Le nationaliste, cet imbécile heureux qui est né quelque part, ne s’est jamais vraiment distingué par son côté facétieux. Et ça ne s’arrange pas ! Quelque peu chatouilleux sur ce qui touche à son bout de terrain et ses plates-bandes, il devient fort irritable dès lors qu’on s’en prend à ses joujoux patriotiques.
Jamais en retard d’un combat d’importance, l’un de ces groupuscules qui estiment représenter un peuple dans son entier et se prétendent dépositaires de sa dignité a décidé de manifester son gros courroux devant le siège d’une grande enseigne spécialisée dans l’aménagement de la maison, à Bayonne, au prétexte qu’on y vendait des paillassons aux couleurs de l’ikurriña, le drapeau basque.
Si cette mise en vente présente, certes, un aspect purement commercial racoleur assez discutable, c’est surtout l’absence de choix et l’offre d’un unique modèle régional qui semblent des plus déplorables. Il conviendrait en effet que cette initiative soit étendue à tous les drapeaux de la terre pour qu’enfin ceux qui préfèrent les humains aux inutiles et mortifères patries puissent allier l’utile à l’agréable en essuyant leurs souliers sur tous ces symboles dérisoires, objets d’une fierté ridicule. Vive les bannières-paillassons !
Au bonheur des souliers apatrides
22 août 2013 par Floréal
Il existe des bannières, étendards, drapeaux, qui sont devenus des symboles de luttes d’émancipation.
Les soldats de Valmy brandissant la bannière aux trois couleurs, le bleu et le rouge enserrant le blanc de la royauté, pour défendre leur révolution toute récente face aux armées de onze pays ligués pour faire échouer cette espérance… ou les fusillés de Châteaubriant brandissant leur Marseillaise comme un drapeau face aux balles allemandes…
Alors, certes, ils n’étaient pas la majorité, peut-être même seulement un groupuscule, peut-être même pas « un sur cent, et pourtant… ».
Non non et non, tous les drapeaux ne sont pas « foulables » aux pieds ! Au prix de laisser ces valeurs détournées et récupérées par les droitistes extrêmes…
Je parle bien de symboles et de VALEURS représentées par ces bannières.
Chris (partisan et fier de brandir encore et toujours ♫♪♫ »notre superbe drapeau rou-ou-ge, rouge du sang de l’ouvrier… ») ♫♪♫ …
Le problème est que si certains drapeaux ou hymnes ont pu, dans un temps donné, servir de symboles à une espérance, ils ont invariablement par la suite, ou parfois même dans le même temps, servi à couvrir bien des actes fort discutables, voire criminels, même ceux que tu évoques. Ayant ainsi galvaudé les « valeurs » qu’ils ont pu représenter, ces symboles n’ont plus aucune… valeur.
A la poubelle, drapeaux, hymnes nationaux, médailles (militaires et autres), nationalisme, patriotisme…
Que de crimes commis par ces fléaux !
Je suis en accord avec cet article, le drapeau est un leurre. A propos de Valmy, le drapeau tricolore fut le symbole d’une mystification orchestrée par Danton afin d’écarter de la capitale les hordes de révolutionnaires armés qui menaçait le pouvoir des riches.
Cher Chris,
Ermite errant plus que jamais, de passage dans un c@fé je viens de lire le blog de mon ami Floréal.
Ton commentaire à son billet sur les (forcément très propres car bien essuyés) souliers apatrides me renvoie à une réflexion souventes fois réitérée in petto :
Il existe un autre drapeau symbole de VALEURS (souligné par toi) et de libération de millions de victimes de l’oppression, de l’injustice, de la discrimination et autres saloperies des puissants de l’Histoire (et même des faibles !). Il est blanc, frappé du maguen David.
Me souvenant de certaines de tes contributions aux débats sur ce (remarquable) blog, je ne pense pas que tu tiennes pour autant cette bannière en éternelle estime. Car là, curieusement, tu sais dépasser le symbole pour lire la réalité historique des faits.
En réfléchissant, même un peu, on en arrive à remarquer que tous (ou presque) les drapeaux ont symbolisé des aspirations non foulables (pour te citer), même l’Union Jack et le Stars and Stripes.
La fidélité aux idéaux est éminemment émouvante et respectable (quoique relative à ces idéaux) mais elle exige d’abord de ne pas porter sur de seuls symboles, et ensuite une vigilance et une lucidité pugnaces.
J.-V. V.