Est-ce pour concurrencer les chaînes de télévision qui incluent désormais dans leur programme tous ces comiques désolants et parfaitement interchangeables ? Toujours est-il que le dimanche 22 décembre LCI a cru bon d’inviter deux cuistres médiatiques, Daniel Cohn-Bendit et Luc Ferry, pour un sketch improvisé inspiré par la grève en cours, dans un prétendu « duo/duel » alors que tous deux sont pleinement acquis à la politique libéralo-criminelle de Macron. Voici ce que cela a donné.
D. C.-B. – L’autre jour, par hasard, j’ai discuté avec un conducteur de train allemand qui conduit l’ICE [équivalent du TGV français]. Et je lui dis : « Est-ce que c’est vraiment tellement stressant ? » Il m’a dit : « Ecoute, Dany, j’ai fait faire un électrocardiogramme pendant que je conduisais. C’était au même niveau que dans mon fauteuil à la maison. »
L. F. – Ben, évidemment ! C’est automatisé.
D. C.-B. – C’est vrai qu’il faut faire attention, mais quand on conduit, voilà…
L. F . – Même, c’est plutôt… faire attention c’est ce qui est suffisamment amusant pour que tu t’endormes pas, il faut dire les choses comme elles sont. C’est pas vrai, ça n’est pas stressant. Moi ça m’arrive de conduire des Formule 1, je veux dire, j’ai 70 ans ou presque, ça rime à rien, qu’on ne me dise pas qu’à 52 ans on peut plus conduire un métro, ça n’a pas de sens !
Un électroencéphalogramme effectué sur ces deux guignols pendant qu’ils exercent publiquement leur métier de penseurs profonds montrerait qu’il est au même niveau que dans leur fauteuil à la maison. Plat.
Un désastre ambulant DCB.
Claire
Ces deux guignols, malgré leur promo sur toutes les chaînes, ne pourront jamais égaler dans leurs sketches les Frères ennemis, duo comique des années 60.
Cela fait des décennies qu’un Cohn-Bendit suit son chemin – comme tant d’autres ! – vers ce que certains nomment « l’extrême centre ». Il semble quand même utile de se demander comment ces gens peuvent dériver vers ce qui est le contraire de (ce qui semblait être) leur direction « libertaire » initiale à laquelle ils semblaient pourtant tenir.
N’y aurait-il pas à l’origine du projet une ambiguïté qui permettrait ceci ?
On peut s’interroger aussi devant cette meute de (jeunes) gens (…bien intentionnés ?) arborant leurs convictions « libertaires » et voulant être les plus radicaux sur Terre. Ils rassemblent avec obstination toutes les nouveautés idéologiques les plus crasses dans l’optique délirante d’en faire leur drapeau. Une façon de dire : « plus radical que moi ? tu meurs ! » et aussi, en même temps : « tout ce qui est nouveau dans la diarrhée idéologique de notre époque est la marque de la radicalité la plus extrême (… et la plus clivante) ! »
N’y a-t-il pas entre DCB et ces jeunes gens des aspirations assez proches à se mouler dans la modernité (… dans ce qu’elle a de plus sordide) ?
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