ÉCHANGE DE COURRIERS
Ceux qui ont vécu et raconté les premiers pas de Radio-Libertaire l’ont dit et répété : les premières années d’existence de la station furent mouvementées. L’Etat, à travers les commissions Holleaux puis Galabert nommées dans un premier temps par le ministre de la Communication, Georges Fillioud, puis avec la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) présidée par Michèle Cotta, ex-journaliste, ne cessera de nous mettre des bâtons dans les roues, de nous chercher querelle, de nous écarter des diverses listes de radios susceptibles d’obtenir une dérogation. Le point d’orgue de cette attitude hostile sera bien évidemment la saisie-saccage de notre matériel d’émission, le 28 août 1983.
Il convient d’ajouter à cela toutes les radios parasites qui vinrent, le plus souvent de nuit, s’installer avec des émetteurs puissants sur la fréquence que nous occupions depuis le 1er septembre 1981, rendant momentanément nos émissions inaudibles. Sans entrer ici dans les détails, disons simplement que certains responsables de ces stations ont amèrement regretté leur attitude. Ce n’est véritablement qu’à la fin de l’année 1984 que nous connaîtrons la paix, après que Radio-Libertaire, à force de lutte et de résistance aux coups incessants, eut obtenu une fréquence définitive.
Face à cela, la bataille que nous avons menée pour que Radio-Libertaire ne cesse jamais d’émettre fut permanente, épuisante souvent mais également exaltante tant la détermination des militants de la Fédération anarchiste et de nos auditeurs, dont le rôle fut toujours essentiel, était alors farouche.
Il faudrait pouvoir recenser le plus possible les innombrables actions qui furent alors menées durant ces presque quatre premières années d’existence de RL, en région parisienne comme en province et y compris à l’étranger (Espagne, Italie, Grèce…), pour empêcher tous ceux qui souhaitaient notre mort de mener à bien leur projet. Si certaines de ces actions furent un peu radicales ou musclées, nombre d’autres nous amenèrent à bien nous amuser, comme par exemple ce lâcher de souris dans un hôtel de Montmartre sur le toit duquel s’élevait l’antenne d’une station venue brouiller Radio-Libertaire. Les souris s’en tirèrent sans dommages – je rassure ici les amis des bêtes – mais l’antenne, elle, beaucoup moins bien quelque temps plus tard.
Une autre réaction plaisante à l’un des coups bas assénés par la Haute Autorité consista à répondre par l’humour à un courrier agressif et comminatoire émanant de cette instance. Le 10 mai 1983, une lettre à en-tête de la HACA, signée de sa présidente, Michèle Cotta, arrivait à la librairie Publico, siège de Radio-Libertaire. Le message était on ne peut plus clair : « Comme vous n’avez pu vous entendre avec les partenaires proposés, nous vous demandons d’interrompre vos émissions sous vingt-quatre heures. Vous ne figurerez pas sur le plan de fréquences qui sera prochainement diffusé. »
C’était l’époque, en effet, où le chargé des radios libres au sein de la Haute Autorité, un Machiavel au petit pied, Stéphane Hessel, personnage particulièrement retors, tentait de « marier » des radios pour qu’elles partagent une même fréquence, et n’hésitait pas pour cela à employer les moyens les plus méprisables, dressant les responsables de stations les uns contre les autres à coups de mensonges permanents et de combines minables. Ayant refusé les marchandages sordides proposés, cela nous valut donc de recevoir cette lettre.
Evidemment, nous n’avons pas cessé d’émettre. Deux jours plus tard, nous lisions à l’antenne la réponse envoyée par courrier à Mme Cotta : « Madame la présidente, chère consœur. Nous soussignés, journalistes bénévoles de Radio-Libertaire, nous adressons à vous parce que nous n’avons pas oublié que vous avez exercé le même métier que nous. Nous vous envoyons ci-joint un document dont la simple lecture nous a prouvé qu’il s’agit manifestement d’un faux grossier. Ce canular nous a bien amusés et nous espérons qu’il vous fera sourire. Convaincus de l’attachement que vous portez à la notion de pluralisme et de l’intérêt suscité par notre station, nous vous prions d’accepter, Madame la Présidente, l’expression de nos sentiments confraternels et libertaires. »
Il se disait, les jours suivants, que cela ne l’avait pas fait rire…
Le même S. Hessel d’Indignez-vous. https://www.lalettre.pro/CSA-Hommage-a-Stephane-Hessel_a1784.html
T’en souvient-il, Floréal, du mini-chien de Michèle Cotta
(du style « On fait les mêmes pour adulte ? ») ? Un chien qui avait tendance à s’éclipser…
Oui, bien sûr. Il y aurait tant et tant à raconter…
Et quand même dire merci à NRJ pour le prêt de l’émetteur à une époque où il y avait des problèmes…
On les impressionnait beaucoup, pourtant on n’avait rien demandé 😑
Nombreux soutiens entre autres à Toulon où les compagnons(es) firent des coups d’éclat, interpellation de Michèle Cotta en plein dîner à la Tour Blanche à Toulon, intervention en direct sur le car podium de France Inter sur la plage du Mourillon, intervention sur un terrain de tennis privé où jouait Fillioud. Lors de concerts de Léo Ferré, etc. Souvenirs… Souvenirs…