Aujourd’hui : Osmel Ramírez Álvarez.
A travers le cas de cet ami cubain résidant à l’est de l’île, nous abordons ici un autre moyen de répression utilisé par le gouvernement cubain contre les « gêneurs » : l’interdiction de circulation. Si, dans le cas d’Osmel Ramírez Álvarez, cette interdiction ne concerne que les éventuels voyages à l’étranger qu’il souhaiterait effectuer, il faut savoir que dans d’autres cas elle peut également s’appliquer aux déplacements à l’intérieur de l’île, équivalant alors à une quasi-assignation à résidence, en toute illégalité socialiste.
Osmel Ramírez Álvarez, journaliste du site « Diario de Cuba », est parvenu le 10 octobre au 700e jour de son statut non officiel de regulado*, qui consiste pour lui en une interdiction de voyager à l’étranger. Cette mesure est un pouvoir que s’est attribué la Sécurité d’État (la police politique), restreignant la capacité de mouvement des Cubains qui posent problème par leur lien avec la presse indépendante, à l’opposition pacifique ou à la société civile.
« Cette interdiction en est arrivée au 700e jour aujourd’hui, et cela parce que je suis journaliste indépendant. Pour ce délit incroyable à Cuba qui consiste à raconter la réalité qui m’entoure et exposer mes opinions en usant d’un droit humain élémentaire qu’est la liberté d’expression », a commenté Ramírez Alvarez dans un message à notre rédaction. « Un seul jour d’interdiction frappant un Cubain est une ignominie, un crime, parce qu’on viole un droit humain qui nous appartient à tous, qui naît avec nous : la liberté de circulation. Mais ce système régresse tellement qu’il nous ramène au féodalisme et que les seigneurs communistes féodaux nous considèrent comme leurs cerfs et, à leur convenance, nous refusent la liberté de mouvement », ajoute Ramírez Álvarez.
« Récemment, le ministre Bruno Rodriguez a assuré dans une interview, d’une manière vile et honteuse, que les personnes interdites de sortie du territoire pourraient être en possession d’informations classifiées, et c’est pourquoi on nous refuse hypothétiquement la sortie du pays. Je vous dis aujourd’hui, alors que dans un mois cela fera deux ans que je suis frappé par cette interdiction, qu’il est un menteur et que c’est là la tactique du gouvernement cubain pour mieux cacher ses méthodes de violation des droits de l’homme auxquelles il a systématiquement recours pour maintenir son système antidémocratique. Je ne fais moi-même l’objet d’aucune procédure judiciaire et je n’ai pas travaillé avec l’État depuis neuf ans. En d’autres termes, je n’ai aucune information d’intérêt gouvernemental et encore moins classifiée. Ses arguments sont faux. »
Selon des données approximatives provenant de diverses sources de la société civile, on dénombre actuellement environ 160 cas de Cubains regulados. Il s’agit toutefois d’un nombre qui change en permanence, car il existe différents types d’interdiction sur la liberté de voyager : parfois pour quelques jours seulement, d’autres fois pour plusieurs semaines, et il y a des fois où elle dure des mois et des années, comme c’est le cas du journaliste Osmel Ramírez Álvarez.
L’interdiction de voyager est également conçue comme une mesure punitive que la police politique essaie souvent d’échanger contre des engagements signés de ne plus mener d’activités d’opposition. Il est même fréquent qu’ils l’utilisent comme un mécanisme de pression pour recruter des agents et les infiltrer dans la société civile. La liberté de circulation, en revanche, est un droit de l’homme garanti par l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont Cuba est signataire.
Le journaliste Osmel Ramírez Álvarez, qui collabore également au journal numérique « Havana Times », a été victime d’autres actes de répression de la part de la Sécurité d’État : détenu par deux fois durant trois jours, sans contact extérieur, dans des cellules insalubres en compagnie de prisonniers dangereux ; perquisition de son domicile et saisie de ses outils de travail ; menaces sournoises ou directes sur lui, sa famille et ses amis.
Source : « Diario de Cuba »
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