De tout temps et en tout lieu, le mouvement libertaire a développé une intense activité éditoriale. Le nombre de publications qu’on lui doit est considérable. Ce que nous allons pouvoir démontrer, quasi quotidiennement, en fonction des dates anniversaires de leur première parution.
_______________
Le 1er mai 1891, à Bagnolet (puis Montreuil), en banlieue est de Paris, sortie du premier numéro du journal Le Pot à Colle, organe corporatif d’abord mensuel puis bimensuel. A partir du numéro 6, il est sous-titré « Organe corporatif publié par les soins de l’Union syndicale de l’ébénisterie et du meuble sculpté ».
Il est fondé par le compagnon Lucien Guerineau et une vingtaine de camarades ouvriers ébénistes et menuisiers travaillant dans l’ameublement, faubourg Saint-Antoine à Paris. La première série de ce journal s’arrête le 26 mars 1892, après 19 numéros parus.
Après une interruption de près de six ans, le titre reparaît à Paris pour une deuxième série qui commence le 20 juillet 1898 et s’arrête le 11 février 1899, après 10 numéros parus. Le gérant est alors Henri Cler (qui sera assassiné par la police lors d’une grève).
Une troisième série débutera le 1er mai 1901 et s’achèvera en décembre de la même année après 6 numéros parus. Le gérant est alors Louis Protat et le journal porte l’épigraphe « Ni Dieu, ni Maître / Education et Révolution ».
Le 1er mai 1896, à Bruxelles (Belgique), sortie du premier numéro du journal L’Insurgé, organe anarchiste bimensuel, dont le gérant est Emile Chapelier. Trois numéros sont connus pour ce journal qui, dans son deuxième numéro, s’insurge contre la clique socialiste qui attaque cette publication.
A noter qu’un journal portant ce titre était déjà paru en Belgique en 1885 et qu’un autre paraîtra encore en 1903.
Le 1er mai 1900, à Montevideo (Uruguay), sortie du premier numéro du journal El Libertario (« Le Libertaire »), périodique socialiste-anarchiste dirigé par David Acrata (sic).
Ce titre reparaîtra en 1905.
Le 1er mai 1907, à Pise (Italie), sortie de ce numéro unique 1° Maggio (« 1er Mai »), édité par des anarchistes. Supplément extraordinaire du journal Il Precursore édité par Virgilio Mazzoni entre le 15 novembre 1906 et le 15 mai 1907, puis sous forme de revue, Precursor, du 1er septembre 1907 au 18 mars 1908.
Le 1er mai 1907, à Berne (Suisse), sortie du premier numéro du journal L’Exploitée, organe des femmes travaillant dans les usines, les ateliers et les ménages. Publié par Margarethe Faas-Hardegger, ce journal aura une influence considérable sur la syndicalisation des ouvrières, en particulier sur les « faiseuses d’aiguilles », et deviendra leur organe de presse officiel dès octobre 1907. Dépassant le cadre de la lutte des classes, cette publication impulsera également les revendications féministes, néomalthusiennes ou encore antimilitaristes. Sa publication mensuelle cessera en septembre-octobre 1908.
Le 1er mai 1910, à Pise (Italie), sortie du numéro d’essai du journal L’Avvenire Anarchico (« L’Avenir anarchiste »). A partir du 22 octobre 1911, il sera sous-titré « Périodique hebdomadaire de propagande, de critique et de lutte », puis seulement « Périodique hebdomadaire » (à partir du 3 septembre 1914), puis « Périodique anarchiste » (18 novembre 1921), ou publié sans sous-titre.
A noter la grande créativité dans les graphismes du titre qui change régulièrement.
Il éditera divers suppléments, notamment « In memoria di Francisco Ferrer » (18 oct. 1914) ; « A cura del Comitato contro la guerra » (25 octobre 1914) ; « Bollettino dell’Unione Anarchica della Provincia di Pisa e di Grosseto » (24 jan. 1921) ; « Solidarieta » (25 juillet 1921) ; « I Martiri dell’ Ideale. La storia di Sacco e Vanzetti »( 26 oct. 1921), etc.
Divers gérants se succéderont à la tête du journal au fil des ans : Catullo Grassini (1910), Martino Martinelli (1911) , Sguardo Corucci (1911-12) , Amilcare Bertini (1912), Virgilio Mazzoni (1912), Giuseppe Guidi (1912-13), Ruffo Di Ciolo (1913), Gusmano Mariani (1913-14), Rizieri Del Seppia (1914), Virgilio Mazzoni (1918), Egidio Facciaddio (1918-19), Natale Grassotti (1919-21) et Primo Di Prete (1921-22).
Le 5 mai 1921, les fascistes incendient l’imprimerie du journal, mais celui-ci ne cessera de paraître définitivement qu’en décembre 1922.
Le 1er mai 1912, sortie à Bâle (Suisse), du premier numéro du journal anarchiste en langue italienne La Rivolta (« La Révolte »), périodique bimensuel de propagande, de critique et de lutte. Le journal interrompt sa parution à partir du 29 juin 1912 par manque d’argent, mais reprend le 10 août 1912, publié cette fois dans le Tessin, à Lugano.
Le gérant est Mario Aldenghi, et les rédacteurs Giulio Barni et Ettore Bartolazzi. Après être passée sous forme de revue à partir de janvier 1913, cette publication cessera définitivement d’exister après la parution d’un numéro triple en juin 1913 .
Le 1er mai 1912, à Elche (Espagne), sortie du premier numéro de Liberación, périodique anarchiste et de propagande syndicaliste. Ce journal est l’expression de trois groupes libertaires existant dans la ville d’Elche. D’abord mensuel, il devient bimensuel à partir du numéro 4 (21 juillet 1912). Les éditeurs se déclarent anarchistes en politique, socialistes en économie, et athées. Le dernier numéro (le 11) paraîtra le 30 novembre 1912.
A noter que d’autres journaux anarchistes ont porté ce titre.
Le 1er mai 1912, à Parme (Italie), sortie du premier numéro du journal La Barricata (« La Barricade »), organe du Cercle libertaire d’études sociales de Parme, puis organe de critique et de lutte de ce même Cercle. Bimensuel anarchiste dont le gérant est Everaldo Bonacini puis, à partir du n°4, Cleto Evaristo Marcacci.
A noter que le premier numéro devait être illustré par le peintre futuriste Carlo Carrà, mais le cliché n’étant pas arrivé à temps il ne sera finalement présent que sur le numéro deux. Après une interruption de publication entre le 15 juin et le 24 novembre 1912, la publication reprend jusqu’au numéro 7 début janvier 1913. A noter la collaboration de Leda Rafanelli, d’Ernesto Nobili, de Giuseppe Giglioli et de Renzo Provinciali à ce journal. Le titre est ensuite repris et sous-titré simplement « hebdomadaire anarchiste ». Il est alors dirigé par Domenico Zavattero avec Cleto Evaristo Marcacci comme gérant et est publié à Bologne jusqu’au n°6 du 21 juin 1913. A noter la sortie d’un supplément au numéro 4 titré « Le Canaglie Rosse » (« Les Canailles rouges »).
Le 1er mai 1914, à Paris, sortie du premier numéro du journal mensuel en langue polonaise Najmita (« Le Salarié »), sous-titré « Lettre sur la question du travail », publié par l’anarchiste Jósef Zielinski. Ce journal est essentiellement destiné à être diffusé clandestinement dans la Pologne occupée. Au moins deux numéros parus.
En épigraphes : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » et « Le premier mai, jour des protestations du prolétariat du monde entier, le 50e anniversaire de la fondation de la Première Internationale ouvrière, Najmita commence sa vie ».
Le 1er mai 1914, à Vouvry (Suisse), sortie du premier numéro du mensuel Le Falot, sous-titré « Critique populaire valaisan ». Créé par Clovis Pignat et réalisé par un groupe d’amis syndicalistes, anarchistes et libres-penseurs, ce journal de quatre pages, dont une en italien, « Il Fanale », bousculera durant sept ans le joug patronal, gouvernemental et clérical du Valais.
Le 1er mai 1920, sortie à Pierrefitte (près de Paris) du premier numéro du journal Le Réveil de l’Esclave, sous-titré « Organe mensuel d’éducation individualiste et libertaire ». Le premier responsable de la direction est André Lorulot, qui laissera sa place à partir du numéro 16 à Manuel Devaldés. Le journal, qui comptera de nombreux collaborateurs, paraîtra jusqu’en avril 1925 (42 numéros parus).
A noter que ce titre était déjà paru en 1902, 1903 et 1904.
Le 1er mai 1920, à Porto Alegre (Brésil), sortie du premier numéro du journal Der Freie Arbeiter (« Le Libre Travailleur »), publication révolutionnaire (anarchiste) brésilienne, « organe des travailleurs socialistes et des associations allemandes », dont le principal rédacteur sera Freidrich Kniestedt. Le journal paraissant initialement chaque quinzaine aura ensuite une parution irrégulière avant de devenir mensuel en 1927. Il aura à subir une interdiction de mars à juin 1925. Il sera publié jusqu’en 1930.
Le 1er mai 1920, à Porto (Portugal), sortie du premier numéro du journal A Comuna (« La Commune »), organe communiste libertaire, hebdomadaire propriété du Groupe de propagande libertaire. L’éditeur est António Teixeira, António Alves Pereira est l’administateur, Damião Castelo et Serafim Cardoso Lucena à la rédaction. Quarante et un numéros paraîtront jusqu’au 2 janvier 1927.
A ne pas confondre avec le même titre publié à Porto en 1915.
Le 1er mai 1922, à Johnston City (Etats-Unis), sortie du numéro 5 du journal Germinal, organe d’éducation ouvrière et d’émancipation pour les travailleurs français des Etats-Unis. Seul numéro connu de ce journal (mensuel ?) en langue française dont les responsables sont A. Champion et Félix Clément.
Epigraphe : » L’Emancipation des Travailleurs n’est possible que par l’Education. »
Le 1er mai 1926, à Lyon (Rhône), sortie du premier numéro du journal La Houle, organe mensuel d’avant-garde et d’entraide autodidactique, éclectique, indépendant. Bulletin officiel des Compagnons de la Pensée dont les présidents d’honneur et vice-présidents sont respectivement Han Ryner et J. H. Rosny. Paul Bergeron, directeur de l’Ordre naturel, est le trésorier, L. S. Judius le secrétaire général et J. Salacroup le secrétaire. A noter que les anarchistes Lucien Barbedette, Louis Rimbault et V. Spielmann figurent au conseil d’administration. Le dernier numéro connu (le 7e, troisième année) paraîtra en juillet 1928.
Le 1er mai 1927, à Coimbra (Portugal,) sortie de ce numéro unique de A Ideia (« L’Idée »), propriété des syndicats ouvriers (anarcho-syndicalistes) de Coimbra. L’éditeur est José António da Velha.
A noter que le peuple portugais est alors sous le joug d’une dictature militaire depuis le coup d’Etat du 28 mai 1926.
Un journal portant ce titre est paru à Funchal en 1902, un autre en 1916 à Faro et une revue trimestrielle à Lisbonne en mai 1975.
Le 1er mai 1928, à Paris, sortie du premier numéro du Journal La Voix libertaire, organe mensuel de l’Association des fédéralistes anarchistes. Quelques mois plus tard, l’administration et la rédaction du journal seront transférées à Limoges où le journal continuera à paraître jusqu’en juillet 1939. Il se veut une tribune ouverte à toutes les tendances de l’anarchisme et comptera de nombreux collaborateurs. Le titre sera repris à la Libération et publié à Toulon (Var) en 1947.
Le 1er mai 1931, à Madrid (Espagne), sortie du premier numéro du journal El Libertario, hebdomadaire anarchiste, organe de la Fédération anarchiste ibérique (FAI). Il est dirigé par Benigno Mancebo, avec José Fuentes et Serafín González comme administrateurs. Entre août et novembre 1931 et entre janvier et mai 1932, il dut cesser sa publication en raison de la répression déclenchée par le gouvernement de la deuxième République espagnole. En plus des suspensions gouvernementales, il a subi des plaintes et des confiscations de numéros. Soixante-huit numéros parviendront tout de même à paraître, le dernier daté du 10 mai 1933. Outre des articles sur le syndicalisme, l’actualité, le féminisme et la critique politique, il publiait une feuille des Jeunesses de la FAI. A noter les collaborations de Miguel Bayón, Floreal Campo, Francisco Crespo, José España, Santiago A. Fuentes, N. González, Guede, Luzón, A. Martínez, Antonio Morales, Lucia Sánchez Saornil, M. Sanz Jiménez, J. Rodríguez, Antonio Serrano, Vega Álvarez, etc.
A noter que le titre a été plusieurs fois employé dans le passé et dans des lieux divers, et qu’il verra à nouveau le jour à diverses reprises, jusqu’à aujourd’hui.
Le 1er mai 1935, à Sueca (Espagne), sortie du premier numéro de Tierra Libre, hebdomadaire anarchiste, organe de la Fédération des groupes anarchistes de la région de Sueca. Le responsable de publication est Lluis Sanz Alcañiz, mais par manque de moyen financier seuls quatre numéros verront le jour, le dernier en date du 25 mai 1935. A noter que le titre a été utilisé à de nombreuses reprises et dans des lieux différents en Espagne.
Le 1er mai 1936, en Espagne, sortie du premier numéro de la revue culturelle et de documentation sociale Mujeres Libres, organe et porte-parole des militantes anarchistes féminines espagnoles et de leur mouvement d’émancipation. La revue, née deux mois avant que n’éclate la révolution, s’imposera rapidement par la qualité de ses textes et l’esprit révolutionnaire qui l’animera jusqu’en octobre 1938, avant que la défaite ne contraigne les militantes à la mort ou à l’exil.
Le 1er mai 1937, à Glasgow (Ecosse), sortie du premier numéro du journal News from Spain (« Nouvelles d’Espagne »). Cette publication est éditée et publiée par le Mouvement socialiste uni, en soutien à la CNT-FAI et au Mouvement de la Jeunesse (anarchistes et POUM) par Guy A. Aldred, qui signale que « tout article non signé, qu’il soit écrit à la première personne du singulier ou par un collectif, est de la plume de l’éditeur ».
Publication de 8 pages illustrées qui donnent des informations et analyses sur la révolution espagnole et y dénonce le stalinisme.
Le 1er mai 1946, sortie à Trieste (Italie), du premier numéro du journal anarchiste Germinal. Il est édité par Umberto Tommasini et le groupe anarchiste Germinal de Trieste.
Le 1er mai 1947, à Syracuse (Sicile), sortie de ce numéro de Terra e Libertà, organe du Mouvement anarchiste de Sicile publié par Alfonso Failla. Bien qu’il soit annoncé comme un numéro unique, cinq autres numéros verront le jour, le 25 mai, le 6 juillet, le 26 octobre 1947, le 22 janvier 1948 et le 17 avril 1949.
Le 1er mai 1967, à Paris, sortie du premier numéro du journal La Feuille ANARchiste, organe des hommes libres publié par Finster (père). De nombreux articles sont signés de pseudonymes. Vingt numéros paraîtront jusqu’en 1974, ainsi que quelques suppléments en forme de tracts, notamment en mai 68 intitulé « Vive les étudiants en révolte ».
A noter qu’un autre journal portant ce titre paraîtra à Aix-en-Provence entre août 1978 et novembre 1979, publié par Marc Paya puis par le groupe Elisée-Reclus d’Aix-en-Provence.
Le 1er mai 1906, publication de ce numéro unique de Ribelliamoci! (« Rebellons-nous ! »), publié à Zurich par Fritz Brupbacher, qui lance un appel aux travailleurs (en allemand, français et italien) pour s’opposer à la répression des autorités suisses qui tentent d’expulser les camarades italiens réfugiés en Suisse.
____________
Source : « L’Ephéméride anarchiste ».
Votre commentaire