Il y a un peu plus de trois ans maintenant, j’avais écrit ici même ce que je pensais du documentaire de Tancrède Ramonet « Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme ». Or, je viens de constater que ce documentaire circule sur le Net dans sa « version longue complète », est-il précisé sous la vidéo, qui n’est donc pas tout à fait celle que nous avons pu voir diffusée sur les chaînes Arte ou LCP à l’époque.
J’avoue ne pas avoir regardé cette nouvelle version. Je m’en suis tenu à la première minute et demie, jusque-là inconnue de moi, qui a suffi à me faire passer de la franche rigolade à l’indignation.
L’image est sombre, il fait nuit. C’est l’heure crépusculaire où sortent les anarchistes, c’est bien connu. Et en bande ! L’obscurité ne suffisant pas à assurer leur anonymat, les manifestants, filmés de dos ou de côté, sont vêtus de noir et masqués (le Covid n’y étant pour rien). C’est aussi à cela qu’on reconnaît les anarchistes, qui détestent la couleur. Un accompagnement musical de circonstance et une voix off, lugubres, aident également à transformer ces images en mauvaise bande-annonce de film sur les zombies. « Un spectre hante le monde… [ici, un petit temps d’arrêt pour que s’installe le frisson]… le spectre de l’anarchie ! », dit la voix. On se croirait dans Le retour des morts-vivants, version libertaire. Je n’ai pu m’empêcher de rire.
La manif de nuit se poursuit. « Soudain !… les barres de fer jaillissent ! », reprend la voix. S’ensuivent des images de vitrines qu’on brise et un commentaire crétin qui appelle cela de l’action directe.
Entendons-nous bien. Qu’un documentaire sur l’histoire de l’anarchisme s’intéresse à certains de ses aspects d’aujourd’hui à travers des mouvements comme celui des « black blocs », auquel font penser ces images, et quoi qu’on en pense, cela peut évidemment se concevoir. Mais cette minute et demie à la fois sinistre et grotesque est placée là comme une introduction générale à cette histoire mondiale de l’anarchisme qui va suivre. C’est racoleur, putassier, digne d’un journal télévisé et des chaînes d’info. C’est lamentable !
La société du spectacle, comme disait l’autre.
Je ne sais pas si c’est la même version que nous avons vue à la télé, mais, en effet, cette minute et demie d’introduction est lamentable, et je ne crois pas qu’elle le soit uniquement pour racoler… Sachant de qui est le fils Tancrède, je doute de sa bonne foi… Salut. Octavio.
Il serait évidemment primordial de savoir où, quand et en quelles circonstances ces quelques images ont été tournées !… et qui sont ces mecs !!
Péter des vitrines et taguer des A cerclés n’est pas un privilège ni une marque déposée, ni en aucune façon une signature !
« … quelque nuit, en quelque rue de quelque ville … », ça c’est de la précision journalistique !!
Pour un document qui se prétend HISTORIQUE, c’est vraiment très fort.
Tu fais ça en première année de fac, t’as zéro.
En tout cas, ça ne semble pas très vieux, et ça ne semble pas se passer en France : architecture des maisons, panneau « AIDS WALK »…
On aimerait pour le moins que le rapport de ces scènes à l’anarchie soit un peu mieux documenté !
Comme hélas trop souvent ceux qui prétendent présenter l’Anarchie, en parler, ne parlent que de violence, d’extrémisme et jamais de la Philosophie. Et merde.
Cela dit, le documentaire lui-même est quand même d’un autre niveau. C’est cette introduction qui est vraiment navrante.
Oui ! bon, je vois pas trop ce que fout Renaud sur l’image ?
Mais c’est un très bon documentaire, je trouve.
Mon texte ne porte pas sur le documentaire lui-même ni sur Renaud, mais sur la consternante minute et demie d’introduction.
On peut penser que si ce documentaire s’adresse à tous, cette minute de « racolage » est peut-être nécessaire justement pour accrocher le spectateur ?
C’est, à mon humble avis, juste un truc de scénario. Après on passe au sujet et c’est le cas. C’est quand même un bon docu dans l’ensemble.
Oui, c’est dans l’ensemble un bon docu, je l’ai d’ailleurs écrit dans un autre article. Raison de plus pour souligner la médiocrité de cette introduction. Pour accrocher le spectateur, je préfère qu’on fasse appel à son intelligence plutôt que d’avoir recours à des trucs de scénario racoleurs.