Deux émissions de Radio-Libertaire (RL), « Artracaille » et « Intifada », viennent récemment d’être supprimées de la grille de programmation de cette station, sur décision du « bureau » de RL, entraînant par solidarité le départ de quelques autres animateurs. Mise au point.
Deux émissions ont donc été supprimées très récemment de la programmation de RL. Dans un communiqué bourré de fautes d’orthographe, le « bureau » de RL – nouvelle appellation du secrétariat radio, semble-t-il – qualifie sa décision de « politique » et fournit comme motif la diffusion d’images « à caractère antisémite » à laquelle se seraient livrés les deux animateurs de ces émissions sur « leurs espaces numériques », à savoir leur blogue. Samedi 13 octobre, une animatrice de l’émission « Chroniques syndicales », Marie-Christine Peyrondet, manifestement très remontée, reçoit l’une des deux personnes exclues de RL, envers qui elle se montre totalement solidaire. Elle déclarera d’ailleurs cesser toute collaboration à RL, pour ainsi manifester son soutien aux exclus. Dans le propos de Marie-Christine, très violent envers les responsables de RL, comme dans celui de l’animatrice visée, les accusations d’antisémitisme sont niées avec vigueur, et la publication des illustrations incriminées motivée par ce qu’ils appellent leur antisionisme. Dans sa diatribe anti-« bureau », Marie-Christine rappelle qu’un certain nombre d’animateurs, par le passé, furent exclus de RL. Et parmi les noms qu’elle cite figure le mien. J’ai pu également constater que depuis samedi dernier, précisément, mon texte de mai 2011 intitulé « Silence radio ! », lui aussi évoqué et consacré à la suppression de deux émissions de RL de l’époque, faisait l’objet de nombreuses visites sur ce blogue. Voilà les raisons pour lesquelles, moi qui ne suis plus adhérent de la Fédération anarchiste ni animateur RL, j’écris aujourd’hui ce texte.
Sans doute le fait de me citer partait-il d’une bonne intention de la part de Marie-Christine, avec qui j’ai toujours eu de bonnes relations, mais, d’une part, il n’est pas exact de dire que j’ai été exclu de RL, même si les responsables d’alors furent sans doute très satisfaits de me voir partir*, et d’autre part parce que je ne voudrais absolument pas que l’émission que j’animais ni ma personne soient mises sur le même plan que le blogue de l’émission « Intifada » et ses animateurs.
Car, en effet, à l’appui de son propos, le « bureau » reproduit dans son communiqué la photo et le dessin incriminés. Et là, j’ai le regret de dire très nettement aux deux animateurs des émissions supprimées et à tous ceux qui les soutiennent que oui, mille fois oui, ces illustrations lamentables et ce qu’elles véhiculent sont, en l’état et faute de plus amples informations, très sérieusement de nature à entraîner la décision prise par les responsables de RL.
Le dessin, une création de l’animateur des émissions « Artracaille » et « Intifada », représente une petite embarcation pacifique censée apporter sa solidarité aux Palestiniens, face à un énorme bateau sur le point de la « croquer » et sur lequel trône trois personnages affublés des célèbres mèche et petite moustache hitlériennes et arborant une étoile jaune sur ce qui s’apparente à des chapeaux. Qu’il faille expliquer aujourd’hui encore à des militants ou sympathisants libertaires ce qu’a d’affligeant ce parallèle imbécile Juifs = nazis, et de monstrueusement conne et révoltante cette utilisation de l’étoile jaune pour mieux renforcer ce parallèle, est vraiment désolant.
La photo, elle, est un montage concernant le CRIF et des hommes politiques supposés être à sa botte, glanée sur le site du Parti antisioniste, notoirement antisémite, photo qui circule abondamment sur de nombreux sites fascistes et catholiques intégristes. Comme me l’a soufflé un camarade, dire que c’est problématique est un euphémisme. Comment des militants ou sympathisants libertaires peuvent-ils justifier la publication sur leur blogue d’une telle saloperie, sachant de plus d’où elle provient ?
Je ne connais pas personnellement les deux animateurs aujourd’hui virés de RL. A entendre l’animatrice exclue sur l’enregistrement de l’émission « pirate » du samedi 13 octobre, ils semblent sincèrement touchés par ce qui leur arrive. S’ils sont de bonne foi, ce que je veux bien croire, cela montre quand même, pour le moins, l’extrême confusion dans laquelle pataugent aujourd’hui un certain nombre de militants libertaires, ces deux animateurs en particulier. Et si des militants préoccupés de façon obsessionnelle par la question israélo-palestinienne ne comprennent pas – ce qui semble être le cas – que la meilleure façon de montrer qu’on n’est pas antisémite consiste à ne pas diffuser les clichés éculés circulant sur les Juifs dans les milieux les plus nauséabonds, alors c’est à désespérer de leur intelligence. Sur certains sujets, la bêtise ne peut être une circonstance atténuante.
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* Je raconterai en temps voulu comment prit fin ma collaboration à Radio-Libertaire.
Ça y est, Cher Vieux Flo, nous voilà des vieilles choses reléguées dans l’histoire. Et, en tant que telles, objet d’instrumentation partisane.
En effet, ni toi ni moi n’avons été virés de l’antenne de Radio-Libertaire (ce n’est d’ailleurs pas à la même date que nous nous sommes, l’un puis l’autre, retirés de l’antenne !).
Quant à la mesure prise contre les deux émissions – ou contre leurs animateurs -, je ne peux que l’approuver : représenter une personne arborant une étoile jaune, c’est bel et bien la représenter en tant que Juif et non en tant que membre de l’État d’Israël. Cette confusion entre antisionisme et antisémitisme, quel que soit le niveau de crétinisme, d’ignorance ou d’arrière-pensée, doit être combattue (dans l’expression libertaire comme partout ailleurs). Bravo au Bureau de RL pour sa vigilance.
En tant qu’ancien responsable et cofondateur de Radio-Libertaire, j’approuve ledit bureau (que je ne connais pas), dans sa saine et légitime réaction à la stupidité gauchisante de ces animateurs.
Ancien animateur de Radio-Libertaire, j’approuve la décision du bureau et également les propos de Floréal. Il serait temps qu’une partie du mouvement libertaire amorce une réflexion à ce sujet…
Merci ! Puis-je relayer cet article ?
Oui, bien sûr.
Est-ce que la fin justifie les moyens ? Je ne crois pas que je dois approuver tout pugilat, quelles qu’en soient les bonnes raisons.
Comment accepter que deux animateurs, depuis de nombreuses années sans aucun problème, soient convoqués, sans pouvoir se faire accompagner, devant le secrétariat et deux farouches accusateurs (extérieurs à ce secrétariat) qui militait pour un bannissement prompt et sans appel ? etc.
Comment expliquer que d’autres animateurs, après plus de 10 ans sans problèmes au service de la Radio libertaire, qui s’alarmait d’un possible pugilat, aient tout simplement été rayés de la liste de discussion interne de la radio ? etc…
Qu’une connerie ait été faite par des animateurs est une chose.
Ne pas voir les dérives autoritaires d’un secrétariat en est une autre.
Il n’existe pas de vie en communauté sans conflits. C’est aux personnes qui composent cette communauté, en l’occurrence ici Radio-Libertaire, de voir comment régler au mieux ces conflits. Comme je l’ai écrit dans mon texte, je ne suis plus adhérent FA ni animateur RL. La façon dont fonctionne RL, et plus particulièrement son secrétariat ou son Bureau, est donc devenu le cadet de mes soucis. Or toutes les questions posées ici concernent le fonctionnement de ce secrétariat, qui n’est absolument pas le sujet de mon article. S’il y a des problèmes de fonctionnement à RL, et des tendances autoritaires au sein de son Bureau, c’est aux animateurs de la station, ou aux adhérents FA, de les régler. Mais quoi qu’il en soit, ce n’est pas la manière de fonctionner du Bureau ni l’autoritarisme de ses membres qui sont responsables de la publication d’illustrations dégueulasses sur le blog « Intifida ». Et donc, ce fonctionnement et cet autoritarisme du Bureau ne doivent pas servir à inverser l’importance des problèmes en tentant de nous convaincre que l’incurie du secrétariat radio serait finalement plus scandaleuse que la diffusion d’illustrations antisémites, dont l’une a été glanée sur un site fasciste.
Sauf que l’émission de samedi dernier, sur la plage des chroniques syndicales, balançait surtout les pratiques dudit bureau. Une tentative, outrancière pour certains, de replacer un minimum de débat contradictoire en interne car ça ne marche plus. Il aurait été difficile pour les Chroniques syndicales, accompagnant les salariés face au patron, de fermer les yeux une fois encore sur ce qu’il se passe à la radio.
Mais l’émission en question a été retirée du podcast. Facile pour un secrétariat d’en dire ce qu’il veut maintenant afin d’évacuer ses propres pratiques, appuyé par l’émotion que suscite le dessin.
C’est peut-être compliqué de l’extérieur à percevoir, mais si ça pète à Radio-Libertaire c’est d’abord contre les pratiques autoritaires et irrespectueuses envers les bénévoles, voire les auditeurs.
Marre d’en voir se faire virer ou suspendre des listes de discussion sans sommations, marre de voir les animateurs pas pris au sérieux lorsqu’ils pointent des problématiques qui ne sont pas celles attendues par le secrétariat, marre d’en voir se faire virer comme des malpropres, marre d’en voir se faire balader. Les animateurs et techniciens, quoi qu’il est fait comme connerie, on les prend pas pour des mouchoirs qu’on jette quand le secrétariat et sa famille n’en veulent plus, surtout quand ça fait 18 ans qu’ils sont là.
Désolé Floréal si tu penses que c’est hors sujet, c’est pour beaucoup ce qui est en son coeur.
J’avais bien compris qu’il y a certains problèmes entre le secrétariat radio et des animateurs. Je ne vais d’ailleurs pas jouer les hypocrites en faisant semblant de croire que tu me l’apprends. Cela fait des années que ça dure.
Je crains toutefois que nous commencions ici à nous répéter. Alors je vais dire les choses autrement. Si j’avais été responsable de la programmation au sein d’un secrétariat radio fonctionnant à merveille, apprécié des animateurs, j’aurais pris, en accord avec les coresponsables dudit secrétariat, une décision identique à celle que vient de prendre l’actuel secrétariat, ou bureau. Au moins en ce qui concerne l’émission intitulée « Intifada » (je vais m’abstenir de dire ici ce que je pense d’une telle appellation). Et cela pour sanctionner des faits absolument inadmissibles, mais aussi pour que cette émission ne devienne pas une fabrique d’énormités nauséabondes suivies de plates excuses. Car, en effet, dans leur communiqué d’après-exclusion, les animateurs des émissions « Artracaille » et « Intifada » regrettent en s’excusant certains propos tenus à l’antenne, puis la publication du fameux dessin, puis celle de la photo-montage, et évoquent également une vidéo supprimée de leur blogue. Ça fait beaucoup…
Un jour, peut-être, j’évoquerai ici les conflits qui nous ont longtemps opposés, avec mon ami Jean Verlinde, au secrétariat radio, ainsi que la solidarité réelle que nous avons manifestée envers des animateurs que ledit secrétariat avait dans le collimateur. Dans cette solidarité, nous nous sommes d’ailleurs sentis bien seuls. La liste est longue des émissions supprimées pour des broutilles ou disparues pour cause de lassitude des conflits, sans que la grande famille de RL ne lève le petit doigt pour soutenir les compagnes et compagnons qui les animaient. Les occasions de se révolter contre un secrétariat autoritaire et composé des éternels mêmes mandatés furent donc nombreuses et auraient été légitimes. Choisir le prétexte qui est offert aujourd’hui pour s’insurger me paraît inconcevable, moralement et intellectuellement indéfendable.
A Gégé : personne ne semble nier que l’attitude du Bureau ou quel que soit son nom, soit largement discutable pour ne pas dire plus. Nous avons été quelques-uns, d’ailleurs, à en faire les frais à une époque, certes pas pour les motifs exposées là. Comme le dit Floréal, c’est l’affaire de Radio-Libertaire et de la FA. Pour des raisons diverses nous naviguons au large. Toutefois, à mes yeux, les deux images exposées se suffisent et ne méritent pas de débat contradictoire. Ce sont des conneries. Qu’ils soient exclus de la radio — ou alors d’un autre organe, peu importe — m’émeut d’autant moins que leurs auteurs ne semblent pas avoir pris conscience de leur sottise. Ce n’est pas la première fois que ce genre de chose arrive : en direct à la radio qui plus est, pour le cas que je connais, j’en ai été témoin par le passé. Serait-ce un problème endémique dans le milieu libertaire pour que cet événement se reproduise de temps à autre ? Le plus utile serait de mener une réflexion à ce sujet au lieu de regretter l’absence de « débat contradictoire » (vas-y, toi, un débat contradictoire avec un antisémite, tsss…) ou de la manière de cette exclusion. Le fait même que ces personnes soient restées à la radio pendant dix-huit ans m’inquiète, car on ne se découvre pas une telle vigueur « antisioniste » sans qu’il y eut auparavant des signes précurseurs. Regretter la manière en évitant le fond me paraît de toute façon curieux…
Entièrement d’accord avec toi, gege
« […] les actuels moutons de l’intelligentsia […] ne connaissent plus que trois crimes inadmissibles, à l’exclusion de tout le reste : racisme, anti-modernisme, homophobie. »
Guy Debord, Lettre à Michel Bounan du 21 avril 1993
Il n’y a ni moutons ni intelligentsia ici, et ce blog s’est intéressé depuis sa création à bien d’autres choses que les « trois crimes » dont il est question dans la citation de Debord. Par ailleurs, n’en déplaise à Debord et à ceux qui le citent, lesdits « trois crimes » existent bel et bien, même s’il y en a d’autres, effectivement, à dénoncer. Dans mon texte, j’évoque des faits. Et toutes les belles citations du monde ne parviendront pas à faire en sorte qu’ils n’aient pas existé.
« […] les citations de Debord, ça va cinq minutes. »
Jean-Émile Paquet, Lettre à Floréal du 17 octobre 2018
Cette décision a été discutée largement au sein de notre groupe (de la FA). Sans vouloir m’engager au nom de tout le groupe, je ne peux à titre personnel qu’approuver sans réserves le texte de Floréal. Ce relais de photomontages débiles et ces misérables caricatures (sans parler des propos tenus à l’antenne, qualifiant, paraît-il, Gaza de camp d’extermination – sic) sont absolument indignes et lamentables. La politique de l’Etat d’Israël est répugnante, je crois que cela ne fait de doute pour aucun(e) libertaire. C’est une chose, une autre est de se livrer à des amalgames crétins et de s’aligner sur les antisémites les plus bas du front.
Merci donc encore à Floréal pour cette mise au point salutaire.
Il est absolument inacceptable que les turpitudes des uns puissent conduire, voire servir, à minimiser celle des autres ; les uns comme les autres en conviendront tout également… Mais un minimum d’intelligence et d’éthique, comme de compréhension des enjeux qui traversent ce monde et ces temps devraient aider à discerner entre les causes et les arguments.
Par ailleurs, il me paraît révélateur que ce soit sur la laborieuse, voire impossible (mais pourquoi donc ?!?) clarification entre antisémitisme et antisionisme que se portent les crispations et les remises en cause de légitimité.
(Pour le dire tout abruptement, je pense que le rêve d’une « intifada » dans les banlieues conduit aux surenchères démagogiques et obscènes.)
@ Franck : « Ce relais de photomontages débiles et ces misérables caricatures (sans parler des propos tenus à l’antenne, qualifiant, paraît-il, Gaza de camp d’extermination – sic) sont absolument indignes et lamentables. »
Ces propos n’ont pas été tenus à l’antenne mais sur une liste interne à Radio-Libertaire (je suis moi-même animatrice à RL).
C’est le véritable point de départ de la polémique entre animateurs : en premier lieu, « Intifada » a annoncé la prochaine émission en qualifiant Gaza de « camp de concentration ». Au vu des réactions d’animateurs à propos de ce terme, déjà jugé inapproprié, Robert a rectifié ainsi son annonce :
Gaza : « Plus grand camp d’extermination de l’histoire de l’humanité » (sic).
Dans l’émission « pirate », l’animateur et l’animatrice d’« Intifada » ainsi que leurs soutiens se sont bien gardés de faire allusion à cette phrase. Mais je ne pense pas qu’ils auraient pour autant le culot de prétendre qu’ils ne l’ont jamais écrite, et que ce n’était pas le principal objet de la polémique.
Le « Bureau » de RL, qui en effet n’est pas exempt de critiques, en particulier sur le « deux poids deux mesures » en matière de racisme – mais, comme le dit Floréal, en l’occurrence ce n’est pas le problème, n’en a pas parlé non plus, car ces propos n’ont pas été vraiment tenus en public mais sur une liste de diffusion interne à Radio-Libertaire. Les visuels étaient de toute façon suffisants.
Je ne serais pas censée en parler non plus. Mais vu que je vois ici une allusion à Gaza qualifié de « camp d’extermination » à l’antenne, je tenais à préciser les choses.
J’ajoute que PERSONNE à Radio-Libertaire n’a jamais défendu l’Etat d’Israël. A titre personnel je n’ai pas plus de sympathie pour Israël que pour n’importe quel autre Etat.
D’ailleurs avant cette phrase sur le « plus grand camp d’extermination de l’histoire de l’humanité » personne n’avait jamais mis l’émission en cause.
@ Louise : Dont acte, merci de cette précision. J’avais écrit « paraît-il », parce qu’effectivement je n’avais pas entendu la phrase de mes propres oreilles. Mais on m’avait dit que… comme quoi, il faut toujours se méfier et vérifier ses sources.
Merci donc, et accord complet !
Vieil auditeur de R.L., personnellement hypersensible à l’antisémitisme et sympathisant de l’UFJP (pour sa vigilance à distinguer l’antisionisme auquel j’adhère et l’antisémitisme détestable) je reconnais dommageable les dérapages de Pikekou et Robert mais les crédite d’une sincérité indéniable quant à leurs regrets sur les points en cause ici (au même titre que Filoche ou en son temps Siné).
Je ne les connais (si on peut dire) qu’à travers leurs deux émissions sur RL, mais considérer qu’ils constituent la « cellule jusqu’alors dormante » d’indécrottables antisémites me paraît aberrant, et leur éjection comme des malpropres sidérante, à l’instar des plus révoltantes pratiques « managériales ».
S’offusquer en outre comme le fait « le bureau » (sic) qu’ils aient pu s’exprimer à l’antenne (émission « Ch. syndicales ») après cette décision m’accable ; quel mépris pour ces personnes et pour les auditeur-trice-s !
– Il est bon semble-t-il pour certains « libertaires » de traquer la paille d’un antisémitisme chronique largement fantasmé (projection ?) chez tel-le ou tel-le pour se dispenser de s’attaquer à la poutre stalinoïde qui semble trôner dans leur… cénacle (j’allais écrire: « chapelle »).
– Mais sans doute est-ce faire preuve de beaucoup d’arrogance de m’exprimer ainsi/ici alors que j’avoue (!) ne détenir aucun brevet attesté d’anarchisme.
– « En cette absence de titre », si je n’ai nullement la prétention de savoir ce qu’est l’anarchisme dans toute son ampleur et sa diversité, je sais ce qu’il n’est pas (ou que je ne veux pas qu’il soit !!) et les procédures et arguments mobilisés contre ces animateurs-trices relèvent à mes yeux de cette dernière catégorie.
Mille excuses de n’avoir pu être plus court, et si mes propos blessent certain-e-s d’entre vous, ce n’est absolument pas mon intention.
Un jour viendra, sans doute proche au train où vont les choses, où des libertaires pourront proférer le cri de « Sales Juifs » et affirmer aussitôt après, la main sur le coeur, que seul leur « antisionisme » motivait ce cri, ou qu’il était lui aussi une simple « maladresse ». On trouvera sans doute mon propos exagéré. C’est volontaire. Ce qui me sidère, pour ma part, c’est qu’on puisse aller chercher je ne sais quelles circonstances atténuantes en appelant précisément « maladresses » ou « conneries » ces illustrations dégueulasses qui sont à l’origine de toute cette affaire. Dans le domaine qui nous occupe, la « sincérité indéniable » des auteurs de dérapages commence sérieusement à devenir un peu lourde. Tout comme la pesante ironie de ceux qui les défendent en moquant ceux qui verraient de l’antisémitisme partout alors que le problème réel est qu’eux n’en voient nulle part.
Pour le reste, l’attitude du « bureau » ou les subtilités entre « antisionisme » et « antisémitisme », je n’ai aucunement l’intention d’entamer ici un débat sur ces points, surtout dans le cadre de commentaires. Ce blogue n’est pas un bulletin intérieur de Radio-Libertaire ou de la Fédération anarchiste, d’une part, et, d’autre part, je le répète, ce n’est pas le sujet.
Merci Floréal, même si tu exagères en effet !
Nulle envie de « coloniser » ton blog ou d’avoir stupidement le « dernier mot ». Un dernier propos plus général qui j’espère n’écornera pas tes souhaits.
1.- Entièrement d’accord sur la très grande vigilance à laquelle tu nous exhortes, mais condamnés à circuler sur une périlleuse ligne de crête devons-nous pour autant nous résigner à être de « ceux-celles qui ont les mains pures car n’ayant pas de mains » ? Nos adversaires n’ont aucun scrupule pour parvenir à leurs fins ; je ne veux pas dire pour autant qu’il nous faut faire de même !!!
2.- Mais au-delà de cette « affaire » ces questions d’exclusions m’évoquent cette remarque très forte de G. Orwell dans ses « Notes sur le nationalisme » dans lesquelles il met en garde contre « cette façon d’imaginer que les hommes peuvent être l’objet d’une classification semblable à celle des insectes pouvant être en bloc et avec une parfaite assurance étiquetés comme « bons » et « mauvais » ».
Nous y sommes me semble-t-il ici symptomatique de tant d’autres situations où tel-le ou tel-le d’entre nous se révèle faillible, critiquable, voire coupable ; devons-nous pour autant immédiatement l’étiqueter et le-a bannir du « mouvement », en l’assimilant, le-a réduisant à l’acte éventuellement condamnable qu’il-elle a pu poser ? Je ne partage pas cette fascination quasi religieuse pour les vertus supposées de l’exclusion, omniprésente dans les mouvements révolutionnaires-libertaires, elle m’attriste !
Je devrais peut-être admirer/envier ceux-celles qui ont cette martiale assurance d’être toujours « du bon côté », et qui infligent aujourd’hui ces « saignées » ponctuelles censées en prévenir de plus copieuses demain, ils-elles me glacent tout au contraire.
J’ai l’insigne (coupable ?) faiblesse de préférer ceux-celles qui en affirmant interrogent encore, se sachant eux-mêmes faillibles (= humains !).
Si vous avez lu ces lignes que ce soit sous cet angle SVP.
Merci Floréal d’avoir accueilli ici ces « commentaires », évidemment discutables…
Sur le premier point, la nécessité d’être vigilant tout en faisant remarquer que nos adversaires agissent sans scrupules, cela ne veut « pas dire qu’il faut agir de même », écris-tu. C’est bien, je suis d’accord, mais alors, que veux-tu dire ?
Le problème soulevé par cette affaire ne relève pas de la pureté. Il s’agit simplement d’affirmer haut et fort que certaines choses, comme le dit Jean-Victor dans son dernier commentaire, n’ont pas à avoir cours chez nous, libertaires. Ne pas vouloir que des animateurs tiennent un discours haineux sur les homosexuels au micro de RL, par exemple, relève-t-il de la pureté ou d’un étiquetage entre « bons » et « mauvais » ? Emploierais-tu ces termes ? Pourquoi toute cette rhétorique seulement quand il s’agit du sujet qui est au coeur de l’affaire actuelle à RL ?
Enfin, l’exclusion d’animateurs ne pose pas seulement le rôle du secrétariat radio, qui certes doit être bien défini, mais aussi celui du comportement desdits animateurs, qui trop souvent considèrent « leur » émission comme une sorte de propriété privée intouchable à l’intérieur de laquelle ils peuvent tout se permettre. (J’ai été secrétaire à la programmation durant deux ans par le passé, je sais de quoi je parle !)
L’autre question à poser, me semble-t-il, est de savoir s’il est pertinent de créer une émission permanente sur la question israélo-palestinienne, tenue par les mêmes animateurs, qui évidemment feront entendre toujours le même son de cloche. Je ne dis pas qu’il ne faut pas parler de cette question à l’antenne, mais la confier toujours aux mêmes, à jour et heure fixes, c’est aberrant. Pourquoi pas une émission sur les Ouïghours ? Sur le Tibet occupé ? Sur les dictatures communistes qui restent ? Sur le Yémen ? Le Soudan ? Les Indiens d’Amazonie ? Autant de sujets sur lesquels la légendaire compassion de nos camarades « antisionistes » pourrait s’exercer. Je continue ?…
François, est-il possible de nous épargner les effets scripturaux bobos, mode, cucul-la-praline des « le-a », « tel-le’, « il-elle », « ils-elles », « celles-ceux » (et vicieux versant) ? Bien entendu, c’est pour faciliter la lecture aux mal-comprenants que nous sommes, mais enfin.
– OK Kergad… L’écriture inclusive est ingrate ! Je m’y essaie hasardeusement, tout en m’interrogeant sur sa pertinence que tu sembles toi renvoyer définitivement à la « mode bobo cucul »!… Autre débat !!
– Floréal, j’ai lu ton commentaire avec intérêt, bien entendu. La discussion pourrait se poursuivre évidemment, mais comme tu voulais que ton blog ne soit pas « envahi » par ce sujet, est-ce bien approprié ? Je précise donc que cela ne signifie ni mépris envers les questions que tu (me) poses, ni acquiescement quant à chacune de tes observations.
Cordial salut donc à chacune et chacun mu par l’esprit de fraternité et d’entraide avant tout, pour progresser ensemble dans les luttes contre cette société atroce, en mobilisant des moyens les plus conformes aux fins que nous promouvons. Et en ce sens ce n’est pas se compromettre que de répugner aux « excommunications purificatrices » (sic) EXPEDITIVES, quel que soit le sujet (La mémoire des vaincus de M. Ragon est à relire).