Il y a trente-huit ans très exactement, le 1er septembre 1981, à 18 heures, dans une cave humide de Montmartre, trois individus louches, particulièrement dangereux, Jacky-Joël Julien (aujourd’hui décédé), Gérard Caramaro et moi-même, donnaient naissance à Radio-Libertaire.
A l’occasion de cet anniversaire, peut-être est-il bon de rappeler quelques déclarations d’hommes politiques au sujet des radios libres, dans les années où la bataille avait déjà commencé. Nous étions alors sous le règne de Giscard d’Estaing (sauf pour la dernière citation).
On appréciera, chez les uns et les autres, ce sens de la mesure et cet attachement aux libertés fondamentales qui distinguent les hommes responsables des utopistes écervelés.
Christian Poncelet, secrétaire d’Etat (RPR) aux Relations avec le Parlement (17 mai 1977) : « Il n’est pas question de laisser se développer sur l’ensemble du territoire ces radios qui pourraient diffuser de l’information de toute nature ! »
Christian Bonnet, ministre (Républicain indépendant) de l’Intérieur (mai 1978) : « Les radios libres, ce sont les Brigades rouges. »
Jean-Philippe Lecat, ministre (majorité présidentielle) de la Culture et de la Communication (7 juin 1978) : « Il faut épargner à notre pays les errements que connaissent certains de nos voisins, chez qui l’abandon du service public a très vite dérivé vers l’anarchie, le laxisme, le triomphe de l’esprit de lucre. »
Laurent Fabius (Parti socialiste) (27 juin 1979) : « Nous sommes pour le monopole comme garant de la liberté, et contre son utilisation à des fins d’exclusion. »
Raymond Barre, premier ministre (7 septembre 1979) : « Les radios locales sont le germe puissant de l’anarchie. »
Georges Fillioud, ministre de la Communication de François Mitterrand : « Nous défendrons le monopole pour que MM. Bleustein-Blanchet, Hersant et Amaury, tapis dans l’ombre, ne soient pas tentés d’accroître ainsi leurs profits et puissance » (13 mai 1977), puis fin 1981, après que le monopole eut été brisé : « De la publicité sur la bande FM, il n’y en aura jamais ! »
Oui ! Belle aventure !
Mais qu’en est-il aujourd’hui ?
Des émissions phares disparaissent, après des années d’existence. Saura-t-on les remplacer par des émissions à caractère libertaire, sans aller se perdre en des pensées vaseuses qui nous sont étrangères (comme ces pensées indigénistes qui ne sont que des pensées autoritaires, voire racistes, et que l’on semble excuser… de par notre ignorance et notre lâcheté) ? Une radio libertaire n’a de réalité que si celles et ceux qui l’animent savent ENCORE ce que sont les pensées anarchistes.