D’anciens ou d’actuels animateurs de Radio-Libertaire (RL), quelques auditeurs aussi, ont commenté, publiquement ou en privé, les deux textes consacrés à l’écoute de la station et publiés ici même. Je voudrais apporter, pour terminer, une réponse globale à ces interventions, qui portent pour la plupart sur le triste état actuel de la programmation, sur les émissions supprimées ou arrêtées pour diverses raisons, et enfin sur l’invraisemblable mainmise parasitaire d’un individu sur cette radio.
Je crois inutile, en premier lieu, de m’appesantir sur la quantité d’heures de bandes sans fin infligée à l’auditeur, au point qu’il est vraiment devenu difficile de parler sérieusement de « programmation ». Disposer d’une fréquence en région parisienne alors que les demandes doivent être nombreuses pour en obtenir une, se souvenir aussi de la longue et dure bataille qu’il fallut mener pour l’arracher, pour finalement en faire ce qu’elle est devenue aujourd’hui, nous font mieux mesurer l’étendue de ce gâchis.
En interne, comme on dit, l’ambiance est à la mesure de cette déconfiture. Nombreux sont les témoignages d’anciens comme d’actuels animateurs (oui, j’ai une foule d’informateurs…) pour souligner l’absence de toute vie collective à RL. Les assemblées générales d’animateurs sont devenues très rares, très peu fréquentées, et leur contenu sans intérêt.
Ce climat morose et les diverses affaires ayant entraîné l’arrêt de pas mal d’émissions au fil des ans ont amené nombre d’animateurs soit à jeter l’éponge, le plus souvent sans faire de bruit*, soit à se solidariser avec des animateurs éjectés, et donc à quitter l’antenne en protestant au moyen de textes publiés sur des blogs ou parfois même en organisant des émissions dites « pirates ». Une autre conséquence de cette morne réalité veut que nombre d’animateurs toujours présents ne s’intéressent plus qu’à leur seule émission, ne participant plus aux AG, se foutant pas mal de ce qui peut se passer avant ou après, la veille ou le lendemain.
Si je peux comprendre le découragement qui a fini par gagner un nombre important d’animateurs, écœurés par l’autoritarisme imbécile d’un militant aux motivations d’adjudant-chef et lassés de constater que rien ne bouge, je dois dire que je ne suis pas d’accord avec eux sur le fait d’avoir abandonné la place. Quand on a pour objectif d’en finir avec le capitalisme et ses piliers que sont la police, l’armée, la magistrature, etc., on ne baisse pas les bras face à un misérable cheffaillon qui ne peut continuer à régner que grâce à la démission, l’indifférence et disons même la lâcheté de trop de militants.
Qui a connu l’animation qui régna au sein de RL lors de ses premières années d’existence, et tant que des secrétariats radio dignes de ce nom en eurent la charge, ne s’y retrouverait pas. Non seulement à cause de l’atmosphère viciée qui y règne, mais surtout par la constatation que l’indifférence à toute vie collective et la soumission à un tyranneau de bazar, qu’on eût chassé naguère à coups de pied au cul au besoin, caractérisent aujourd’hui la station.
Il est plus qu’évident que RL a besoin d’être redynamisée. Or cela ne peut se faire avec ceux qui en sont les fossoyeurs, l’Ubu-roitelet squatteur et sa poignée de complices. Cela me coûte de l’écrire, mais si je n’avais pas été à l’origine de cette radio, avec mes amis Julien et Gérard Caramaro, si n’existait pas par là même un attachement certain à RL, je souhaiterais presque qu’elle disparaisse pour laisser la fréquence à des gens intéressants qui ont, eux, plein de choses à nous dire, alors que l’expression libertaire est devenue portion congrue sur cette fréquence censée la représenter et la défendre.
Redynamiser implique de la volonté et un peu de courage. Mais trop de camarades, à Paris comme en province, ont fini par se foutre complètement de cet outil pourtant formidable, qu’ils n’écoutent pas, sans prendre pleinement conscience de l’image salopée qu’elle offre le plus souvent sur l’extérieur.
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* Au moment de publier cet article, j’apprends qu’une autre émission, très ancienne, « Ça urge au bout de la scène », vient de jeter l’éponge. Je le regrette infiniment car j’ai beaucoup de sympathie pour « les Bernard », comme nous avions coutume de désigner ses animateurs, tout en ne partageant pas les arguments qui les amènent à mettre fin à leur émission. J’y reviendrai sans doute ici même.
Ça purge père et fille Ubu, dans une radio déjà à l’os, par la censure et le silence complice d’une station devenue collabo en pleine guerre sociale, alors que la solidarité de ses membres était plus que jamais nécessaire, la bêtise insondable de quelques usurpateurs staliniens aura eu sa peau.
Voir et écouter http://chronique-hebdo.blogspot.com/
Ce qui semble incroyable c’est que cet animateur, qui a invité Riposte laïque et fait partir autant d’animateurs soit encore là (caché derrière sa fille) à tirer les ficelles !
Qu’on apprécie ou non cette musique (il en faut pour tous les goûts et on ne peut pas dire que ça fait dans le commercial !), il faut rendre justice à « Epsilonia », qui détient le record de la plus longue émission sur l’agitation sociale actuelle !
« Epsilonia »
– émission spéciale grève en direct jeudi 19/12 à 22 heures + mixages de 0 heure à 17 h 30 avec des sons enregistrés par le collectif de radios L’Acentrale (https://acentrale.org/).
https://www.anarchiste.info/radio/libertaire/podcast/semaine/2019-51.html#vendredi