Au journal de France 2 (service public), ce 18 février, au sujet du projet de loi concernant le Code du travail, un jeune journaliste apprivoisé, évoquant les 35 heures auxquelles s’attaque violemment le gouvernement, parle de « totem ». C’est ainsi, désormais, avec parfois le terme « tabou », que la profession journalistique désigne, en adoptant ce parler libéral aux accents freudiens, la durée hebdomadaire du travail. Il s’agit par là même de montrer que des forces rétrogrades, passéistes, restent attachées à des « acquis » ringards présentés comme autant d’obstacles aux nécessités économiques du moment, seules à même d’assurer notre prospérité future.
Pendant des décennies, nous avons eu droit, souvenez-vous, aux fameux « avantages acquis », de plus en plus dénoncés, au fil du temps, comme autant de scandaleux privilèges auxquels restaient attachés des salariés égoïstes indifférents à une marche du monde nécessitant toujours davantage de sacrifices de la part des éternels sacrifiés.
Il est pour le moins cocasse de voir appliquées ces expressions flatteuses à tout ce qui a pu alléger, momentanément, la pénibilité du travail salarié, mais jamais à tout ce qui touche la fortune des décideurs patronaux et gouvernementaux. Car si vous venez vous promener avec moi avenue Foch ou avenue Mozart, à Paris, ou dans les quartiers cossus que sont les VIIe, VIIIe et XVIe arrondissements de Paris, par exemple, eh bien je suis à même de vous montrer ce que sont réellement des « avantages acquis », et non seulement acquis mais durables et toujours plus prospères, et jamais considérés comme un frein à la nécessité de s’adapter à un monde qui change.
Quand triomphe le credo patronal, triomphe aussi son langage.
Le parler patronal
18 février 2016 par Floréal
Ah bah alors là, une balade touristique avec Floréal dans le rôle du guide tout au long des délicieuses avenues du XVIe arrondissement, moi j’suis preneur !
Je paye ma tournée !
Au « Relais du Parc »… chez « Oscar »… au « Congrès Auteuil »… Choisissez !
Un jeune homme qui fera très certainement une belle carrière ; qui sait déjà, la langue aussi souple que l’échine, emprunter le brillant chemin où l’ont précédé les grands noms de la profession…
Ce parler politiquement compatible permet de passer sous silence, ou au contraire de faire passer par euphémisation, les réalités dérangeantes.
En ce moment, l’usage désormais général et générique du mot « migrants » suggère tellement mieux celui qui tente de s’insérer dans une place déjà prise, que l’insupportable « réfugié », qui évoque par trop la détresse, la souffrance, l’urgence et l’impérative nécessité d’accueillir toutes affaires cessantes.
Où ça, une belle carrière ?
Hé Floréal je me vois mal et je te vois mal te promener avenue Foch ou Montaigne. Viens donc faire un tour sur le marché de Saint-Denis un dimanche matin.
Toutes mes amitiés.
Je suis atterré aussi depuis plusieurs mois par la teneur des reportages et par les commentaires des journaux télévisés (mais pas que) diffusés sur les chaînes publiques.
Concernant principalement la forme : le choix, le ton (détacher tous les mots, comme on s’adresse à des enfants de 9 ans…), et la teneur de ces « infos » sont construits sur le même modèle stéréotypé, plus proche du publireportage* que de la véritable information.
Les nouveaux mots clés impossibles à éviter étant : « en immersion », et l’indigeste passe-partout impossible à éviter : « au plus près »…
La-men-ta-bleu !
* Dans la presse papier, il y a une obligation de signaler ces reportages publicitaires par une mention visible en haut de page… Là, non !
C’est scandaleux.
Heureusement qu’il y a des reportages comme celui-là pour équilibrer:
http://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/cash-investigation/cash-investigation-du-mardi-2-fevrier-2016_1286821.html
Bonjour, moi ce qui me gêne c’est que malgré tout on continue à regarder et bien sûr à critiquer, il y a mieux à faire que de regarder les médiamensonges, eh hop par la fenêtre… bonne journée et à+ dawa
Moi ce qui me dérange beaucoup c’est qu’une personne ayant pris une décision concernant la télévision, par exemple, veuille que tout le monde fasse pareil (« eh hop ! par la fenêtre »). J’occupe mon temps comme il me plaît. Et je rassure le lecteur : je fais bien d’autres choses que de regarder le journal de France 2. Je regarde celui d’Arte aussi… 🙂
On ne s’imagine pas l’état de souffrance des privilégiés. 🙂
http://www.leparisien.fr/lamorlaye-60260/le-lys-chantilly-combat-son-image-de-ghetto-de-riches-13-06-2015-4859925.php
Des « acquis » bien protégés puisque M. Cazeneuve y habite.
Si je puis me permettre : le totem est à bout.