Ce qui se passe actuellement à Cuba ne semble guère passionner et encore moins inquiéter les médias français. Vendredi 5 août au soir, un gigantesque incendie s’est déclaré dans un dépôt pétrolier de Matanzas, à une centaine de kilomètres à l’est de La Havane.
L’explication officielle veut que l’incendie se soit déclaré après qu’un éclair a touché l’un des huit immenses réservoirs que compte ce dépôt. Le lendemain, samedi 6 août, un deuxième réservoir brûlait. Puis lundi 8 août l’incendie gagnait un troisième réservoir, et ce mardi on apprenait qu’un quatrième était atteint à son tour. La ville de Matanzas est entièrement recouverte depuis quatre jours d’une épaisse fumée noire, dont on peut supposer qu’elle aura des effets néfastes, à court ou moyen terme, sur la santé des habitants. On peut le voir grâce aux nombreuses photos prises par des Cubains et diffusées sur les réseaux sociaux.
De toute évidence, les moyens nécessaires pour lutter contre ce type de catastrophe manquent cruellement à Cuba. Les fanatiques du régime castriste, aidés en cela par les imbéciles et autres naïfs, vous diront encore une fois que la faute en revient sans doute à l’embargo imposé par les Etats-Unis. C’est là la sempiternelle excuse pour expliquer tout ce qui va mal à Cuba, et le moins qu’on puisse dire c’est que tout va mal là-bas. Les thuriféraires du régime ne nous expliquent toutefois jamais pourquoi cet embargo n’empêche nullement que les hôtels de luxe 5-étoiles destinés au tourisme continuent de se multiplier sur l’île, alors que l’habitat et les conditions de vie de la population, entre autres, demeurent dans un état désastreux. Mais comme me le disait un ami de La Havane : « Tu n’entendras rien à l’économie cubaine jusqu’à ce que tu comprennes que la pauvreté n’est pas un échec mais un succès du gouvernement. »
Revenons à notre incendie. Impuissants dès les premiers instants, les dirigeants cubains ont fait appel aux « pays amis » pour leur venir en aide. Plusieurs ont répondu, même « l’ennemi », les Etats-Unis, sans toutefois que ce dernier soit jusque-là autorisé à se rendre sur place. Un épisode ubuesque, survenu le samedi 6 août, illustre on ne peut mieux le délire et l’incompétence dans lesquels se vautrent ces dirigeants cubains. Alors que l’urgence de faire intervenir des spécialistes se faisait particulièrement sentir, le régime organisait sur le tarmac de l’aéroport de La Havane une espèce de manifestation politico-militaire, pour accueillir une délégation de pompiers mexicains, avec hymnes, discours et parade militaire. Quelques heures plus tard, un deuxième réservoir explosait…
Cette catastrophe occupe bien sûr nombre de Cubains sur les réseaux sociaux, où les témoignages de solidarité avec les habitants de Matanzas et avec les victimes du désastre se multiplient. Si nombreux sont les messages dénonçant l’imprévoyance et l’incompétence des dirigeants cubains, tandis que d’autres y vont de leurs agaçantes et récurrentes bondieuseries, voyant là une sorte de châtiment divin (envers qui ?), certains versent dans un moralisme cucul, affirmant que l’heure n’est pas à la politisation de l’événement.
Outre que le gouvernement cubain ne s’est guère gêné pour organiser ce grotesque épisode patriotico-idéologique à l’aéroport de La Havane, il est permis de souligner qu’il est un domaine, un seul, où le régime mendiant castriste n’a nul besoin de faire appel à un quelconque pays ami : la répression.
Si, en effet, un soulèvement populaire se produisait à Matanzas, il ne manquerait ni un flic, ni un militaire, ni une matraque, ni une cellule où enfermer les émeutiers. Aucun embargo n’a jamais empêché, depuis soixante-trois ans, que les moyens matériels et humains au service de la répression soient, comme dans tous les pays dictatoriaux de ce type, considérables. Comme tous les gouvernements, celui de Cuba fait des choix. Entre la sécurité de ses citoyens et les moyens répressifs, on sait où vont ses priorités. Les lourdes condamnations ayant frappé les manifestants du 11 juillet 2021 (voir ici même les articles sur le sujet) sont là pour en montrer l’évidence.
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