L’homme qui, nommé au poste de ministre de la Culture au lendemain de la mort d’une idole sautillante du show-biz américain, avait cru nécessaire de déclarer : « On a tous quelque chose en nous de Michael Jackson », s’est senti obligé de prononcer un petit mot à propos de la disparition d’Allain Leprest. « Auteur, compositeur, interprète mais d’abord et en toute chose poète (…), artiste immense et rare (…), l’un des plus représentatifs de cette si riche tradition française d’une chanson aux textes longuement médités (…), homme sans concession qui aura tracé sa voie très loin des sentiers battus ». De qui se moque-t-on ? Placé à la tête d’une institution qui confond absolument chanson et show-biz crétinisant, qui ne subventionne que les grosses structures d’où la chanson que nous aimons est totalement absente et méprisée, qui oblige précisément cette chanson « aux textes médités » à prendre souvent contre son gré les sentiers de traverse, à se marginaliser involontairement, le ministre Mitterrand n’avait qu’une attitude un tout petit peu digne à suivre : se taire. Le concert de louanges entamé depuis mardi dernier par les faux-culs inconsolables d’un monde médiatique totalement indifférent lui aussi à « cette si riche tradition française » dans laquelle se situait Allain Leprest était déjà difficilement supportable. Prononcées aujourd’hui par ce cuistre, ces paroles ajoutent à notre peine et à notre colère.
Ta gueule, Frédéric !
19 août 2011 par Floréal
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"Nous sommes décidés à supprimer la politique pour la remplacer par la morale. C'est ce que nous appelons une révolution"
Albert Camus"Assez de chialage ! On va arrêter de se fier à tout le monde. On va se cracher dans les mains. Au fond, la vie, c'est peut-être ça : se cracher dans les mains"
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A la petite semaine (archives)
Administration
Indécent, en effet !
Good bye Monsieur Leprest
La lune éteint son p’tit lampion
Trois petits tours et puis s’en vont
Plus de Pierrot, plus de soucoupe
Le cosmonaut’ fait son plongeon
Comme un cheveu noir sur la soupe
L’été nous donne un foutu scoop
Et ce 15 août est bien funeste
Good bye Monsieur Leprest
Ses deux « L » plantées dans le dos
L’artiste a tiré le rideau
Plus de chansons à bricoler
La poésie aura bon dos
Son oiseau rar’ s’est envolé
Quelques mots pour se consoler
Comme on lâch’rait un peu de lest
Good bye Monsieur Leprest
A plus d’un tour dans votre manche
S’il fallait que le cœur s’épanche
Vos mains ont eu le dernier mot
Lundi s’habillait en dimanche
Et j’ai chialé comme un marmot
Mozart a fermé son piano
En voilà une triste sieste
Good bye Monsieur Leprest
Et si les cœurs trop généreux
A tant vouloir se mettre en deux
Vont jusqu’à se donner la mort
Plus de malic’ dans votre œil bleu
Qu’un point final dans le décor
Le poète n’a pas toujours tort
Mais la vie retourne sa veste
Good bye Monsieur Leprest
Qu’on vous donne de vos nouvelles
Mais le forçat s’est fait la belle
Aux maillons de nos chaîne(s) hifi
Et un coco dans l’eau du ciel
Nous fait un drôl’ de rififi
L’été pleut sous nos parapluies
Les yeux c’est tout ce qu’il nous reste
Good bye Monsieur Leprest
L’été pleut sous nos parapluies
Les yeux c’est tout ce qu’il nous reste
Good bye Monsieur Leprest
Philippe Thivet
(15/08/2011)
Magnifique texte cher Philippe.
Je partage ta saine indignation, Floréal.
Sentiments partagés. Mais comment ose-t-il ?
Chère Nancy, « les cons osent tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît » (Audiard, « Les Tontons flingueurs », film-nécro). Le vide brutal de son départ, alors que nous avons tant tremblé pour sa survie, est dur, on a les nerfs à vif, et telle c*** qui en d’autres cas nous aurait à peine fait lever les épaules (on en a tant entendu !), cette semaine non, non, ça ne passe pas.
Mais, dans un autre sens, s’il n’avait rien dit, vous entendez d’ici le tollé ?
C’était sans doute l’occasion d’organiser un apéritif au ministère pour faire sa déclaration !
Je ressens de la colère, oui, en plus d’un immense chagrin.
En effet, les mots d’Allain n’ont pas été portés vers tous ceux qui les auraient aimés s’ils les avaient entendus, si chacun avait fait son métier…
Mais, je ne crache pas sur les mots du ministre de la Culture, la reconnaissance vient quand elle peut et j’aime quant à moi cet éloge et pense qu’il ne faut pas mélanger tous les combats.
Ces mots, il les méritait, leur absence aurait été un affront de plus.
Pierrette, je pense que vous avez raison.
Tous écrivant ici auraient donc préféré que le ministère de la Culture ignore son décès ?
« Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs chansons courent encore dans les rues » (C.T.).
S’indigner ?… Se réjouir malgré tout ?… Ne perdons pas de vue que Frédéric Mitterrand est à Malraux ce que Sarkozy est à de Gaulle.
A charge pour nous d’être à la hauteur de l’héritage, de l’exigence. Les poètes sont des passeurs. Il ne dépend que de nous, pas des maroquins à rosette, que tout ce qu’ils ont donné ne soit pas vain.