S’il est impossible à certains membres du nouveau gouvernement de cacher qu’ils sont des femmes, ou, pour l’une d’elles, de taire son origine maghrébine en portant le nom de Tokia Saïfi, il est en revanche plus facile, pour d’autres, de dissimuler une homosexualité qui ne se voit pas comme le nez au milieu du visage. Alors, soucieuse de ne pas nous laisser dans l’ignorance, vigilante comme un maître chanteur qui attend le moment propice pour agir, l’association Act Up nous a informés que deux ministres « en sont ».
Moins intéressée dans un premier temps par ce que ces ministres s’apprêtent à commettre que par une adhésion réaffirmée au phénomène lamentable des quotas, cette association a d’abord tenu à faire part, sur ce point, de sa satisfaction. Car il va de soi que les problèmes sociaux sont a priori mieux à même d’être réglés suivant l’« identité» sexuelle de qui cherche à les résoudre. C’est ainsi qu’il faudrait regretter, à ce titre, que l’assassinat récent d’un leader populiste néerlandais, homosexuel déclaré, ne lui ait pas laissé le temps de rendre enfin la xénophobie sympathique.
Mais attention, non décidés à être assignés à résidence, contre leur volonté, dans une communauté dont ils ne se revendiquent nullement, voilà ces deux chiraquiens prévenus que, ministres homosexuels, ils se doivent avant tout d’être ministres des homosexuels, et agir qui plus est comme des militants soutiennent que des homosexuels doivent agir. Avec Act Up, ces plongées dans la politique de caniveau sont devenues régulières, qui enferment les individus dans le goulag communautaire et laissent à demi-mot planer la menace de dénonciation publique sur qui ne se conforme pas au comportement qu’elle leur impose.
Quand l’appartenance à un groupe devient obligatoire et que la délation se veut vertueuse, il faut se méfier des assoiffés de justice.
16 mai 2002
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