La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le milieu du BTP. Comme le disent les journalistes, qui ont du vocabulaire, la profession est sous le choc.
Benoît Lambert, 59 ans, maçon-plâtrier, a commencé à travailler sur les chantiers à l’âge de 16 ans. Fatigué de devoir porter des sacs de ciment de cinquante kilos depuis plus de quarante ans, lassé de devoir exercer ce dur métier le plus souvent en extérieur, par tous les temps, découragé à l’idée de devoir continuer jusqu’à l’âge légal de la retraite, pourtant proche, Benoît a décidé de démissionner.
Unanimes, les médias, toujours aussi attentifs au monde du travail, ont salué cette décision, la qualifiant de courageuse et humble, bien que peu lucide dans la mesure où le montant de sa retraite s’en trouvera amoindri.
Benoît s’en ira donc à la fin du mois, pour un repos mérité qu’on espère le plus long possible, malgré la grave maladie contractée, au cours de sa longue carrière professionnelle, au contact de produits dangereux comme l’amiante. Mais Benoît peut s’en aller soulagé, d’autant qu’aucune guerre de succession n’aura lieu, ses patrons ayant unanimement décidé de ne pas avoir recours à l’embauche pour le remplacer.
Démission
12 février 2013 par Floréal
Avant de fermer une dernière fois l’armoire métallique où il retrouvait sa salopette, Benoît nous déclare : « Je dois vous le dire : la carbonatation me laissait de plus en plus dubitatif. »
Belle métaphore, il est vrai. Mais Benoît sera remplacé par la volonté du Saint Esprit, nous dit-on.
Je tiens à joindre ma voix à l’unanime concert pour saluer à mon tour le courage et la modernité de Benoît L.
C’est une véritable révolution ; le BTP ne sera plus comme avant.
C’est plus que jamais le moment de dire que c’est au pied du mur qu’on voit l’émotion (et laissons les esprits légers confondre mur de l’âme en tension et siège de pierres).