Ça a commencé avec Act Up, quand d’ardents militants de cette organisation menacèrent de livrer publiquement les noms de ministres chiraquiens qui cachaient leur homosexualité. Homosexuels, mais non décidés à être assignés à résidence dans la communauté homosexuelle contre leur volonté, ils furent prévenus que, ministres homosexuels, ils se devaient avant tout d’être ministres des homosexuels, et agir qui plus est comme des militants soutiennent que des homosexuels doivent agir. Depuis, ces plongées dans la politique de caniveau sont devenues régulières, qui enferment les individus dans la prison communautaire et se livrent à la dénonciation publique de qui ne se conforme pas au comportement que la tribu leur dicte.
Désormais, ce qui est écrit ci-dessus vaut pour les femmes, les Noirs, les trans, les musulmans, les handicapés, les gros, les végans, les catholiques, les collectionneurs de timbres… autant de clans qui voient naître des groupuscules actifs et particulièrement sectaires dont les membres, dégoulinant de morale, prétendent représenter toutes les femmes, tous les Noirs, tous les trans, tous les musulmans, tous les handicapés, tous les gros, tous les végétariens, tous les cathos et tous les philatélistes. La censure et l’interdit font leur délice. Il ne se passe plus une semaine sans que quelqu’un n’en fasse les frais.
Quand l’appartenance à un groupe et ses diktats devient obligatoire, quand la délation et le lynchage public se veulent vertueux, il faut se méfier des assoiffés de justice. Et si le libre arbitre de l’individu, quels que soient son sexe, sa sexualité, sa couleur de peau, son physique, sa religion, son absence de religion, ses goûts, vous paraît plus essentiel que les règles collectives imposées en fonction de ces critères, il convient de se dresser contre ces nouveaux fossoyeurs des libertés. Sinon, tôt ou tard, votre tour viendra.
Le règne des tribus
23 janvier 2021 par Floréal
Je me souviens avoir lu, dans les annonces militantes d’une défunte revue alternative, un appel à adhésion d’un groupe de culturistes végans homosexuels. J’imagine que, depuis, il a dû voir le départ scissionniste des naturopathes, des crudivores, des naturistes…
Merci de remettre les pendules à l’heure avec talent. Ne pas oublier, dans ce règne des tribus, sur la terre universelle de Bretagne où je vis, les ethnico-crypto-nationalistes qui au nom d’un soi-disant peuple breton qui n’a d’existence que le nom veulent soumettre le peuple de Bretagne, et ce pour les profits du patronat local.
L’outing, mérité ou non, c’est de la délation et la délation n’est pas éthiquement acceptable.
Cela étant posé, quelques précisions : concernant l’affaire Act Up, il n’était pas seulement reproché au ministre en question d’être à la fois ministre et homosexuel (quant à moi je considère que « ministre » est infamant contrairement à « homosexuel » – on peut aussi se demander pourquoi personne ne songe à cacher son hétérosexualité ?) mais d’avoir participé à une manif anti-PACS (avec des slogans tels que « les pédés au bûcher ! »). Notons que les nombreux journalistes et politiques qui se sont indignés de cet outing n’avaient pas réagi à la manif homophobe. Mais là aussi on peut s’interroger ; est-ce plus scandaleux de participer à une telle manif quand on est hétéro ?
Est-ce plus immoral de défendre les agresseurs sexuels quand on est une femme ? D’adhérer au RN quand on est considéré par ce parti comme « étranger » ? A mon avis, c’est plus incohérent, mais ni plus ni moins dégueulasse.
Concernant l’appartenance à une supposée « communauté » : quand comme moi on ne reconnaît ni patrie ni nation ni état ni frontières, on n’a sûrement pas à répondre des crimes de la « France ». Mais quand on participe à un concours « Miss France », peut-on nier qu’on cherche à représenter la France ? Et quand on participe aux élections de cette « nation » ?