Imaginons, ayant été militant libertaire durant de nombreuses années, et lassé de lire et d’entendre des âneries sur l’anarchisme qui heurtent ma conscience, que je décide, en le faisant savoir, de m’en prendre désormais physiquement, jusqu’à les tuer, aux personnes – et elles sont légion – qui utiliseront le terme « anarchie » dans un sens négatif ou stupide. Se trouverait-il dès lors de belles âmes – journalistes, écrivains, politologues et autres « grands témoins de notre temps » – pour dire de mes éventuelles victimes qu’elles l’ont bien cherché en continuant à dénigrer mes orientations politiques malgré mes avertissements ? Le mouvement libertaire étant moins en vogue que la prétendue « religion des pauvres », on peut supposer que non, même s’il se trouve parmi cet aréopage aux avis autorisés de parfaits crétins capables de tout justifier.
Eh bien, c’est pourtant ce qui s’est passé avec les morts de Charlie Hebdo. « Ils l’ont bien cherché », ont clamé en chœur une bande de salopards en vue, allant de la pure racaille fascisante et antisémite à la Dieudonné jusqu’à l’extrême gauche recyclée à la Plenel, sous les applaudissements nourris adressés aux tueurs par de petites ordures de type Virginie Despentes, à l’abri de leur statut de gens de plume.
Je ne sais si ces gens-là seront amenés à s’exprimer au cours du procès qui vient de s’ouvrir. S’ils devaient l’être, ce ne serait de toute façon qu’en tant que témoins de la défense. Car ces gens-là écrivent et parlent. Ces messieurs-dames jamais ne s’abaisseront à jouer les porte-flingues. Le crime dégueulasse n’est pas de leur ressort. Ils n’en sont après coup que l’abjecte caution « morale », la justification intellectuelle qui jamais n’entraîne ses auteurs dans un box d’accusés.
Aux minables fanatiques les années de prison. Aux autres les plateaux télé et les prix littéraires. Salauds !
Imaginons…
3 septembre 2020 par Floréal
Je partage ton indignation, Floréal!
Claire
Entièrement d’accord avec toi et avec la clarté et la qualité de ton intervention.
Philippe Val avait développé le sujet dans le même sens avec son livre « Malaise dans l’inculture ».
Pas une virgule à changer à ce texte…
Norbert Gabriel