyer dans une manifestation des gens qui s’affichent ainsi ? » Je pense que tes commentaires relèvent bien davantage d’une sorte d’amour-propre blessé que d’une argumentation digne de ce nom dans la mesure où tu fais précisément partie des gens que j’évoque. S’il te fait plaisir de me dépeindre comme quelqu’un qui tourne la tête et ne voit pas ce qui se passe sous ses yeux, vas-y, continue, mais cela me semble assez puéril. D’autant que j’avais précisé dans mon commentaire précédent que je souhaitais faire un peu d’humour, mais on n’a pas l’air de beaucoup s’amuser dans ta contrée.
Je te laisse le dernier mot, si tu le souhaites. L’orgueil, ça a l’air important pour toi. Salut !
Salut.
AD