Depuis la nuit des temps la caserne demeure, pour de jeunes appelés tortionnaires qui s’ignorent ou des brutes analphabètes bonnes à rien, c’est-à-dire capables d’être soldats de métier, le cadre idéal – parfois concurrencé par tel commissariat ou camp de rétention – où s’épanouissent pleinement les tendances sadiques de ces bourreaux en herbe.
L’environnement – tout de bêtise abjecte, d’obéissance aveugle à des ordres imbéciles, de mépris des « gonzesses », de culte de la force et d’admiration pour la violence bestiale – s’y prête. Au point que le port de l’uniforme semble parfois vécu par eux comme une sorte d’autorisation à se livrer à ces petits jeux barbares et exécrables qui font le délice des quartiers militaires.
En tentant d’étouffer à tout prix chacun des scandales qui, régulièrement, nourrissent la rubrique « faits divers » des gazettes, il paraît que l’armée, c’est ce que prétendent ses avocats, souhaite préserver son honneur. Rappelons que celui-ci consiste pour elle à commettre à grande échelle les mêmes saloperies, à cette différence près qu’elle en a reçu l’aval de sa hiérarchie.
21 septembre 1995
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