Le parti d’extrême droite espagnol Vox présidera désormais la commission Culture et Patrimoine historique du Parlement andalou. Or, on sait déjà que cette formation dirigée par Santiago Abascal, qui a obtenu 12 sièges au sein du nouveau Parlement d’Andalousie (avec 11% des voix), a signé un accord avec le Parti populaire (PP, droite) pour abroger la loi sur la mémoire historique et lui substituer une loi de concorde, qui dans les faits signifierait, dans le domaine de la recherche des disparus de la guerre civile jetés dans des fosses communes, de les enterrer plus profondément encore et mieux les oublier.

Fosse commune découverte à Teba (province de Malaga), contenant les restes de 125 personnes fusillées.
Le fait que la commission où seront désormais débattues les affaires concernant les victimes de la dictature franquiste soit tombée aux mains de Vox – par désintérêt, semble-t-il, des autres groupes politiques – a fait naître une profonde indignation parmi la population. Quelle carambouille politicienne a donc pu entraîner cette situation dont aucune formation, quarante-huit heures plus tard, ne s’estime responsable ?
Lundi et mardi derniers, Marta Bosquet, la présidente du Parlement andalou, convoquait les porte-parole des cinq formations qui y sont représentées pour des réunions « extra-officielles » destinées à répartir les présidences des dix-huit commissions parlementaires existantes. Selon plusieurs personnes présentes lors de ces réunions, un accord « unanime » a été trouvé entre ces formations, la commission Culture et Patrimoine historique revenant alors étonnamment à une élue d’extrême droite. Ces mêmes sources précisent que ni le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) ni Adelante Andalucia* n’ont réclamé la présidence de ladite commission. Avant que la polémique naisse sur les réseaux sociaux, des sources du PSOE et d’Adelante Andalucia avaient d’ailleurs confirmé qu’un « accord global » avait été conclu entre les divers groupes. Mais la polémique ayant pris de l’ampleur, ces deux groupes parlementaires ont alors présenté une autre version. Selon eux, la désignation d’une élue de Vox à la présidence de la commission Culture et Patrimoine historique leur a été imposée par la coalition entre les trois groupes de droite (PP, Vox et Ciudadanos). « Ils sont arrivés avec les propositions de répartition ficelées et ont laissé les postes vacants au PSOE et Adelante. »
« Au cours de la négociation, personne ne s’est querellé pour présider la Culture. Le PSOE et Adelante ont réclamé des présidences qu’ils n’ont pas obtenues, mais celle de la Culture et Patrimoine n’en faisait pas partie », assurent, de leur côté, des sources de Ciudadanos. Le PSOE présidera finalement quatre commissions et Adelante, deux. L’extrême droite n’en présidera qu’une seule, précisément Culture et Patrimoine. Il est en effet très curieux qu’aucune des formations de gauche n’ait préféré abandonner certaines présidences pour prendre celle qui concerne la mémoire historique.
Tout cela est à vomir.
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* Adelante Andalucia est une coalition entre le parti Podemos et Izquierda Unida, elle-même formée par plusieurs groupes de gauche et d’extrême-gauche autour du Parti communiste espagnol.
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