Ce vendredi 3 juin en fin de matinée, le biologiste Ariel Ruiz Urquiola était reçu par le Conseil des droits humains de l’ONU, à Genève. Pour cela, il aura fallu auparavant que cet opposant cubain fasse une grève de la faim et de la soif de cinq jours devant le siège genevois de cet organisme (voir « Ariel Ruiz Urquiola en grève de la faim »). Le texte ci-dessous est la traduction de l’article paru sur le site « Diario de Cuba », qui relate le déroulement de cette rencontre, sabotée par les représentants des dictatures cubaine, chinoise et nord-coréenne.
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L’intervention du scientifique cubain Ariel Ruiz Urquiola lors de la 44e session ordinaire du Conseil des droits humains des Nations unies a été interrompue à cinq reprises par le représentant du gouvernement cubain.
Ruiz Urquiola, qui occupait pour l’occasion le poste que lui avait cédé l’ONG Ingénieurs du monde, a commencé par s’adresser au haut rapporteur pour les droits de l’homme : « Merci beaucoup pour votre importante déclaration à Cuba le 6 novembre 2019, où vous avez parlé des violations des droits de l’homme dont souffre… », mais a été interrompu à cet instant par le représentant du régime cubain, qui a demandé que l’intervention soit suspendue.
Peu après, Ariel Ruiz Urquiola a ajouté que les médecins cubains « sont envoyés par le gouvernement pour travailler à l’étranger dans des conditions défavorables, en violation du pacte international relatif aux droits civils et politiques. L’impact de cette exploitation sur le système de santé publique… ». Il est alors interrompu une deuxième fois. Le représentant du régime fait valoir que « la personne qui prend la parole fait référence à des questions non prévues dans l’ordre du jour en discussion », puisque, selon lui, l’exposé du scientifique devrait être fondé sur une « approche des droits de l’homme plutôt qu’une approche exclusivement pénaliste ». Le fonctionnaire a également allégué qu’Urquiola « essaie de créer un lien entre la coopération médicale internationale de Cuba et le trafic d’êtres humains, ce qui est inacceptable et étranger à ce débat (…) ». Les représentants du Venezuela, de l’Erythrée et de la Chine ont à leur tour soutenu le fonctionnaire cubain.
La représentante de l’Australie, pour sa part, a défendu le droit de Ruiz Urquiola à poursuivre son propos, qui a de nouveau été interrompu après qu’il a déclaré que « l’argent collecté ne bénéficie pas à la santé, ni aux traitements oncologiques de première nécessité, aux tests de diagnostic à haute résolution, comme cela s’est produit avec le patient 322597, ma sœur, qui a cessé de suivre une immunothérapie, par manque… ». Le représentant cubain est alors intervenu de nouveau pour accuser M. Urquiola de « manipuler cet espace avec des questions totalement étrangères à l’ordre du jour en cours de discussion ». Le délégué nord-coréen a ensuite manifesté son soutien à la délégation cubaine. « … par manque de médicaments et par l’utilisation d’un placebo au lieu du principe actif comme méthode de torture pour la briser, jusqu’à son expulsion en tant que professeur à l’université de La Havane… », a poursuivi Ruiz Urquiola, alors interrompu pour la quatrième fois par le diplomate cubain.
Reprenant la parole, Ariel Ruiz Urquiola a déclaré que ces mécanismes sont utilisés « pour réprimer le citoyen cubain ordinaire, vivant sous un régime d’esclavage moderne, qui peuvent passer par l’inoculation du VIH à celui qui est en désaccord… ». Il a alors été interrompu pour la cinquième fois par le représentant du régime. « … comme c’est le cas du patient 2321, c’est-à-dire moi, à l’hôpital provincial de Pinar del Río », a-t-il poursuivi, jusqu’à ce qu’il soit finalement interrompu par le vice-président du Conseil des droits humains des Nations unies, qui présidait la session.
L’intervention de M. Urquiola, qui avait droit à 90 secondes de parole, selon les règles de ce type de session, a finalement duré 13 minutes en raison des interruptions constantes du diplomate cubain et des pays alliés, qui ne lui ont pas permis de s’exprimer avec tranquillité.
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Commentaire personnel : on peut bien sûr se demander si cela vaut la peine de se lancer dans une grève de la faim et de la soif pour qu’ait lieu finalement cette mascarade. Le fait de n’attribuer qu’une minute et demie de parole à une personne venue dénoncer la négation des droits humains les plus élémentaires dans son pays serait déjà assez comique si le sujet n’était aussi grave. Ensuite, que des représentants de dictatures avérées comme le sont Cuba, la Chine et la Corée du Nord puissent faire partie d’une commission chargée de veiller au respect des droits de l’homme dans le monde relève d’une imposture flagrante, propre à disqualifier totalement cet organisme.
Les opposants et activistes cubains les plus en vue, tel Ariel Ruiz Urquiola, ont toujours fait savoir qu’ils opteraient pour des actions pacifiques et des démarches auprès des ONG et des organismes internationaux œuvrant dans le domaine des droits humains. Cette option est respectable, et on ne peut que saluer leur courage et leur détermination, même si on est en droit de penser que cela ne sert pas à grand-chose. Mais, comme disait l’autre, que faire ?
Eh ben déjà continuer à publier toutes ces atrocités comme tu le fais si bien !