Sur les réseaux sociaux, chacun y va de ses dadas, et c’est bien normal. Certains se sont spécialisés dans la dénonciation de tous les malheurs du monde. Chaque matin y va de sa disparition de telle espèce animale, de ses épouvantables conditions de vie imposées à telle catégorie d’humains, etc. Le monde étant ce qu’il est, il n’y a que l’embarras du choix dans le catalogue des horreurs pour qui s’est assigné comme mission de maintenir nos consciences en éveil. Cela ne me gêne pas outre mesure, même si je n’ai pas forcément envie, chaque matin, de me tirer une balle dans la tête. Mais là où ça devient franchement pesant, et même très pénible, c’est lorsque ces alertes incessantes sont ponctuées par l’insupportable « Mais évidemment tout le monde s’en fout ! » (sauf, bien sûr, la personne qui publie, c’est le plus souvent ce qu’il faut comprendre).
Non, bien sûr, tout le monde ne s’en fout pas. Mais tout le monde n’a pas forcément envie d’endosser chaque jour les habits de l’abbé Pierre, de sœur Emmanuelle, de Jean Moulin ou de Guevara. Tout le monde ne considère pas que les réseaux sociaux sont devenus le dernier rempart contre la barbarie, l’Omaha Beach des temps modernes. Tout le monde n’est pas convaincu que la publication d’un commentaire outragé ou de l’émoticône avec larme à l’œil va bouleverser le désordre insensé du monde. Il arrive même que des personnes inscrites sur ces réseaux pour y deviser simplement et gentiment avec quelques amis œuvrent concrètement et discrètement, dans la « vraie vie », comme on dit, dans nombre de domaines : humanitaire, éducatif, culturel, médical et autres. Eh oui, ça existe.
Si dans cette litanie quotidienne des saloperies dont l’humanité se rend coupable on pouvait en finir avec cette culpabilisation permanente de ceux qui n’en sont guère responsables et qui se sentent plutôt impuissants à résoudre les problèmes dans le quart d’heure, ce serait assez reposant.
Réseaux sociaux et malheurs du monde
18 mai 2022 par Floréal
J’en connais certains qui persévèrent dans le futile, en publiant des photos de chatons ou pire de chanteuses et chanteurs CFQ, des vrais inconscients …